Le meilleur système politique applicable aujourd’hui est la
démocratie républicaine représentative libérale.
On peut faire des plans sur la comète sur un système idéal
où les citoyens correctement formés et informés, passionnés de politique et
capables de comprendre parfaitement tous les enjeux qui découlent de leur
implication dans toutes les décisions et, surtout, auraient le temps
nécessaires pour comprendre et décider de tout et n’importe quoi, seraient à la
barre du pays dans une démocratie directe que même Rousseau, pourtant défenseur
de ce type de régime, savait inapplicable, non seulement partout mais plus
particulièrement dans de grands pays avec une importante population.
Dès lors, il faut bâtir un système qui fonctionne.
Dans le cadre d’une démocratie, qu’on s’en réjouisse ou
qu’on le regrette telle n’est même pas la question, seul la représentation dans
un pays comme la France peut fonctionner.
On peut y ajouter, pour telle ou telle circonstance, ou pour
des questions locales, une participation de la population encadrée et limitée à
certains sujets.
Et, avec prudence, on peut, comme c’est le cas en France,
instituer une procédure de référendum pour des problématiques particulièrement
importantes (le vote d’une Constitution, par exemple), institué le référendum
piloté par les institutions démocratiques issues de l’élection.
Mais, on sait que le référendum est une idée et une
procédure venue plutôt de régimes autocratiques que démocratiques et qui permet
à un leader de gouverner par plébiscites (comme ce fut le cas des deux
Napoléons de notre histoire…).
N’entre pas dans ce cadre, le référendum d’initiative
populaire que certains réclament et qui est une des revendications du mouvement
de foule des gilets jaunes et que certains politiques ont repris à leur compte
(voire qu’ils défendent depuis longtemps, comme c’est le cas des populistes
extrémistes).
Celui-ci, rappelons-le, permettrait à une initiative venue
du «peuple» d’être proposée au vote des Français et d’être adoptée en cas de
majorité comme loi du pays.
Bien entendu, pour qu’une telle initiative soit prise en
compte pour être l’objet d’un référendum, des garde-fous sont nécessaires comme
un nombre minimum de signatures de citoyens, un nombre minimum d’élus qui la
soutiennent et une liste restrictive de domaines qui peuvent être abordés,
voire un pourcentage majoritaire pour qu’elle soit adoptée (une majorité
«qualifiée» plus élevée que la seule règle des 50% plus une voix).
Néanmoins, mettre en place un tel référendum présente un
risque pour le bon fonctionnement de la démocratie républicaine représentative
libérale.
D’une part, si les domaines d’intervention d’une telle
initiative «citoyenne» sont trop larges, on risque des référendums sur tout et
n’importe quoi, surtout sur des questions fondamentales (du genre «faut-il
supprimer l’impôt» ou «renvoyer tous les étrangers chez eux») ou des réactions
épidermiques (le rétablissement de la peine de mort après un assassinat
particulièrement horrible, la stigmatisation d’une partie de la population
après un événement paroxystique, etc.) et donc l’ouverture de la boite de
Pandore du populisme, de la démagogie et de l’irresponsabilité capable de
détruire le lien social et de provoquer des confrontations violentes ou le
chaos.
D’autre part, on peut se retrouver dans une campagne
électorale éternelle, avec la succession de référendums, au cours de laquelle
on met sans fin en jeu la légitimité du pouvoir en place, plus grave, du
système politique en place avec un dysfonctionnement grave de ce dernier qui ne
peut profiter, in fine, qu’aux extrêmes.
A l’inverse, si ce référendum n’est qu’un gadget où les
questions sont sans intérêt, les domaines d’intervention restrictifs à l’extrême
et la majorité pour les adopter beaucoup trop élevée, alors on en fait une
sorte de jeu médiocre qui renvoie une image très négative de la démocratie.
Dès lors, soit ce référendum devient un outil de
contestation en boucle du système, soit il ne sert à rien et, dans les deux cas
est un danger pour la démocratie républicaine.
C’est pour cela qu’il est assez étonnant que plusieurs
personnalités centristes se déclarent en faveur de l’établissement d’une telle
procédure.
Faut-il leur rappeler que le Centre et le Centrisme se
veulent un espace politique et une pensée politique du possible et de la
responsabilité où c’est bien le peuple qui élit ses représentants après un
débat politique ouvert et sans restrictive mais qu’il faut, ensuite, qu’il y
ait un pilote dans l’avion et qu’il soit capable de prendre les décisions sans
qu’elles ne soient remises en cause à n’importe quel moment ou que son action
soit entravée par des possibles changements du socle même de sa légitimité
démocratique.
Faut-il leur rappeler que la démocratie républicaine est le
meilleur système que l’on peut mettre en pace mais certainement pas le système
idéal parce que ce dernier ne fonctionnerait pas et que l’utopie du pouvoir du
peuple en direct recèle plus des méfaits que de bienfaits comme l’Histoire nous
l’apprend.
Quand on voit comment les lobbies ont instrumentalisé à leur
profit certaines consultations populaires dans le monde et quand on écoute
certains gilets jaunes sur les domaines qui devraient concerner le référendum d’initiative
populaire (changer la Constitution, abroger une loi, révoquer les élus dont le
Président de la république), on voit bien que ce n’est pas la démocratie
républicaine qu’ils souhaitent défendre mais bien le contraire!
Alors, oui, imaginons des voies d’une démocratie
participative, mais, non, ne donnons pas aux populistes, aux démagogues et aux
extrémistes, un des outils qu’ils réclament depuis longtemps pour détruire de l’intérieur
la démocratie républicaine.
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