Jean-Christophe Lagarde |
Au
moment même où Alain Juppé affirme que les réformes du gouvernement sont
nécessaires et que les taxes carbones sont une nécessité, Jean-Christophe
Lagarde, qui se prétend pourtant proche du maire de Bordeaux, se lance dans des
diatribes contre ce même gouvernement et semble se diriger vers une confrontation
dure, notamment en votant contre le projet de loi de finances en deuxième
lecture à l’Assemblée nationale après s’être abstenu lors du premier scrutin.
Tout
est sujet à critique du pouvoir selon le président de l’UDI, du budget à la
gestion du mouvement des gilets jaunes, en passant par la réforme de la
justice, la loi contre la manipulation de l’information, etc.
Selon Lagarde, «nous avons toujours été dans l’opposition à ce
gouvernement mais constructifs, ça voulait dire que nous étions prêts à voter
des textes quand ils sont bons. Je regrette de voir qu’ils sont de moins en
moins bons. Je regrette que le gouvernement, au fur et à mesure que ses
difficultés augmentent, écoute de moins en moins. Il devrait faire l’exact
inverse.»
Concernant la transition écologique, il estime que le
gouvernement l’a «bâtie sur le dos des gens».
Puis de s’en prendre à un pouvoir qui veut «recentraliser la
France» et qui n’a aucune considération pour les élus locaux.
Et d’affirmer qu’«il n’y a pas de compréhension s’ils (le
gouvernement) ne sont pas capables d’écouter. Ils ne sont plus capables
d’écouter».
Cette sortie contre la majorité en place a plusieurs
raisons.
La première est cette incapacité du président de l’UDI d’avoir
un discours apaisé avec des emportements aussi nombreux qu’inconséquents où il
peut s’en prendre aujourd’hui violemment à ce qu’il défendait hier sans que l’on
sache quelle est sa position finale.
La deuxième est que l’UDI est dans une situation délicate.
Comme on l’a dit, Alain Juppé et ses proches, en particulier
les membres du parti Agir, se rapprochent du pouvoir avec, entre autres, l’entrée
au gouvernement de Franck Riester, chef de file d’Agir à l’Assemblée nationale,
nouveau ministre de la Culture.
Du coup, non seulement l’UDI se retrouve un peu plus seule mais
de plus en plus isolée dans sa
soi-disant «opposition constructive» qui consiste à ne pas voter le budget tout
en se lamentant de ne pas avoir de ministre dans le nouveau gouvernement!
De plus, plusieurs députés ont quitté le parti récemment
pour aller fonder le nouveau groupe à l’Assemblée nationale, Libertés et
Territoires, dont l’ancien président du groupe UDI, Philippe Vigier, et Charles
de Courson (tous deux proches d’Hervé Morin).
Cerise sur le gâteau, alors que Lagarde clame partout qu’il
veut constituer une liste UDI pour les prochaines élections européennes (un
congrès, le 15 décembre, tranchera la question), non seulement, les intentions
de vote dans les sondages demeurent ridiculement basses (entre 2% et 4%) mais
le parti européen auquel est affilié la formation française, l’ALDE (Alliance
des libéraux et des démocrates pour l’Europe) a décidé, lors de son dernier
congrès de faire alliance avec Emmanuel Macron et La république en marche pour
ce scrutin mettant le parti centriste en total porte-à-faux.
La troisième est que l'UDI est de plus en plus inaudible et
n’est souvent invitée dans les médias que pour critiquer le gouvernement et le
président de la république, ce qui ne fait pas un projet ni un programme
politiques.
A nouveau, se pose la pérennité de son existence qu’elle a
réussie jusqu’à présent à assurer malgré les aléas divers et variés.
Alors, pour ressouder une formation qui est plutôt un cartel
électoral (même si le départ de certains élus a renforcé une certaine
homogénéité), quoi de mieux qu’une ligne dure contre un adversaire, qui plus
est, le gouvernement.
Mais cette stratégie que Lagarde semble privilégier
désormais possède un risque majeur: isoler encore plus l’UDI et ne pas lui
rapporter grand-chose politiquement et électoralement parlant.
Ainsi, si un pouvoir centriste échoue, ce ne sera sans doute
pas vers d’autres centristes que se tourneront les électeurs.
Car, rappelons que l’UDI, parti qui se dit centriste, est
dans l’opposition à une majorité centriste ou, ad minima, centrale.
Une contradiction qui risque de se payer cher in fine.
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