Cela devait arriver et nous l’avions prédit ici même.
Derrière la constitution de fait d’un axe central bien avant
l’élection d’Emmanuel Macron en 2017 suite à la montée des populismes
démagogiques et extrémistes, se profilait une recomposition politique de grande
ampleur où les formations de droite et de gauche dominants (en l’occurrence LR
et le PS) allaient se scinder idéologiquement parlant en deux, avant sans doute
des alliances pour chacune d’elles, une première partie se rapprochant des
extrêmes de son camp et une deuxième devenant les ailes d’un axe central bien
réel et assumé.
Nous y sommes donc avec, pour l’instant, une longueur
d’avance prise à droite avec l’élection de Laurent Wauquiez à la présidence de
LR et la dérive radicale voire extrémiste de ce dernier dès sa prise de pouvoir
avec ses propos sur la «dictature» qui régnerait en France qu’il a tenu devant
des étudiants et qu’il a avalisé lors de son passage à la télévision.
Nous y allons tout droit avec l’aile gauche du PS qui
partage de plus en plus de points communs avec la France insoumise et ce qui
reste du PC.
Que cette recomposition soit plus ou moins rapide, plus ou
moins un mouvement de fond selon les politistes qui ne sont pas tous d’accord
entre eux, reste qu’elle existe bel et bien et qu’elle a déjà (re)façonné le
paysage politique du XXI° siècle.
N’oublions pas, dans ce mouvement de fond, que face aux
dérives extrémistes d’une certaine droite et d’une certaine gauche, il y a eu
l’appel à une liste commune de l’axe central pour les prochaines élections
européennes venant de pratiquement tous les acteurs de l’espace central,
d’Alain Juppé à Christophe Castaner, de François Bayrou à Manuel Valls.
Bien entendu, cette recomposition a quelque peu dérouté
certains électeurs qui se retrouvent, pour l’instant, en stand by, c’est-à-dire
qu’ils hésitent à se positionner exactement et définitivement sur le nouvel axe
droite-gauche (dont on rappelle pour la énième fois qu’il structure toujours le
choix partisan dans tous les pays démocratiques et qu’il n’est qu’une simple
convention permettant de classer les organisations politiques selon leurs
corpus idéologiques et de faire apparaitre les originalités de chacune d’entre
elles et les oppositions entre elles).
Ce qui devient également de plus en plus évident, c’est que
l’axe central est déjà mais le sera encore plus dans le futur, le dernier
rempart de la démocratie républicaine à la fois sous les coups de boutoir venus
de l’intérieur (Trump, Orban, Wauquiez, Le Pen, Mélenchon, Kaczyński, etc.)
mais aussi de ceux venus de l’extérieur (à la fois des organisations
terroristes et des Etats autocratiques et dictatoriaux qui partagent objectivement
la même haine et la même volonté de détruire la liberté).
Cette mission et historique si l’on veut bien se rappeler
qu’un régime démocratique a constamment besoin d’un soutien fort pour exister
puisqu’en tant que régime ouvert il est plus à même d’être attaqué par ses
adversaires sous couvert de droit à la liberté de parole et d’agir.
Néanmoins, la démocratie républicaine n’est pas incapable de
se défendre face à ses nombreux ennemis.
Elle possède des armes efficaces comme l’a prouvé Abraham
Lincoln alors président du seul pays au monde à être démocratique, lorsqu’il
fut embarqué dans une des pires guerres civiles de l’ère moderne.
Cet esprit qui permit au plus grand président américain de
l’Histoire de triompher doit animer tous ceux qui se revendiquent de l’axe
central aujourd’hui et ils doivent monter au combat pour défendre constamment
les valeurs et les principes de la démocratie et de la république.
C’est une mission historique qui n’est pas gagnée d’avance,
bien au contraire, mais elle est l’honneur des démocrates et des républicains.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC