Emmanuel Macron et son gouvernement |
Et ça tombe bien puisque le Président de la république et le
Gouvernement, par la voie du Premier ministre, ont détaillé la feuille de route
de l’action du pouvoir pour l’année qui vient avec cette idée que les réformes
vont continuer sans faiblir et que l’aspect social sera plus présent.
Si l’on peut estimer que les réformes déjà votées et/ou
mises en place en 2017 respectent, pour l’essentiel, les valeurs et les
principes centristes (que ce soit la réforme du droit du travail, les premières
mesures en faveur de l’école primaire ou la suppression de la taxe
d’habitation, par exemple), qu’en sera-t-il des réformes prévues pour 2018?
Il convient d’abord de lister les principales réformes qui
devraient être mises en œuvre:
- Un plan de lutte contre la pauvreté
- Un plan d’action pour la croissance et la transformation
des entreprises
- Une réforme de la Constitution
- Une réforme de l’Etat
- Une réforme de la formation professionnelle
- Une réforme de l’audiovisuel public
- Une réforme du logement
- Une réforme du droit d’asile et de l’accueil des migrants
- Une réforme du droit de l’alimentation
- Une réforme de l’assurance chômage
- Une réforme des mobilités
Par ailleurs, il y aura également:
- De nouvelles baisses d’impôts
- Des mesures en faveur de la sécurité routière
Si on prend, d’abord, globalement toutes ces réformes et ces
mesures, on s’aperçoit qu’elles sont réclamées depuis longtemps par les
centristes, sans même aborder leur futur contenu.
Concernant celui-ci, on connait les grandes lignes pour
certaines d’entre elles, les grands principes pour d’autres mais le travail de
réflexion et de consultation est encore largement en cours même si, évidemment,
leurs axes doivent correspondre au programme défendu par le candidat Emmanuel
Macron.
Ainsi, pour ce qui est du plan de lutte contre la pauvreté,
on sait que celui-ci mettra surtout l’accent sur la lutte contre la pauvreté
des enfants dans l’idée de protéger ceux-ci et de donner aux enfants les plus
défavorisés les meilleures chances possibles pour leur vie présente et future.
Cette exigence d’une réelle égalité des chances (et non une
égalité des conditions) est demandée depuis longtemps par les centristes qui y
voient le meilleure moyen de bâtir une vie réussie et de permettre à chacun,
via la méritocratie, de pouvoir exprimer au mieux leurs qualités et leurs
capacités via un projet de vie librement choisi.
Pour ce qui est de la réforme de la Constitution, si la
baisse du nombre de députés ou de sénateurs n’est pas à proprement parler une
demande centriste, en revanche, l’instauration d’une dose de proportionnelle
pour élire les députés est une demande récurrente du Centre depuis le début de
la V° République.
Et ce n’est pas seulement à cause de la faiblesse des partis
centristes et de la possibilité de se passer d’une alliance à droite ou à
gauche pour avoir des élus à l’Assemblée naationale que les centristes défendent
la proportionnelle (ou une dose de proportionnelle) mais parce qu’elle permet à
une démocratie républicaine d’être plus représentative du corps électoral, donc
de la population, donc de permettre un débat démocratique dans le cadre du Parlement.
La réforme de l’Etat telle qu’elle est envisagée,
c’est-à-dire avec une meilleure efficacité, une plus grande responsabilité et
dans la maîtrise des coûts (avec une baisse du nombre des fonctionnaires)
répond exactement à ce que le Centrisme considère que l’administration doit
fonctionner.
Ainsi, l’Etat n’est pas, pour les centristes, le grand
Léviathan qui doit tout contrôler de haut mais un outil au service des citoyens
et des politiques, capable d’agir quand il faut et non pas constamment tout en
assurant la sécurité tant intérieure qu’extérieure qui est primordiale pour que
la liberté existe.
La réforme de l’audiovisuel public dont Emmanuel Macron a
rappelé l’importance lors de ses vœux aux journalistes est primordiale afin que
le service public de l’information et de la culture que sont les chaînes de
télévision et les stations de radio publiques, puisse enfin remplir
correctement sa mission qui est, fondamentalement, de permettre à la personne,
au même titre que le système éducatif, d’acquérir, le savoir, les connaissances
et la culture qui feront de lui un citoyen averti et responsable, capable de
faire les bons choix pour son existence.
Nul besoin de dire que cette réforme est dans le droit fil du
projet centriste.
La réforme de l’assurance chômage, celle de la formation
professionnelle ainsi que celle des mobilités répondent à cette volonté d’accompagner
la personne dans son activité professionnelle afin de la responsabiliser, de
lui donner l’aide nécessaire, de la former correctement tout au long de son
parcours, tout en lui permettant d’avoir des opportunités pour changer, pour
progresser et pour mettre en œuvre toutes ses capacités.
Ces réformes comme d’autres dont nous avons parlé entrent
dans le droit fil du projet politique du Centre.
Pour ce qui est du plan d’action pour la croissance et la
transformation des entreprises, il est pour ces dernières ce que sont les
réformes dont nous venons de parler pour le travailleur (salarié ou non), c’est-à-dire
permettre la libération des énergies et des capacités dans un cadre de liberté
mais aussi d’accompagnement et de soutien.
Une vision libérale (et non néolibérale) qui entre bien dans
le corpus centriste.
Bien sûr, tout cela ne sont que les courts synopsis de ces
réformes et ne concernent que les projets de l’exécutif et non ce qui en
ressortira après les négociations avec les organisations impliquées dans les
secteurs évoqués puis après les discussions et les votes au Parlement.
Mais, ces réformes n’en ont pas moins une forte identité
libérale sociale, c’est-à-dire centriste.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC