Par Aris de Hesselin
Dans cette rubrique, nous publions les
points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement
ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire
progresser la pensée centriste.
Aris de Hesselin est un avocat
international, centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation
humaniste. Ses propos sont les siens et non ceux du CREC.
Donald Trump |
Dans le monde de Donald Trump une large défaite à la Chambre
des représentants lors des élections de midterms est donc un «énorme succès»
(son tweet: «Tremendous success tonight. Thank you to all!»).
Cette sémantique transformant un rejet majoritaire de la
population américaine (le Sénat, lui, n’était renouvelable que par tiers et
dans beaucoup d’Etats pro-Trump) serait risible si des journalistes et des
commentateurs avaient abondé en son sens en particulier dans notre pays!
On se pince quand on voit certains gros titres comme celui
du Figaro qui prétend que «Trump est en position de force pour 2020» alors que,
comme je viens de le dire, son parti vient de perdre la Chambre des représentants
et qu’une majorité des Américains a voté contre lui pour ces élections de
midterms avant de sanctionner le Parti républicain lui-même.
On aurait aimé que le quotidien de plus en plus à droite
(voir, par exemple sur les Etats-Unis, les reportages complaisants réalisés sur
Steve Bannon, l’ex-conseiller d’extrême-droite de Trump) ait la même vision
après la défaite de Barack Obama en 2010 lors de ces mêmes élections avec la
perte de la majorité à la Chambre des représentants!
Les journalistes du Figaro parlaient alors d’une «machine
politique menacée de complète paralysie» et d’un «sérieux revers» pour un
président centriste rejeté par le peuple qui avait peu de chances de se faire réélire en
2012...
Le pire, sans doute, est que la rhétorique de Trump a joué
dans les commentaires journalistiques.
En qualifiant sa défaite d’énorme succès, il a entraîné avec
lui une partie de la presse qui l’a suivi comme mouton de panurge sur ce
mensonge gros comme une maison.
Quant à l’«ancrage» de Trump dans le paysage politique
américain qui serait sa principale victoire et son passeport pour un deuxième
mandat, rappelons seulement que 62 millions d’électeurs ne s’évanouissent pas
en un claquement de doigt ou deux ans de mandat, surtout quand vous êtes
soutenu sans réserve par l’un des deux grands partis du pays.
Comme le rappelait Alexandre Vatimbella ici, Trump avec
cette élection et celle de 2016, n’a jamais été majoritaire dans le pays, ce
que nos fins observateurs oublient de mentionner…
Mais, donc, dans un déni propre à ceux qui n’aiment pas la
démocratie (et aux ignorants qui parlent sans savoir), une défaite est une
victoire…
Pour ces «experts» et ces «spécialistes», j’ai une autre
affirmation trumpienne à leur soumettre.
Lors d’un meeting au Kansas, il a déclaré: «J’ai tenu plus
de promesses que j’en avais faites».
Je leur laisse cogiter le sens et le fond de cette phrase…
Attention, il y a un piège!
Le même à peu de chose près sur la transformation d’une
défaite en victoire.
Aris de Hesselin
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