François Bayrou |
Il est d’abord revenu sur l’élection
d’Emmanuel Macron qui est «Le tremblement de terre électoral que nous voyions
venir depuis des années, que nous considérions comme nécessaire et même vital,
et sur lequel nous avions fondé notre stratégie» et dont «nous avons
efficacement contribué à son surgissement».
Un «séisme» qui «a entraîné l'écroulement du paysage
politique traditionnel qui en a été au mois de juin la réplique.»
Un « paysage politique», un «paysage démocratique français»
qui «a changé du tout au tout».
Et, pour le Mouvement démocrate «Il faut donc affirmer le
projet politique et l'enrichir s'il le faut et travailler à former la volonté
de notre peuple».
C’est le travail de la majorité présidentielle qui «associe
deux mouvements: En Marche et le MoDem» dont «leur histoire est différente,
leur manière d'être est différente, mais les deux vont dans le même sens».
Mais «leur différence est un avantage (..) la
complémentarité est une clef, car c'est la première fois, sans doute, en tout
cas depuis très longtemps, qu'il y a dans une majorité deux démarches
différentes qui offrent des choix pour l'engagement des citoyens sans qu'il y
ait compétition à l'intérieur de cette majorité.»
Et «cette complémentarité est aussi un atout pour le
renouvellement. Et le renouvellement est la clef de la reconstruction du pays».
Quant à Emmanuel Macron, «les Français découvrent un jeune
président, très actif à l'intérieur comme à l'international, qui fait ce qu'il
avait dit qu'il ferait, qui entraîne le gouvernement à faire ce qu'il avait dit
que le gouvernement devrait faire. Je crois que les Français en sont
légitimement fiers, qu'ils sont fiers de sa parole et de son audace. (…) C'est
un président qui, dans cette période d'incertitude et de recherche de coalition
en Allemagne, joue sans ostentation le rôle de leader de l'Europe.»
Et le «changement en profondeur» qu’il propose «les Français
(…) veulent (qu’il) réussisse et ils
l'attendent.»
Avec le «surgissement» d’une «force centrale autour de
laquelle s'organise désormais la vie politique du pays, force centrale que nous
avons espérée, voulue, travaillée à organiser depuis longtemps.»
Dans ce cadre, «le MoDem doit devenir une force de
renouvellement organisée, structurée, qui soit la force de combat d'une
conviction de fond, l'humanisme comme projet de société. C'est le ciment de
notre mouvement. Les femmes et les hommes qui s'y sont engagés l'ont fait pour
une idée. Et cette idée, c'est que la société est faite pour libérer les gens,
pour les émanciper et non pas pour les dominer ou les asservir ou accepter
qu'on les domine et qu’on les asservisse.»
François Bayrou a également de donner un satisfecit au gouvernement quiment «agit et nous sommes
heureux qu'il agisse. Je ne prendrai qu'un seul exemple de cette action, de ce
projet mis en acte: le sujet majeur, c'est l'éducation et la politique proposée
par le ministre de l'Éducation nationale, largement soutenue par l'opinion et
avec engagement par nous.
Quant au volet social qu’il demandait à Emmanuel Macron de
développer il s’estime «très heureux de l'expression du Président de la république
lors de ses vœux du 31décembre. Il a articulé – je crois que c'est essentiel –
l'exigence de projet social et l'exigence de concorde nationale. Ces
deux volontés-là, nous nous y retrouvons, nous considérons qu'elles sont
essentielles, nous savons qu'il faut leur donner corps.
Néanmoins, «nous n'y sommes pas encore» car «il faut
articuler dans le concret ce qu'elle signifie et ce sera évidemment une grande
partie des enjeux de l'année qui vient.»
Par ailleurs, François Bayrou veut un «nouveau contrat
démocratique qui doit animer notre pays».
Un «contrat démocratique avec au moins deux chapitres: il y
en a un que j'aborde souvent que je n'aborderai pas longuement aujourd'hui,
c'est le chapitre institutionnel, l'établissement de nouvelles règles pour que
la vie démocratique française prenne le visage plus créatif, plus attentif au
pluralisme qu'elle doit avoir. Quelque chose me dit que l'année qui vient va
voir se dérouler des combats très importants, des débats très importants,
peut-être des combats sur ce sujet.»
Le deuxième est la décentralisation:
«Nous avons besoin d'un nouveau contrat démocratique entre
le pouvoir national et les pouvoirs locaux. Nous avons la conviction que ce
principe qui porte le nom difficile de subsidiarité, c'est-à-dire décidé au plus
près chaque fois qu'on le peut pour décider au plus juste. Au plus près pour le
plus juste, c'est une des clés du nouveau modèle de société que nous avons à
conduire. Une des faiblesses de la France est son jacobinisme, c'est-à-dire l'illusion
que l'on peut, du sommet, décider de tout et qu'au fond l'organisation de
l'État et des pouvoirs publics consistent à faire exécuter ce que le sommet a décidé
tout seul.»
Le président du MoDem a terminé son discours par le problème
de l’information développée par Emmanuel Macron lors des vœux de ce dernier à
la presse:
«Dans un moment où tout le modèle traditionnel des médias
est remis en cause (…), je veux vous dire que je partage l'intuition de ceux
qui croient qu'une société comme la nôtre a besoin d'informations fiables et
approfondies et donc je crois que le profond besoin de renouvellement de la
société française s'exprime aussi dans le monde des médias et que le profond
besoin de fiabilité que ressent la France est aussi présent et agissant dans
l'univers professionnel qui est le vôtre et j'y vois pour ma part des raisons
d'espérer.»
Répondant à des questions de
journalistes, il a estimé à propos de la nouvelle politique envers les migrants
suite à la publication d’une circulaire sur le sujet était «équilibrée» et que
«certains commentaires et images» étaient «excessifs».
«Il y a des débats, c'est normal
et légitime, a-t-il poursuivi. Je ne connais aucun parlementaire de la majorité
qui ne partage la volonté d'équilibre. (…) il y a un besoin de régulation qui
protège l'équilibre de la société et les migrants eux-mêmes. S'il n'y a pas de
régulation, il y a la montée d'une exaspération qui cible les migrants
eux-mêmes».