Les centristes peuvent-ils
continuer à être les alliés de Laurent Wauquiez au Conseil régional
d’Auvergne-Rhône-Alpes?
Ces centristes, venus du MoDem et
de l’UDI sont regroupés dans un groupe «Les démocrates» qui compte 31 membres
et qui est indispensable au président de LR pour demeurer majoritaire face au
Front national.
Pour l’instant et malgré les
débordements verbaux, les propos populistes, les attaques contre le Centre et
les centristes, ni les élus MoDem, ni ceux de l’UDI n’ont quitté la majorité
régionale.
Cela ne veut pas dire qu’il n’y a
pas de débats à l’intérieur du groupe et dans chacune des formations.
Rappelons que le MoDem fait
partie de la majorité présidentielle d’Emmanuel Macron, ce qui semble pour le
moins antinomique dans son soutien à celui qui se proclame constamment comme le
chef de file national de l’opposition au chef de l’Etat, l’insultant sans cesse,
et que l’UDI, elle, ne veut plus entendre d’une alliance avec Laurent Wauquiez,
Jean-Christophe Lagarde, son président, n’ayant pas de mots assez durs à son
encontre, il vient d’ailleurs de l’accuser de «trahir la droite» dans un
déplacement, justement, dans la région Auvergne-Rhône-Alpes...
Si le paradoxe n’a pas encore
entraîné le retrait des élus MoDem, le débat à l’intérieur du l’UDI a déjà
causé le départ du parti d’élus qui préfèrent Wauquiez à leurs engagement
centristes comme le maire du deuxième arrondissement de Lyon.
Au MoDem, les consciences sont
là, pas les actes.
Ainsi, le député et président de
la fédération MoDem du Puy-de-Dôme, Michel Fanget, estime que:
«C'est affligeant, l'attitude de
Laurent Wauquiez est devenue un problème politique. On subit énormément de
pressions, écartelés entre le contrat de mandature passé avec la droite et la
volonté de Laurent Wauquiez d'être le premier opposant à Macron qui justifie
toujours plus d'agressivité.»
Et d’ajouter, «Le président de
parti est clairement en train de prendre le pas sur le président de région».
Avec ce constat, comment demeurer
dans la majorité au Conseil régional?
Avec un brin de mauvaise foi, le
porte-parole du moDem, Yann Wehrling, répond que les alliances avec LR dans les
collectivités locales, «sont basées sur un programme et des engagements validés
par les électeurs et qui n'ont pas été modifiés».
Et,
Patrick Migonla, le leader des élus MoDem au conseil régional, de surenchérir
dans le double-jeu:
«Lorsque
nous avons décidé de faire alliance avec Laurent Wauquiez, ce qui a été une
décision difficile à prendre, nous connaissions déjà la personnalité et les
ambitions du personnage. Nous avons posé deux règles: ne pas importer la
politique nationale dans les affaires de la région et travailler dans un
contrat de mandature pour relancer le fonctionnement de la région, qui était
dans une situation de blocage avec la majorité précédente.»
Un
comportement bien hypocrite et peu reluisant alors que les déclarations inacceptables
de Wauquiez pour les centristes se multiplient.
D’autant que certains membres du
parti de François Bayrou, comme Laurence Vichnievsky, n'exclut pas à terme «une
prise d’autonomie» vis-à-vis de la majorité de Laurent Wauquiez mais sans le
mettre en minorité…
Sans doute que l’UDI et le
Mouvement démocrate ne veulent pas créer une crise dans leurs rangs dans cette
région mais aussi au Conseil régional puisque l’alternative à la majorité de
Wauquiez serait celle du Front national (mais qui ne disposerait pas de la
majorité en voix).
Reste que de laisser Wauquiez
sans majorité absolue ne concerne pas les centristes qui doivent, eux, se
déterminer par rapport à leur engagement politique et aux valeurs qu’ils
défendent.
Et là, l’alliance avec Wauquiez n’est
pas tenable et il faudra bien que l’UDI et le MoDem prennent une décision, si
ce n’est courageuse, en tout cas en accord avec ce qu’ils prétendent
représenter.