Invité
de RTL, François Bayrou a donné son opinion sur plusieurs sujets dont le
discours du Président de la république aux catholiques (pour s’en féliciter),
la sélection à l’université (pour affirmer que la réforme est nécessaire), Notre-Dame-des-Landes
(pour affirmer que la loi doit être respectée) et les attaques de François
Hollande contre Emmanuel Macron (qu’il a trouvées pathétiques).
Mais
il est également revenu sur la réforme des institutions et les propos très durs
qu’il a eus contre le texte présenté par le Premier ministre.
Il
met ainsi de l’eau dans son vin en expliquant qu’en matière de proportionnelle,
Macron ne lui avait fait aucune promesse chiffrée quand à la dose à mettre pour
les élections législatives.
Mais
il estime toujours que le pourcentage de 15% est «dérisoire» et n’est pas «équitable
et équilibré».
En
revanche, il peste toujours contre les dispositions concernant le non-cumul des
mandats dans le temps estimant que celles-ci sont du «burlesque» et que «cette
promesse-là est complètement piétinée».
Extraits
des propos de François Bayrou:
- J'entends ici ou là qu'il (Emmanuel Macron) aurait fait
une promesse précise sur la dose de proportionnelle. Ce n'est pas vrai. Nous
avions un seul accord qui était que désormais il y aurait du pluralisme dans
les institutions. Et cela va être le cas. Après, est-ce que le chiffre qui a
été arrêté par le gouvernement est équitable et équilibré? Je ne le crois pas.
15% cela fait 60 sièges sur plus de 400, et donc comme les «grosses écuries» en
prendront 35 ou 40, il restera 20 sièges à se partager entre les «minoritaires» :
c'est dérisoire, ça n'a pas de sens. Je pense que le débat doit faire
progresser ce chiffre vers le haut.
- Non (il ne m’a pas trahi), car jamais il n'y a eu
d'engagement chiffré. En revanche, j'entendais hier soir François Hollande dire
qu'il était contre la proportionnelle alors qu'il suffit de reprendre sa
fameuse litanie «moi, président», pour entendre qu'il était dit explicitement,
«moi, président, j'introduirai la proportionnelle». Ça, c'était une trahison.
Mais surtout, ce que je n'apprécie pas dans le texte présenté et qui est le
contraire de la promesse qui avait été faite, c'est que le cumul des mandats
dans le temps – au bout de trois mandats, vous changer parce que si vous n’avez
pas fait en 18 ans, ce que vous aviez à faire, il est peu probable que vous le
ferez après – cette promesse-là est complètement piétinée, c'est burlesque, même:
on vous dit qu'on va le faire mais ça s'appliquera entre 2032 et 2037.
Franchement, il y a de quoi éclater de rire pour écarter ce genre de
manipulation.
- Sur Notre-Dame-des-Landes, il ne peut y avoir en France de
zone de non-droit dans lesquelles, lorsqu'il y a une intervention des forces de
l'ordre conformément à la loi, il faille y avoir des guerres de tranchées, des
explosions multiples pour faire respecter la loi. Il n'est pas possible que
l'opinion publique française, les démocrates français, les républicains
français, ne peuvent accepter de zone de non-droit en banlieue ni dans les ZAD.
- Ce que je ressens quand je vois Emmanuel
Macron, c'est d'abord un homme qui est à la hauteur de la fonction, qui exprime
ou qui sait exprimer des attentes profondes, parfois même inconscientes, de la
société française, qui le fait avec un style qui est original et fort. Et à le
voir réfléchir et essayer de se forger une conviction, choisir ses axes, je
vois quelqu'un qui n'est prisonnier d'aucun moule, ni influence. C'est un homme
profondément libre dont nous avions besoin, qui n'hésite pas à changer les
choses, à poser les problèmes les plus brûlants de la société française, sans
les éviter ni les éluder. Et de ce point de vue là, il y a une différence en
effet.
(…) Je pense qu'il est arrivé au pouvoir parce qu'il a
répondu à une attente profonde de la société française, qui était une attente,
il est vrai, de changement qui aie du sens et qui réponde à des aspirations
profondes et des valeurs de la société.
- Non, je pense qu'il a été profondément juste (dans son
discours aux évèques de France). Il y a un mot qui est ambigu qui est celui de «lien
abimé entre l'Eglise et l'Etat». Parce que le «lien», ça voudrait dire que l'un
est lié à l'autre. Or ce n'est pas le cas. Je pense que ce qu'il a voulu dire
c'est «relation et dialogue», et c'est vrai que ceux-ci, ces dernières
années et peut-être par une évolution profonde de la société ont été blessés
des deux côtés: les chrétiens ont cru que la société actuelle était contre eux,
leurs valeurs, et c'est très difficile de réparer avec des mots justes cette
blessure-là. C'est vrai que l'Etat a pu croire que l'Eglise à certains moments
devenait un parti politique comme les autres ou avait des messages politiques
comme les autres. Or, la laïcité ce n'est pas ça. La laïcité, qui est la chose
la plus profonde que nous ayons à défendre et à porter c'est la loi protège la
foi et l'absence de foi – croire ou ne pas croire –, et la foi ne fait pas la
loi. Nous sommes dans un pays dans lequel ce n'est pas parce qu'un groupe de
croyants partage une conviction que pour autant il doit l'imposer aux
autres : la laïcité, c'est exactement ça, ce point de rencontre.
- Honnêtement, qui peut défendre le tirage au sort pour
entrer dans une université qui soit adulte et aimant l'éducation, l'équité et
la justice? Qui peut dire que le tirage au sort est plus juste que la
vérification des acquis?
(…) Je prends un exemple simple: à l'Université de Pau, il y
a 1000 candidatures pour 60 places en STAPS. Comment fait-on? On tire au sort?
Quelqu'un va t-il dire: «mesdames et messieurs, le progrès, c'est le tirage au
sort »? Moi je ne peux pas participer à ça. Il faut essayer de donner sa
chance à chacun et en même temps respecter une certaine justice. Moi en tout
cas, je ne sens pas de la justesse dans la défense du tirage au sort.