Le
discours d’Emmanuel Macron au Parlement européen réuni à Strasbourg a suscité
des réactions positives de la part des centristes français:
- UDI
A Strasbourg, le Président de la République a résumé la conception
de l’Europe que porte notre parti, l’UDI, depuis déjà plusieurs années: une
Europe qui libère, une Europe qui protège et une Europe qui unit.
Il a retracé une vision de la souveraineté européenne
plurielle à laquelle nous nous attachons, complémentaire et non substitutive de
la souveraineté nationale.
Son ambition donner à l’Europe les moyens de son action
notamment au travers de propositions concrètes comme le programme pour financer
les collectivités qui accueillent des réfugiés ou l’idée d’une taxe sur le
numérique pour financer des projets européens qui serait à terme une ressource
propre de l’Union, de véritables pistes sérieuses d’autonomie des institutions
européennes trop dépendantes des États membres.
Nos conceptions sont donc proches mais parce que nous sommes
profondément européens, nos ambitions pour notre continent sont grandes. C’est
pourquoi nous resterons force de proposition pour une Europe plus intégrée,
plus forte, capable d’affronter les grands défis
À l’occasion de notre Conseil national du 23 juin prochain
nous ouvrirons le débat avec tous ceux qui ont la France pour patrie, l’Europe
pour frontière et le monde pour horizon.
- Alliance centriste
Tweet de Jean Arthuis:
La France est de retour en Europe. @EmmanuelMacron
vient de tracer une feuille de route pour une Europe souveraine qui protège les
Européens et fasse vivre une démocratie vivante au service de la Paix et des
libertés. Une Europe conciliant l'économie et les attentes sociales.
— Jean Arthuis (@JeanArthuis) 17
avril 2018
- Mouvement démocrate
Tweet de Yann Wehrling
un soutien aux communes qui accueillent des réfugiés, une
taxe CO2 aux frontières, une souveraineté alimentaire basée sur la qualité... @EmmanuelMacron propose du
concret pour un renouveau européen.
- Mouvement radical social-libéral
Sur le compte Facebook du Mouvement radical:
Le Mouvement
Radical / Social-Libéral salue l'ambition européenne du Président de la
République. L’UE doit avoir les moyens juridiques et budgétaires pour renforcer
son action, notamment en matière de défense. Voir la France prête à augmenter
sa participation au budget de l’UE est un signal positif. Nous insistons sur la
convergence fiscale et sociale des états membres, condition nécessaire à
l’attribution des aides européennes.
Quant au député LR pro-européen et ancien membre de l’UDF,
Alain Lamassoure, il a tweeté:
Du grand #Macron
à Strasbourg : défense de la démocratie et projet historique de souveraineté
européenne. AL #EPlenary
#FutureOfEurope
#MacronPE
— Alain Lamassoure (@ALamassoure) 17
avril 2018
Voici l’intégralité du discours d’Emmanuel Macron:
Je suis très heureux et très honoré de répondre à votre
invitation en cette journée, Monsieur le Président, pour pouvoir, comme vous
l’avez rappelé à l’instant, échanger librement sur la situation de notre Europe
dans un contexte tout particulier.
Echanger librement parce que les propositions, les discours,
je les ai faits il y a maintenant plusieurs mois, en particulier à La Sorbonne,
et c’est ce temps d’échange qui me paraît aujourd'hui indispensable dans ce
lieu où vous faites vivre chaque jour notre Europe dans ses sensibilités
diverses, ses divergences et ses convergences, en construisant les indispensables
compromis qui la font avancer.
Nous allons échanger dans un contexte qui rend notre
responsabilité plus grande encore. Un contexte qui est d’abord celui de
divisions et parfois de doute au sein de l’Europe. Le contexte où le Brexit
continue à être discuté, travaillé – je veux ici saluer le travail conduit
depuis plusieurs mois par Michel Barnier – mais qui est aussi celui d’un doute
qui naît dans nombre de nos pays européens et qui, mois après mois, a pu faire
émerger des sensibilités qui remettent en cause ce qui paraissait parfois comme
des fondamentaux.
Contexte où une forme de guerre civile européenne
réapparaît, où nos différences, parfois nos égoïsmes nationaux paraissent plus
importants que ce qui nous unit face au reste du monde. Contexte où la fascination,
et j’y reviendrai, illibérale grandit chaque jour. Contexte où les menaces
géopolitiques – et nous y reviendrons à coup sûr dans la discussion – donnent à
l’Europe une responsabilité plus grande chaque jour. Ceux des grands conflits
internationaux, le Levant comme le Sahel, mais aussi de l’émergence de grandes
puissances autoritaires et d’une stratégie clairement élaborée qui vise à
remettre en cause le cadre du multilatéralisme où l’Europe avait pris toute sa
place et qui était aussi le cadre à la fois de son influence mais dans lequel
nous avions collectivement construit la paix.
Et nous échangeons aujourd'hui dans un moment qui est celui
de grandes transformations liées au numérique, au réchauffement climatique et à
ses conséquences, qui remettent en profondeur les fondamentaux de la société
industrielle qui avaient fondé nos grands compromis, font naître des peurs qui
conduisent à revisiter certains grands équilibres et nous imposent de repenser
la grammaire d’action qui est collectivement la nôtre.
Et donc ce moment nous donne une responsabilité toute
particulière. Nous ne pouvons pas faire comme si, en quelque sorte, nos
discussions étaient ordinaires. Et ce moment, c’est celui qui nous sépare des
élections européennes à venir, où nous aurons à faire vivre nos combats pour
les idéaux qui nous ont faits. Et je veux, pour amorcer notre discussion,
simplement partager avec vous deux convictions fortes.
La première, c’est que si nous décidons d’abandonner notre
attachement à la démocratie et tout ce qu’elle emporte en Europe, ils feront
fausse route. La deuxième, c’est que nous pouvons dans ce cadre, et nous devons
construire, une nouvelle souveraineté européenne par laquelle nous apporterons
la réponse claire, ferme à nos concitoyens que nous pouvons les protéger,
apporter une réponse à ces désordres du monde.
En effet, dans ce monde et ce moment difficile, la
démocratie européenne, je le crois très profondément, est notre meilleure
chance. La pire des erreurs serait d’abandonner notre modèle, j’ose dire notre
identité. Ici-même à Strasbourg comme à Bruxelles, vous faites vivre chaque
jour cette démocratie en Europe dont parlait Tocqueville. Notre identité, c’est
d’abord cette démocratie respectueuse de l’individu, des minorités, des droits
fondamentaux, ce qu’on appelait du nom que je revendique encore «la démocratie
libérale».
Je ne veux pas laisser s’installer cette illusion mortifère
qui, ne l’oublions jamais, ici moins qu’ailleurs, a précipité notre continent
vers le gouffre. L’illusion du pouvoir fort, du nationalisme, de l’abandon des
libertés. Et je récuse cette idée qui gagne même l’Europe que la démocratie
serait condamnée à l’impuissance. Face à l’autoritarisme qui partout nous
entoure, la réponse n’est pas la démocratie autoritaire mais l’autorité de la
démocratie.
Parce que cette liberté émancipe et protège l’individu, un
Parlement comme le vôtre, le nôtre, est un miracle européen. Rassembler
pacifiquement les représentants élus des peuples d’Europe pour délibérer
ensemble dans leurs différences, forts et lourds de leur histoire et de ce qui
les a parfois divisés est un modèle unique au monde. Ce trésor, nous le faisons
vivre depuis soixante-dix ans. Ne nous y habituons pas. Nous avons pris tous
les risques et traversé le pire pour en arriver là et si l’on veut être plus
concret encore, regardons autour de nous, comparons-nous et regardons parfois
ces puissances qui peuvent fasciner certains par une prétendue efficacité.
Dans quel autre endroit au monde a-t-on cette même exigence
en matière évidemment économique, géopolitique, diplomatique et militaire mais
aussi de respect des minorités, de liberté des consciences, d’égalité entre les
hommes et les femmes, de respect pour la vie privée? Où ailleurs à ce point,
avec la même vitalité et la même force?
Alors il y a des divisions entre les pays au sein même de
cet hémicycle, mais au-delà de ces divisions, ce modèle démocratique qui nous
rassemble est unique au monde. L’identité de l’Europe, c’est plus qu’une
démocratie soucieuse de liberté, c’est une culture unique dans le monde qui
combine cette passion de la liberté, le goût de l’égalité, l’attachement à la
diversité des idées, des langues, des paysages.
Ce modèle européen n’est ni abstrait, ni daté. Il s’incarne
aujourd'hui dans notre attachement commun à la protection de l’environnement,
du climat, de la santé. Il se développe aujourd'hui dans notre approche de la
révolution numérique où seuls les Européens sont autant attachés à la liberté
d’innovation comme à la juste régulation et à la protection de leur vie privée.
Cette identité nous distingue bien évidemment des puissances autoritaires avant
tout, mais aujourd'hui aussi, il faut bien le voir, de certains alliés les plus
proches.
Notre partenaire américain, avec qui nous partageons tant,
fait face aujourd'hui à la tentation du désengagement et du rejet du
multilatéralisme, de l’enjeu climatique ou des questions commerciales. Ce
modèle, j’en suis convaincu, est puissant comme aucun autre et fragile tout
autant car sa force à chaque instant dépend de notre engagement et de notre
exigence. Chaque jour, nous devons le défendre ensemble. Alors pour être à la
hauteur de cet engagement, la première condition c’est la vérité et la responsabilité.
Certains imputant tous nos maux à une Europe honnie, fuyant
ainsi leurs propres responsabilités, nous disent avec aplomb que les peuples ne
veulent plus de l’Europe. Ils proposent des voies dorées ; parfois on les
croit. Ils se soustraient ensuite à leurs responsabilités quand il faudrait
conduire leur peuple jusqu’au bout de cette aventure. D’autres affirment
sagement que nous ne devons pas hâter le pas pour ne pas brusquer les peuples,
que ça serait faire le jeu des populistes. Ceux-ci voudraient s’habituer à une
musique qu’on connaît bien : celle de la paralysie, ne prenant pas conscience
du temps qui est le nôtre.
Je crois que rien n’est plus faux. Il serait commode, en
effet, de dissoudre le peuple ou d’exciter ces passions pour éviter de proposer
un chemin. De critiquer sans proposer, de détruire sans rebâtir. Ce n’est pas
le peuple qui a abandonné l’idée européenne, c’est la trahison des clercs qui
la menace. Il faut entendre la colère des peuples d’Europe aujourd'hui. Ce
n’est pas de pédagogie dont ils ont besoin mais d’un projet nouveau, d’une
exigence d’efficacité au quotidien. Et ceux qui font commerce de cette colère
qu’ils attisent proposent pour seul avenir la voie sans issue du retour au
déchirement nationaliste d’hier. Nous en avons expérimenté toutes les voies et
toutes les conséquences.
Pour raviver l’Europe des peuples, nous devons donc accepter
d’agir autrement en puisant à la source de la démocratie et regardons les
choses en face : comment se satisfaire d’élections européennes auxquelles moins
d’un citoyen sur deux se déplace pour voter? Alors construisons dans l’année
qui vient la réalité d’un débat structuré sur des convictions, des
propositions. Nous ne pouvons pas aujourd'hui faire comme hier, c'est-à-dire
refuser de parler d’Europe, répartir les places, accuser Bruxelles ou
Strasbourg de tous les maux. Continuer à faire cela, c’est décider d’avoir un
jeu de dupes qui sera peut-être plus confortable pour chacun d’entre nous mais
qui nous conduira à ne résoudre aucun problème. Je crois comme vous à la
noblesse et à la complexité du choix démocratique. En tant que représentants
des peuples d’Europe vous l’incarnez, vous faites chaque jour des choix, vous
définissez des compromis, vous forgez des solutions, car vous avez reçu le mandat
des peuples. Et notre devoir commun est de faire vivre cette démocratie
européenne, au fond si jeune.
C’est la raison pour laquelle en amont des élections et du
temps contraint des campagnes électorales, nous devons faire vivre le débat,
créer cet espace public européen que bien souvent nous avons laissé en friche.
C’est dans cet esprit d’essayer et d’innover que j’ai proposé des consultations
citoyennes dès cette année.
Je lancerai en France celles-ci cet après-midi même, un
débat franc, ouvert, rugueux et difficile, mais indispensable pour savoir ce
qui rassemble et sépare, pour sortir de l’alternative simpliste du oui ou non à
une question généralement dont on n’examine pas ni les présupposés, ni les
textes implicites. Mais d’avoir démocratiquement un débat critique sur l’Europe
qui est la nôtre.
Je me réjouis que tous les Etats membres aient accepté de
partager cette démarche, je sais l’engagement du président Juncker et de la
Commission européenne dans cette action et je veux l’en remercier. Et je mesure
aussi votre rôle essentiel, Monsieur le Président Tajani, dans cet exercice et
je veux aussi vous en remercier. Et je vous invite chacune et chacun dans vos
pays et partout en Europe à animer, participer à ces débats essentiels car ils
sont une condition de cette vitalité démocratique.
La deuxième conviction que je veux rapidement partager avec
vous, c’est celle de la nécessaire souveraineté européenne. Défendre l’idée
européenne, ce n’est pas défendre une idée abstraite, la dilution en quelque
sorte de nos propres souverainetés, non, c’est acter du fait que face à ces
grands bouleversements du monde, ces grandes transformations, ce moment que
nous vivons, nous avons besoin d’une souveraineté plus forte que la nôtre,
complémentaire et pas de substitution, qui seule permettra face aux grandes
migrations, à l’insécurité planétaire, aux transformations économiques,
sociales et environnementales d’apporter les bonnes réponses. C’est cela cette
souveraineté européenne à laquelle je crois.
Sur ce sujet, vous avez fait beaucoup et je veux vous
saluer, mais d’ici à la fin de la législature, au printemps 2019, nous devons
obtenir des résultats tangibles sur plusieurs fronts. Les migrations, en
débloquant le débat empoisonné sur le règlement de Dublin et les relocalisations,
mais aussi en dépassant ce débat, en construisant la solidarité externe et
interne dont notre Europe a besoin. Je propose ainsi de créer un programme
européen qui soutienne directement, financièrement, les collectivités locales
qui accueillent, qui intègrent des réfugiés.
Le deuxième sujet, sera la taxation du numérique, à la suite
de la proposition de la Commission en créant une taxe à court terme qui mette
fin aux excès les plus choquants, je soutiens cette proposition, elle est
essentielle et elle permettra d’ailleurs, c’est mon souhait, des pistes de
ressources propres pour le budget à venir.
La réforme de l’Union économique et monétaire est un
troisième front indispensable avant la fin de cette mandature, en définissant
une feuille de route permettant d’avancer par étape sur l’union bancaire et la
mise en place d’une capacité budgétaire favorisant la stabilité et la
convergence dans la zone Euro. Enfin ce qui nous tient ensemble, ce n’est pas
seulement une monnaie ou un traité, c’est un sentiment d’appartenance,
autrement dit une culture et je pourrais évoquer car c’est essentiel la mise en
place des universités européennes qui progresse réellement, ou le déploiement
d’Erasmus, mais je veux ici insister sur l’un de vos travaux en cours, essentiel
à mes yeux, celui du droit d’auteur, de la protection des créateurs, et de la
création artistique. Ce foisonnement qui infuse nos sociétés est le bouillon de
culture sans lequel l’Europe ne serait plus ce continent de diversité vitale et
de génie créatif.
Sur ces quatre fronts cette législature a une responsabilité
particulière et vous avez compris quelle sera la position de la France. Mais
au-delà il nous faut construire cette souveraineté européenne pleine et entière
pour protéger nos concitoyens. En matière de sécurité intérieure, extérieure et
de défense au cours des derniers mois nous avons beaucoup avancé, et je salue
le travail qu’est en train de réaliser votre assemblée sur le fonds européen de
défense.
Face à toutes les tensions du moment avec certains voisins
comme la Russie, l’Europe a montré un visage d’unité et de souveraineté. Nous
avons besoin de poursuivre ce travail.
La souveraineté est aussi économique et commerciale. Nous
avons su, là aussi, montrer ce visage uni et je me félicite des avancées
obtenues ces derniers mois en matière de souveraineté économique et commerciale
pour défendre nos secteurs stratégiques en matière d’investissement à
l’initiative de la Commission et c’était une avancée essentielle pour
poursuivre dans le domaine commercial, et nous y reviendrons à coup sûr dans le
débat, une position unie, volontaire en matière de développement de nos
opportunités économiques, mais protectrice de nos intérêts légitimes, de nos
travailleurs comme de nos consommateurs.
Je crois à cette souveraineté économique qui, par la
compétitivité que chaque Etat construit par ses réformes, par la solidarité
indispensable que nous devons davantage développer au sein de l’Union
économique et monétaire, et par une politique commerciale plus réaliste que
nous devons poursuivre.
La souveraineté, c’est aussi la souveraineté climatique et
énergétique. Elle est indispensable. Nous devrons rapidement ouvrir le débat
pour revoir à la hausse la contribution européenne dans le cadre de l’Accord de
Paris. Nous sommes ici en train d’achever les discussions sur le paquet
énergie-climat, mais il est clair que nous devrons ouvrir une nouvelle étape.
Plusieurs d’entre vous s’y sont déjà engagés et je souhaite que nous puissions
dans les prochains mois rouvrir le débat sur un prix plancher du carbone. La
France poussera l’idée d’un prix minimum et la France soutiendra l’idée d’une
taxe aux frontières pour le CO2. Ce n’est ni une lubie technique ni un
instrument technique, c’est la condition d’une transition énergétique crédible.
La quatrième souveraineté que nous devons conduire à aller
plus loin, c’est celle de la santé et de l’alimentation. Dans nos politiques au
quotidien, dans nos choix budgétaires d’aujourd'hui et de demain, nous devons
soutenir une souveraineté alimentaire de qualité. C’est ce que nos concitoyens
attendent de nous, c’est ce que nous leur devons. C’est bon pour nos économies
et nos territoires, c’est bon pour nos concitoyens et c’est un choix cohérent
avec nos engagements dans la durée.
La cinquième souveraineté que nous devons défendre, c’est
évidemment la souveraineté numérique et je veux ici saluer votre travail qui a
conduit à élaborer ce qui apparaît aujourd'hui dans tous les débats
internationaux comme la législation de référence, celle qui permet de protéger
les données personnelles de nos concitoyens. Là où d’autres nous prenaient pour
celles et ceux qui, en quelque sorte, proposaient des protections illégitimes,
nous sommes en train de devenir l’espace géographique unique au monde où nous
favorisons l’innovation et l’innovation de rupture et je défendrai ces choix
dans les débats à venir et où, dans le même temps, nous nous mettons en
capacité de protéger les libertés individuelles.
Enfin cette Europe de liberté et d'égalité repose sur un
socle de valeurs sociales que nous avons proclamées ensemble à Göteborg. Cette
Europe sociale, c'est aussi celle de la souveraineté, de ce socle dans lequel
nous croyons. Il y a des différences, mais nous ne devons pas pour autant
nourrir les divergences, le sens même de l'aventure européenne, c'est celle
d'une convergence accrue. C'est pour cela que nous nous sommes battus à
plusieurs pour réguler le travail détaché ces derniers mois. Le Parlement
européen a permis d'améliorer encore le compromis trouvé au Conseil et je me
réjouis que cette réforme puisse trouver bientôt son aboutissement.
Et je veux saluer le travail qui a été conduit. C'est
précisément l'image d'une Europe protectrice et efficace. Ces souverainetés
européennes, nous devons continuer à les bâtir. Elles doivent être au cœur d'un
projet cohérent et elles doivent nourrir la philosophie du cadre financier
pluriannuel à venir. Et je veux achever mon propos sur ce point, ce budget que
nous allons discuter, doit exprimer un projet politique de cohérence,
d’efficacité et de convergence.
La France est prête à augmenter sa contribution. Mais pour
cela, c'est une refondation du budget lui-même qu'il faut envisager, en créant
de nouvelles ressources propres. J'y suis favorable sur le numérique comme sur
certaines ressources énergétiques, en supprimant les rabais qui ne sauraient
survivre au Brexit, en finançant dignement l'action européenne en matière de
défense et de migration, en modernisant les politiques actuelles et en
définissant des conditionnalités, je dirais plutôt des critères de convergence
en matière fiscale et sociale, notamment. Nous ne devons renier aucune ambition
des politiques existantes, mais nous devons ajouter les ambitions nouvelles que
nous portons. C'est en ce sens qu’en tout cas la France œuvrera dans les
prochains mois.
Vous l’aurez compris, Mesdames et Messieurs, le Parlement
européen est à mes yeux le siège de la légitimité européenne, de sa
responsabilité et donc de sa vitalité. C'est ici que se joue une partie de
l'avenir de l'Europe, l'Europe comme rassemblement de notre souveraineté par et
avec une souveraineté plus grande encore, celle qui nous unit. Cette union au
service de la paix et de la solidarité offrant au monde un espace unique de
stabilité et de sécurité. C'est ici que nous devons ancrer la renaissance d'une
Europe portée par l'esprit même de ses peuples. Je souhaite que dans les
prochains mois nous parvenions à dépasser les clivages entre le Nord et le Sud,
l'Est de l'Ouest, les petits ou les grands, le repli sur les égoïsmes
nationaux.
J’appartiens à une génération qui n'a pas connu la guerre et
j’appartiens à une génération qui est en train de s’offrir le luxe d’oublier ce
que les prédécesseurs ont vécu. Il y en a beaucoup qui aujourd'hui pensent
qu'on peut continuer à préférer les confrontations habituelles, les certitudes
d’hier, parce que nous nous sommes habitués, les divisions bien connues et bien
concertées. Mais je viens aussi d’une terre et d'une famille qui a connu toutes
les saignées de notre histoire passée. Alors les choix sont simples, moi je ne
veux pas appartenir à une génération de somnambules, je ne veux pas appartenir
à une génération qui aura oublié son propre passé ou qui refusera de voir les
tourments de son propre présent. Chacun dans les temps qui s’ouvrent reprendra
ses responsabilités, mais je veux appartenir à une génération qui aura décidé
fermement de défendre sa démocratie, parce que ça n'est pas un mot auquel on
s'est habitué ou dans lequel on s'est alangui, c'est un mot qui a tout son sens
parce qu'il est le fruit de batailles passées.
Je veux appartenir à une génération qui défendra cette
souveraineté européenne parce que nous nous sommes battus pour l'avoir, parce
qu'elle a un sens et parce qu'elle est la condition qui permettra aux générations
à venir, de choisir, à ce moment-là, elles-mêmes leur avenir. Et je ne cèderai
à aucune fascination pour les souverainetés autoritaires, je ne cèderai à
aucune facilité des temps présents, mais je pense qu’ensemble, notre
responsabilité dans les mois à venir, c'est d'organiser le vrai débat européen,
d'avoir les véritables échéances européennes, qui seules permettront à nos
peuples, de choisir, ceux qui veulent une Europe qui ne propose plus, ceux qui
veulent une Europe du repli, ceux qui veulent une Europe de l'habitude ou ceux
qu'ils sont prêts à porter une Europe de l'ambition, d’une souveraineté
réinventée, d'une démocratie vivante, celle à laquelle nous croyons. Je vous
remercie.