Les sondages valent ce qu’ils valent et certains sont si mal
réalisés qu’ils ne valent pas grand-chose.
Ayant dit cela, il semble que, globalement, au bout d’un an
de pouvoir, Emmanuel Macron possède cote de popularité tout à fait acceptable
mais que son action et que nombre de ses réformes, en particulier en matière
économique et sociale, soient majoritairement critiquées.
Voilà qui est plus que normal!
D’abord, parce que tout action réformatrice est toujours mal
vue et décriée par les citoyens et ce, même
s’ils ont voté pour qu’elle soit mise en place.
Car elle bouleverse souvent réellement ou
fantasmagoriquement le quotidien et les habitudes de tout un chacun, cette
perturbation, quelle que soit les résultats concrets de la réforme, étant toujours
vue négativement.
Ensuite, parce qu’une action réformatrice prend du temps et
que celle entreprise par Emmanuel Macron est de longue haleine.
Comme il l’avait très justement précisé, elle ne donnera ses
pleins résultats que dans le moyen-long terme, un délai qu’un corps social n’a
jamais accepté et accepte encore moins à notre époque où tout s’est accéléré et
où il faut un résultat tangible et positif immédiat.
Prenons ainsi la critique la plus récurrente de l’action du
Président de la république, celle qui affirme qu’il ne fait qu’une politique
pour les riches et les mieux lotis face à la mondialisation et que ses réformes
profitent à ceux-ci avant tout, voire exclusivement.
Et il est vrai que certaines d’entre elles ont cette
vocation et que le candidat Macron ne s’en est jamais caché et nous avait
prévenus lors de la campagne électorale de 2017, avant que nous le portions à l’Elysée.
Selon lui, pour que la France retrouve sa compétitivité, son
attraction, son dynamisme et un avenir, il fallait la libérer de nombreux
carcans économiques, sociaux et sociétaux.
Toujours selon lui, il fallait s’attaquer au plus vite aux
blocages économiques et sociaux, ce qui, expliquait-t-il, donnerait à ceux qui
entreprennent et ceux qui possèdent le capital, une envie de créer et
d’investir dans notre pays.
Dès lors, nombre de réformes vont en ce sens actuellement.
Mais il ajoutait que, sur le moyen et long terme, tout cela
se rééquilibrerait avec une croissance retrouvée, un chômage en baisse et des
capacités de redistribution plus grande qu’aujourd’hui.
Comme tout centriste, il connait l’adage, «on ne peut
redistribuer que les richesses que l’on a créées».
Donc, nous sommes dans la phase où il faut sortir le pays de
l’ornière où tous les présidents et les gouvernement depuis quarante ans l’ont
mis en refusant de prendre en compte le réel et de faire, dans le même temps,
les réformes indispensables qui se sont, non seulement, accumulées mais qui
sont devenues encore plus indigestes pour la population au fil du temps.
De ce point de vue, Emmanuel Macron n’avait pas fait des
promesses d’un lendemain matin qui chante mais d’une révolution réformiste qui
ne se ferait pas sans moments difficiles.
Dès lors, avant de juger son projet politique et les
promesses de son programme présidentiel, il convient d’attendre et de se
montrer un peu plus patient ce que ni les Français, ni le monde
médiatico-politique ne veulent admettre.
Reste que ce n’est que dans trois à cinq ans que nous
pourrons vraiment dresser un bilan d’étape du réformisme macronien.
Tous ceux qui disent le contraire mentent aux Français qui,
eux, sont prompts à se plaindre de toute mesure sur leur vie quotidienne au
jour de jour.
Espérons simplement que le Président de la république et son
gouvernement continueront à aller de l’avant pour deux raisons.
La première serait que s’arrêter en chemin serait encore
plus destructeur que de n’avoir rien fait, tant la plupart des réformes sont
liées et doivent donner, in fine, un résultat global.
La deuxième est que, ne l’oublions jamais, Emmanuel Macron a
été élu face à une montée puissante des populismes démagogiques et
autoritaires.
Sa victoire a redonné un espoir à tous les démocrates mais
aussi une obligation de réussir pour empêcher les oiseaux de malheur et de
destruction de s’emparer du pouvoir avec tous les dangers que cela
provoquerait.
De ce point de vue, les centristes, défenseurs de la
démocratie républicaine ainsi que du progrès réformiste et humaniste doivent
être solidaire de l’action du chef de l’Etat et de sa majorité.
Et quand il sera temps, l’évaluation se fera mais ce n’est
pas maintenant.