François Bayrou & Emmanuel Macron en 2017 |
François
Bayrou semble agacé que, lors de ses dernières interviews, les journalistes lui
demandent systématiquement s’il soutient vraiment Emmanuel Macron, s’il a composer
largement le nouveau gouvernement et s’il est devenu l’homme fort de la
majorité présidentielle surfant sur les difficultés du Président de la
république.
Il
faut dire que sa tactique de «soutien critique» qu’il a développé ces derniers
mois et qu’il semble avoir abandonné pour un soutien plus clair du Président de
la république a donné du grain à moudre aux médias.
Une
tactique qui semble avoir été gagnante et qui l’est pratiquement toujours en
matière politique pour que le plus faible d’une majorité puisse, à un moment
donné, se présenter en position de force face au plus fort pour obtenir des
gains et des concessions.
Il
suffisait d’attendre les inexorables et incontournables difficultés du
président et de son gouvernement pour être la soupape qui leur donne un peu d’air
tout en permettant d’être mieux servi.
Mais,
une fois cette carte mise sur la table, on ne peut pas la réutiliser
immédiatement sous peine de perdre toute crédibilité et tout moyen de pression
pour les prochains trous d’air qui seront tout aussi inexorables et
incontournables.
Dès
lors, on peut se poser la question de savoir si, aujourd’hui, il ne surjoue pas
trop son soutien.
Car,
beaucoup de ses griefs, personnels et politiques, n’ont pas disparu puisqu’Emmanuel
Macron n’a pas changé de politique et qu’il a déclaré qu’il n’en changerait
pas.
De
même, François Bayrou n’a pas été servi (il assure qu’il ne veut rien…) et son
parti, même s’il a des ministres plus en vue, n’a pas une position beaucoup
plus importante dans le gouvernement d’Edouard Philippe.
Alors,
oui, les propos de fidélité, d’adhésion sans aucun état d’âme à la politique
mise en place, les félicitations pour l’homme Macron et son action, jusque dans
les justifications du comportement de ce dernier face aux attaques de l’opposition
et des médias, même des «défauts» que Bayrou pointait lui-même il y a peu, cela
fait beaucoup, trop sans doute pour être tout à fait crédible.
Si
on replace le nouvel état d’esprit du président du Mouvement démocrate
uniquement là où il doit être, la stratégie politique (portée en partie par le
projet politique du MoDem), l’évidence de se repaître d’une phase particulièrement
positive est évidente comme l’est la volonté de la faire fructifier le plus
longtemps possible avant de repartir en tête-à-tête voir face-à-face avec
Emmanuel Macron.
Car
il en va de la survie politique de François Bayrou et du Mouvement démocrate
sur le moyen et long terme.
En
effet, et contrairement à ce que veux faire croire l’éphémère ministre de la
Justice et numéro deux du premier gouvernement d’Edouard Philippe, il n’a pas
fait gagné Emmanuel Macron en 2017, ni par son soutien, ni par les voix qu’il a
apporté lorsqu’il a fait «alliance» avec lui (voix du MoDem qui étaient déjà
largement acquises au candidat d’En marche et qui l’auraient été encore plus,
plus le scrutin aurait approché) et, plus important, son parti est encore
vivant aujourd’hui parce que le Président de la république l’a bien voulu en
lui permettant d’avoir une quarantaine de députés à l’Assemblée nationale pour
le remercier de ce soutien plus symbolique que sonnant et trébuchant.
Du
coup, Bayrou doit absolument faire en sorte que cette manne inespérée (puisque
le candidat de la droite – qui était majoritaire dans le pays – était le favori
de la présidentielle de 2017 et que son nom était François Fillon) ne soit pas
éphémère et que ce coup de chance soit le moyen de bâtir un parti pérenne avec
nombre d’élus mais aussi une nouvelle dynamique pour son destin personnel qui,
malgré ses dénégations, est encore sa principale priorité.
Cette
volonté est évidemment éminemment légitime pour le responsable de parti qu’il
est et pour quelqu’un qui a une ambition politique nationale.
Aujourd’hui,
il peut savourer, malgré les anicroches, le chemin parcourut depuis janvier
2017 (et son ralliement à Macron).
D’homme
du passé en déclin inexorable à la tête d’un parti vide et criblé de dettes, il
est revenu sur le devant de la scène.
De
quoi penser fortement à l’avenir et à ses opportunités mais aussi à surjouer un
soutien à Emmanuel Macron car les gains de cette manœuvre à double-détente
(soutien critique/soutien inconditionnel) peut encore lui rapporter gros.
Alexandre
Vatimbella
Directeur
du CREC
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