Bayrou & le MoDem, dindons de la farce? |
Alors
que le président du Sénat, le LR Gérard Larcher, pourtant caressé dans le sens
du poil par le Président de la république, dit tout le mal qu’il pense de la
réforme des institutions, notamment la dose de proportionnelle qui serait «une
grave erreur», le groupe parlementaire du Mouvement démocrate monte au créneau
après la désillusion d’un texte ne correspondant pas aux promesses faites par
Emmanuel Macron à François Bayrou pendant la campagne présidentielle en
publiant un long communiqué de presse intitulé «Réforme des institutions : Le
travail parlementaire devra approfondir et améliorer l’ambition formulée par le
gouvernement»
Dans celui-ci, il estime qu’«à l’issue des débats, nous
devrons parvenir à un équilibre global permettant tout à la fois de
reconstruire la confiance des citoyens à l’égard de la vie publique, renforcer
l’équilibre institutionnel et garantir la représentation des différents
courants d’opinion», une défiance à peine voilée au texte présenté par le
Premier ministre.
Et de citer «trois aspects, en particulier, devront être
approfondis lors des débats parlementaires»
D’abord, concernant le «pacte girondin» proposé par Edouard
Philippe, le MoDem estime qu’il faut «un véritable droit à la différenciation
territoriale» et permettre aux collectivités «d’adapter lois et règlements aux
réalités des territoires, sans que ça ait vocation à être généralisé au plan
national».
Ensuite, il s’agit de mettre en place «un Parlement plus
fort pour renforcer la démocratie» en le rendant, dans le cadre de «l’équilibre
des institutions», «plus efficace et plus accessible».
Ainsi, si «la procédure législative doit être rationnalisée»,
elle ne doit pas «remettre en cause les droits imprescriptibles d’expression et
d’amendement des parlementaires».
En outre, il faut «renforcer substantiellement le Parlement
dans sa capacité à contrôler l’action du gouvernement et à évaluer les
politiques publiques».
Evidemment, pour le MoDem, cela passe par «sortir
durablement de la bipolarisation et représenter les différentes sensibilités
politiques» car «la représentativité est au cœur du pacte démocratique».
Il faut ainsi maintenir «un député et un sénateur par
département» mais aussi garantir la «représentativité des sensibilités
politiques» grâce à la proportionnelle est, là, selon le MoDem, clairement, «ce
second objectif ne saurait être satisfait par la proposition telle que formulée».
Et de conclure que «le travail qui désormais s’ouvre
publiquement et au Parlement devra approfondir et améliorer les textes pour
trouver l’équilibre conforme à la volonté manifestée par les Français au
printemps 2017».
Un rappel explicite aux promesses d’Emmanuel Macron…
Marc Fesneau, le président du groupe MoDem à l’Assemblée
nationale a indiqué sur France culture que la proposition du gouvernement sur
la proportionnelle ne «correspond pas à la nécessité de sortie, à la fois, de
la bipolarisation et de représenter l’ensemble des sensibilités politiques. (…)
Il faut que le système permette de représenter les différentes sensibilités
politiques, à 15% (…) celles qui seraient moins importantes seraient
représentées par quinze ou vingt députés que vous divisez par le nombre de ces sensibilités,
vous voyez le difficulté de l’exercice».
Il s’est par ailleurs étonné du changement d’opinion de
Gérard Larcher tout en manifestant sa volonté de négocier avec la majorité
sénatoriale.
Pendant ce temps, François Bayrou prépare sa riposte selon
ses proches avec des propositions équilibrées, selon lui, pour faire remonter
le taux de proportionnelle autour de 20%.
Il est sans doute trop tôt pour savoir si le Mouvement
démocrate veut aller au bras de fer avec le Gouvernement mais, en tout cas, il
ne veut pas être, in fine, le dindon de la farce comme les médias commencent à
présenter son président dans cette affaire!