Mario Monti |
Le centriste Marion Monti, ancien
premier ministre italien entre 2011 et 2013, l’homme qui s’attaqua avec un
certains succès aux terribles déséquilibres de l’économie transalpine d’alors
le tout dans un discours sans démagogie, parle dans une interview au quotidien
Le Monde de sa vision des élections législatives du 4 mars prochain dans son
pays avec le risque du populisme incarné par pratiquemment tous les candidats
selon lui.
Exrtaits:
- «Il est important de rappeler certaines choses, d'autant
que le Parti populaire européen affirme aujourd'hui que Berlusconi est le
rempart ultime contre le populisme. En Italie, nous sommes confrontés à quatre
formes de populisme. Deux ‘bottom-up’, venant de la base, la Ligue du Nord et
les Cinq étoiles, et deux autres ‘top-down’. Lorsque Renzi était au gouvernement
et mettait en cause l'Europe chaque jour, c'était du populisme. Quant à Berlusconi,
c'est le père de tous les populismes en Italie! Même si au regard des Cinq
étoiles et de la Ligue, il représente un populisme débonnaire et affable.
- «Lorsque j'ai quitté les affaires, on avait mis l'Italie
sur la route de l'équilibre budgétaire, des réformes structurelles et de
l'engagement européen. Je peux porter un jugement plus ou moins positif sur
certaines choses, mais on ne peut pas nier que les gouvernements Letta, Renzi
et Gentiloni ont maintenu l'Italie dans le chemin que nous avions tracé.»
- «Les promesses, ça fait partie des campagnes électorales.
Mais c'est vrai, cette fois-ci on a perdu tout sens de la mesure. Je vois à
cela deux raisons. L'une, que c'est la première campagne qui se déroule à
l'époque des ‘fake news’, qui ont tendance à créer des ‘fake programs’. Et la
deuxième raison, je crois que c'est aussi à cause de la véritable inondation de
liquidités que nous vivons. Une inondation qui a certaines conséquences
positives, notamment en tenant très bas les taux, mais ça a créé une impression
de facilité.
- «J'ai toujours été contre un système présidentiel en
Italie. Je disais à mes compatriotes: regardez la France, Sarkozy et Hollande
avaient l'air d'avoir des pouvoirs très solides, et ils n'ont pas fait de
réformes, parce qu'ils ne peuvent pas appeler à l'union nationale – Emmanuel
Macron a fait exploser tout ça en créant un parti qui était une grande coalition
en soi. Reste qu'au fond, le système italien me semble plus adapté.»
- «Il y a les contraintes européennes et il y a la
substance, qui subsisterait même si l'Europe n'était pas là : un pays a le
devoir, au-delà des cycles, d'avoir un budget en équilibre, hors les investissements
publics, qui peuvent être financés avec du déficit. C'est un acte de respect
des générations futures. Cet élément-là, très présent dans les cultures du nord
de l'Europe, avait fait des progrès dans le pays à la faveur de l'entrée dans
l'euro. Mais ces dernières années, on a oublié que même sans les contraintes européennes,
on devrait avoir une certaine discipline.»