François Bayrou & Marc Fesneau |
Après avoir été silencieux pendant des
semaines, François Bayrou n’arrête plus de s’exprimer dans les médias alors que
l’université d’été de son parti se déroule ce week-end.
Après Le Figaro, TF1, RTL, il est
intervenu sur Cnews sans oublier son discours à ces universités qui sera
retransmis et quelques interviews qui suivront.
Et le message du président du MoDem est
clair, il faut tenir le cap, ne pas trahir les électeurs de Macron avec un
discours où il rappelle qu’il soutien toujours ce dernier mais aussi d’une
grande bienveillance avec l’opposition, notamment sur la commission d’enquête
du Sénat sur l’«affaire Benalla».
De son côté, Marc Fesneau, le président
du groupe MoDem à l’Assemblée nationale, donne désormais de nombreux
interviews, lui qui est sortit de l’ombre pour le grand public en recueillant
86 voix (soit plus du double des députés de son parti) lors de l’élection au
perchoir de cette même assemblée.
Il est en train de s’imposer comme le
numéro deux du parti, rôle dévolu jusque là à Marielle de Sarnez, la fidèle d’entre
les fidèles de Bayrou.
Si ses propos sont très proches de ceux
de son mentor et président, ils divergent sur deux points fondamentaux.
Fesneau est dans une bienveillance, non
seulement à l’égard de Macron mais aussi du gouvernement d’Edouard Philippe et
de LREM (il salue les deux réformes à venir sur la pauvreté et la santé et
comprend le report de la réforme des institutions) et se montre très sceptique
sur la commission d’enquête du Sénat à propos de l’«affaire» Benalla.
Si Bayrou s’est fendu d’un commentaire
positif sur ces réformes et d’une phrase de soutien au Président de la
république, il a été noyé dans un discours très critique sur le fonctionnement
du pouvoir en place.
Et l’on se rappelle qu’il a plusieurs
fois vitupéré sur les abandons de mesures dans la réforme des institutions.
De plus, il n’a pas cessé de légitimité
la commission du Sénat dont les objectifs avoué est de s’en prendre à la
légitimité d’Emmanuel Macron, même s’il estime que l’«affaire» Benalla n’en est
pas une.
On serait tenté de voir dans ces deux
comportements, une différence d’appréciation politique (ce que Bayrou n’a
jamais vraiment supporté de ces subordonnés) ou, peut-être le fameux duo
gentil (Fesneau)-méchant (Bayrou) flics (ou, si l’on préfère, le gentil versus le méchant
centriste)…
S’il s’agir d’une différence politique,
les rapports entre les deux hommes devraient se tendre dans un avenir proche
tant la ligne Bayrou est la ligne officielle sans discussion aucune.
En revanche, s’il s’agit de la
stratégie gentil-méchant, le message envoyé au Président de la république, au Gouvernement
et à LREM pourrait se résumer à «nous sommes toujours avec vous, nous nous
voulons des alliés fidèle mais faites-nous enfin toute la place que nous
affirmons mériter dans la majorité présidentielle ou nous pourrions aller au
clash».
Une troisième analyse est possible.
Aujourd’hui, François Bayrou intervient
comme quelqu’un d’extérieur aux travaux parlementaires, ce qui le coupe d’une
réalité quotidienne que Marc Fesneau vit tous les jours avec ses collègues de
LREM.
De plus, Fesneau ne peut oublier comme
tous ses collègues du Mouvement démocrate à l’Assemblée nationale, qu’ils n’ont
été élus que grâce à la volonté de Macron de leur faire de la place dans la
majorité présidentielle et que, jusqu’à preuve du contraire, ils ne pourront
sauver leurs sièges qu’en demeurant des alliés fidèles.
Pour autant, qui peut croire que Bayrou
est déconnecté du jeu politique?
Alors, il s’agit peut-être des
prémisses de la bataille des anciens contre les modernes qui toucherait enfin
le MoDem (après avoir chamboulé tous les autres partis).
Ce qui expliquerait la volonté d’opposition
soft de Bayrou à la «macronie» qui serait pour lui un moyen d’exister politiquement en
externe et en interne.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC
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