Par Jean-François Borrou & Alexandre Vatimbella
Dans cette rubrique, nous publions les
points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement
ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire
progresser la pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme
d’un journaliste proche des idées centristes.
Alexandre Vatimbella est directeur du CREC
Manifestation de "gilets jaunes" à Paris le 1er décembre |
La violence et le chaos provoqués intentionnellement par des
casseurs et des militants extrémistes de droite et de gauche avec le concours objectif
des «gilets jaunes», n’est pas le plus préoccupant même si c’est spectaculaire
et anxiogène pour une grande partie de la population.
Ce n’est pas ce qui se passe dans les rues de Paris
saccagées avec gourmandise par ces personnages pathétiques et dangereux, mais
bien ce qui se passe dans les maisons de la capitale et d’ailleurs où une
majorité de Français leur accordent leur soutien plus ou moins important selon
plusieurs sondages.
Ce qui révèle l’incapacité du pays à accepter les réelles
réformes, c’est-à-dire celles qui vise l’ensemble du corps social.
Sans même parler de sa fameuse «révolution» qu’il souhaite
mettre en œuvre, Macron semble avoir raison de dire que les Français détestent
les réformes.
En revanche, quand il prétend qu’ils sont capables de se
mobiliser pour un changement profond qui permettra de sauver le pays, on a
l’impression qu’il prend ses désirs pour des réalités.
La réponse du pays aux taxes carbones est symptomatique de
la résistance à tout changement profond dans notre manière de vivre tant que la
catastrophe n’est pas devant notre porte et qu’il est déjà trop tard pour agir.
Ce que l’on constate aujourd’hui, toujours grâce aux
sondages aux résultats récurrents, c’est que les Français sont conscients des
dangers qui guettent le pays et qu’ils savent qu’il faut des réformes
importantes.
Mais, comme beaucoup d’autres peuples, ils ne veulent pas que
le changement les impacte.
Or, les solutions passent par des sacrifices au moins sur le
court-terme, voire le moyen-terme, ce qu’ils ne sont même pas prêts à accepter.
Alors, doit-on, comme certains, prôner l’émergence d’un
régime fort qui seul serait capable, selon eux de transformer en profondeur la
société?
C’est, par exemple, ce que demandent des écologistes pour
lutter vraiment efficacement contre le réchauffement climatique sachant qu’un
peuple n’acceptera jamais les sacrifices à faire pour éviter la catastrophe
écologique.
Rappelons que si Platon voulait un régime dirigé par les
sages les plus capables qui dicteraient au peuple ce qu’il faut justement
faire, aucune autocratie ou dictature n’a jamais réussie à apporter le bonheur
et le bien-être à tous parce qu’elles ont toujours été des régimes qui
servaient avant tout les dirigeants, leurs cliques et leurs clientèles dans une
corruption et une répression généralisées.
Dès lors, c’est une totale chimère de penser que ces
oligarques ou cette aristocratie pourraient parvenir plus efficacement à
réformer.
Resterait alors à parier sur une possible prise de
conscience du peuple et, surtout, sur la capacité de l’humain à inventer des
technologies et des organisations capables de changer le monde pour le
meilleur.
C’est un pari osé et risqué, un pari humaniste, mais qu’il
faut tenter jusqu’au bout parce que l’Histoire nous enseigne que, malheureusement,
il n’y a pas d’autres voies possibles.
C’est en tout celui du Centre et des centristes, sans pour
autant faire de ces derniers des crétins et des idiots utiles, bien au
contraire parce qu’ils sont également capables de se mobiliser pour sauver la
démocratie républicaine en danger.
Enfin, un petit mot sur le comportement scandaleux des
médias, en particulier audiovisuels, qui font une couverture démesurée de ces
événements des dernières semaines et, en particulier de ce premier samedi de
décembre, où se trouvaient dans les manifestations tout juste un peu plus de
0,1% de la population…
Tout cela rappelle avec quelle délectation les médias
américains ont couvert la campagne électorale de Donald Trump en 2016 parce que
cela faisait du taux d’audience.
Cela permettait au populiste démagogue – qui savait qu’il
passerait sur toutes les chaînes de télévision au moindre de ses mensonges et
des insultes – de faire passer son message au peuple américain sans débourser
un cent.
Une situation qu’avaient dénoncé alors quelques
professionnels, dont le rédacteur en chef du New York Times qui avait vilipendé
la couverture outrancière de CNN qui depuis, comme d’autres médias, tente
désespérément de se racheter en étant un opposant forcené à celui qui a accédé
à la Maison blanche.
En France, les images des violences diffusées par les médias
audiovisuels incitent ceux qui les commettent à en commettre d’autres.
De même, l’amplification sans justification journalistique
du mouvement a permis à ces médias, comme pour ceux qui, aux Etats-Unis,
ouvraient constamment leurs antennes aux propos de Trump, de battre leurs
records de taux d’audience et, donc, de recettes publicitaires…
Demain, si les choses dégénèrent en France et qu’un
populiste démagogue extrémiste prend le pouvoir, on verra peut-être nos médias
devenir les fiers résistants et défenseurs de la démocratie avec ce temps de
retard qui sied à ceux qui n’ont rien compris ou rien voulu comprendre pour des
motifs parfois peu reluisants.
Mais, comme aux Etats-Unis, ce sera peut-être aussi pour des
motifs financiers puisque, désormais, ce sont les médias anti-Trump qui font le
plus de taux d’audience!
Jean-François Borrou & Alexandre Vatimbella
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