Méfiance du pouvoir fort d’un seul, attachement à un
parlementarisme plus démocratique qu’un régime présidentiel, ardente volonté de
construire une Europe fédérale et défense des territoires et de la
décentralisation, les centristes ont vu d’un mauvais œil l’établissement d’une
V° république, régime fait main pour le général De Gaulle, dont on fête aujourd’hui
les soixante ans de la promulgation de la Constitution, le 4 octobre 1958 par
le dernier président de la IV° République, René Coty.
Ainsi, si le principal parti centriste, le MRP (Mouvement républicain
populaire), appela à voter oui lors du référendum sur la constitution du 28 septembre
1958, ses militants et électeurs étaient beaucoup plus partagés, certains voyant
souvent en De Gaulle un partisan d’un régime fort, voire d’un apprenti
dictateur.
Les attaques de ce dernier contre l’Europe puis et surtout l’élection
du président de la république au suffrage universel proposé par référendum et
approuvé par le peuple firent basculé la plupart des centristes dans l’opposition
en 1962 (avec la démission des ministres MRP), aboutissant, entre autres, à la
candidature de Jean Lecanuet lors de la présidentielle de 1965 qui fut pour
beaucoup dans la mise en ballotage du général.
A propos du nouveau mode d’élection du président, rappelons
que le président du Sénat, le centriste Gaston Monnerville, dénonce alors la «forfaiture»
de De Gaulle qui passe en force contre le Parlement pour proposer cette réforme
et appelle à le destituer et à l’arrêter…
Ajoutons qu’en 1969, la réforme su Sénat, alors fief
centriste, soumise par De Gaulle qui voulait largement diminuer ses pouvoirs (réforme
qui fut rejetée et amena à son départ de l’Elysée) éloigna encore plus les
centristes de l’homme mais aussi des institutions.
Aujourd’hui encore, une partie des centristes rejettent une
partie de la Constitution qui avec la pratique, a rogné les droits d Parlement et
impose une république centralisatrice.
Si un François Bayrou
s’est rallié à ces institutions de par son ambition présidentielle, un Jean-Christophe
Lagarde ou un Hervé Morin, entre autres, rappellent souvent que la Constitution
donne trop de pouvoir au président, pas assez au Parlement et empêche toute
réelle décentralisation.
Un sondage publié ce jour semble montrer que les électeurs
de la majorité actuelle, essentiellement centriste, soutiennent fortement les
institutions de la V° République.
Mais, à y regarder de plus près, il semble plutôt qu’ils
soutiennent le pouvoir en place que celles-ci alors que les extrêmes (FI et RN)
largement opposées à la ces mêmes institutions, semblent plus dans la défiance
de la démocratie républicaine libérale.
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