Un bouleversement «à la
française» est-il en train de se produire en Espagne où les centristes,
moribonds depuis de nombreuses années, sont en train de devenir la principale
force politique du pays grâce au parti Ciudadanos et à son leader, Alberto
Rivera, sorte d’Emmanuel Macron avant l’heure.
C’est en tout cas ce que disent
les sondages de l’institut Metroscopia pour le quotidien El Pais depuis sept
mois et surtout depuis le début de 2018 où la formation centriste, seulement en
quatrième position en juillet 2017, s’est placée, et de loin, en tête avec 28,3%
(dernière enquête du 9 février) devant le Parti populaire (droite) du premier ministre
Mariano Rajoy (21,9%), le PSOE (gauche, 20,1%) et Podemos (extrême-gauche,
16,8%) qui n’en finit plus de baisser.
Il y a, bien sûr, ces deux autres
sondages sur lesquels préfère s’appuyer le gouvernement en place.
Le premier de GAD3 donne
Ciudadanos (25,6%) juste derrière le PP (25,8%) mais devant le PSOE (23,7%) et
Podemos (14,8%).
Le deuxième de CIS met le parti
centriste en troisième position (20,7%) derrière le PP (26,3%) et le PSOE
(23,1%) mais devant Podemos (19%).
Reste que ces deux sondages
montrent également une forte progression de Ciudadanos et que deux des trois
sondages (Metroscopia et CIS) montrent qu’Alberto Rivera est le leader
politique préféré des Espagnols devant Pedro Sanchez (PSOE), Mariano Rajoy (PP)
et Pablo Iglesias (Podemos).
Mais, selon la vague de janvier
2018 du sondage Metroscopia, à la question de savoir quel était le meilleur
projet politiquer pour l’Espagne, 44% des Espagnols ont répondu celui de Ciudadanos
et seulement 20%, celui du PP.
68% des sondés estimaient, par
ailleurs, que Ciudadanos avait un vrai projet national contre 58% pour le PP.
A noter que selon les projections
en siège, le PSOE, Podemos et les autres formations de gauche seraient à nouveau
majoritaires au Parlement en cas de nouvelles législatives (mais l’on sait que
le PSOE a refusé de s’allier avec Podemos).
En revanche, plus de 50% des
Espagnols souhaitent un gouvernement de coalition entre le PP et Ciudadanos.
Actuellement Ciudadanos pratique
le soutien sans participation au gouvernement minoritaire du PP alors que le
PSOE est dans l’abstention, ce qui a permis la fin du blocage des institutions
issu des dernières législatives.
On se rappelle, en outre, que le
21 décembre dernier Ciudadanos est arrivé en tête lors des élections régionales
en Catalogne avec sa tête de liste, Inés Arrimadas, ce qui a permis au parti de
se poser en formation majeure du pays après des législatives décevantes et d’empêcher
un triomphe des indépendantistes.