jeudi 27 décembre 2018

Centriste de l’année – Edition 2018. Simone Veil

Simone Veil
Il n’y a pas eu en cette année 2018 une personnalité centriste qui s’est imposée comme le ou la «centriste de l’année» de manière claire et évidente pour son action ou son élection.
On pourrait en citer plusieurs qui ont marqué l’année sans pour autant être au-dessus du lot.
En France, Emmanuel Macron a connu une année contrastée avec quelques succès mais aussi nombre de difficultés.
Le Président de la république a montré ses capacités à réformer mais a semblé hésitant face à des événements comme l’«affaire» Bénalla ou le mouvement de foule des gilets jaunes.
De même, sa stratégie de la main tendue en matière de relations internationales a montré ses limites avec Donald Trump mais aussi Vladimir Poutine ou Xi Jinping.
Quant à une de ses priorités, l’Union européenne, sa volonté de la faire avancer n’a pas encore donné de résultats probants.
Si François Bayrou a beaucoup existé dans les médias, c’est malgré tout en jouant souvent contre son camp et, surtout, contre la majorité présidentielle à laquelle il appartient.
Sa volonté d’exister à tout prix et à prendre sa revanche sur la présidentielle de 2017 qu’il considérait comme la sienne le fait parfois déraper au grand bonheur des adversaires du pouvoir en place alors même qu’il en est un des membres…
En revanche, un de ses lieutenants, Marc Fesneau, s’est révélé comme un leader en devenir.
C’est d’autant plus une performance, qu’il est membre du Mouvement démocrate où Bayrou coupe en général toutes les têtes qui pourraient lui faire de l’ombre.
Mais l’homme a su se forger une identité propre sans entrer en conflit avec son chef et sans être, à l’inverse, dans un suivisme moutonnier que pratique depuis des années une Marielle de Sarnez ou, auparavant, un Hervé Morin.
Il lui faudra néanmoins confirmer en 2019 au poste de ministre des Relations avec le Parlement (ou peut-être dans un poste plus élevé qui lui semble promis s’il y fait ses preuves).
Alberto Rivera, le leader et créateur du parti centriste Cuidadanos aurait pu être un candidat sérieux au titre de centriste de l’année si des élections législatives avaient eu lieu en Espagne car sa formation en était la favorite.
Mais le premier ministre de droite, Mariano Rajoy, a refusé cette voie normale, sans doute justement pour éviter la montée en puissance de Cuidadanos qui pourrait être un concurrent particulièrement dangereux du Parti populaire dont il est issu, et a donc préféré se faire renvoyer par le Parlement qui a mis a sa place le leader socialiste, Pedro Sanchez, qui dirige un gouvernement ultra-minoritaire.
Toujours à l’étranger, le choix aurait pu se porter sur Barack Obama.
L’ancien président des Etats-Unis a fait un come-back remarqué en cette fin d’année où il a enfin décidé de s’exprimer sur la présidence lamentable de son successeur, le populiste démagogue Donald Trump, et de faire campagne pour les candidats du Parti démocrate aux élections législatives de mi-mandat (les «midterms») qui ont permis à ce dernier de redevenir majoritaire à la Chambre des représentants (mais pas au Sénat) ce qui va lui permettre de contrer Trump et de lancer nombre de commissions d’enquête sur ses agissements alors même que la justice avance à grands pas dans son implication directe dans les nombreuses affaires où il est mêlé.
De même, on aurait pu choisir le candidat démocrate du Texas au Sénat, Beto O’Rourke qui, bien que battu (de peu) par son adversaire et sortant, l’ultraconservateur réactionnaire républicain, Ted Cruz, s’est révélé au grand public par son charisme et sa stature qui pourrait bien le faire concourir pour la présidentielle de 2020.
Celui que l’on appelle souvent le «Barack Obama blanc» est, en tout cas, un des grands espoirs de la politique américaine de ces prochaines années.
Alors, nous avons choisi d’honorer Simone Veil qui, si elle est décédée en 2017, a fait son entrée au Panthéon, le 1er juillet 2018.
Et sa place dans le temple des grandes personnalités de la République française est amplement méritée (ainsi que notre choix) par son parcours de femme engagée dans un combat humaniste qui l’a située, tout au long de celui-ci dans la mouvance centriste.
De son poste de ministre de la Santé en 1974 à celui de présidente du premier Parlement européen élu au suffrage universel en 1979, elle a marqué la politique française et européenne, tant pour sa lutte en faveur des femmes que son engagement pour une Europe unie avec comme noyau le couple franco-allemand, elle qui œuvra tant pour la réconciliation entre les deux pays.
Sans oublier son poste de ministre d’Etat en 1993 puis sa nomination au Conseil constitutionnel en 1998 (où son passé d’ancienne magistrate légitimait celle-ci) et enfin son entrée à l’Académie française en 2008.
Des leaders centristes de son calibre on en redemande.


Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC


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