Sans cadre démocratique pas de démocratie, dit-on fort
justement.
Mais cette sorte de tautologie se double d’une autre: sans
peuple démocratique pas de démocratie.
Il ne suffit pas de décréter la démocratie, ni même de la
mettre en place si le peuple refuse de l’appliquer.
C’est d’autant plus vrai dans notre XXI° siècle commençant.
Non seulement il faut un peuple qui adhère à l’idéal
démocratique, à ses règles, à ses principes et à ses valeurs, mais un peuple
qui pratique effectivement et concrètement la démocratie.
Or, force est de constater que ce n’est pas toujours le cas,
loin de là.
Et au lieu d’être dans une courbe ascendante, cette adhésion
(qui demeure encore majoritaire dans la plupart des démocraties républicaines)
et, surtout, cette pratique sont de plus en plus écornées, voire abandonnées.
Dans une démocratie, le peuple ne peut pas être passif,
voire seulement indifférent, comme c’est le cas dans une dictature ou une
autocratie, il doit être actif.
Si le pouvoir démocratique doit rendre des comptes, le
peuple démocratique le doit également.
Pas au pouvoir mais à la collectivité toute entière.
In fine, la démocratie est le seul système politique qui
demande la participation active de l’individu en tant que citoyen pour
fonctionner alors que dictature et autocratie espèrent un peuple atone (sauf
pour célébrer les chefs) et un individu replié sur sa sphère privée.
Attention, lorsque je parle de participation active,
celle-ci se concrétise surtout dans l’acceptation des règles, des principes et
des valeurs et dans la mise en pratique de ceux-ci.
Il ne s’agit pas pour tous les citoyens de les obliger à
s’impliquer dans un engagement politique précis, même si cela serait sans doute
positif et efficace dans l’ancrage démocratique d’une société.
Les partisans de la démocratie ont su, dès le départ, que le
chemin serait long pour l’avènement d’un peuple démocratique.
Certains, en doutant que ce fut possible, ont multiplié les
garde-fous et les pare-feux qui ne sont jamais éternels.
D’autres ont espéré dans une évolution qui, bien sûr, a eu
ses à-coups avec les régimes autocratiques du XIX° siècle, les dictatures du
XX° siècle au premier desquelles trônaient le nazisme, le fascisme et le
communisme.
L’idéal démocratique a repris son élan après le carnage de
la Deuxième guerre mondiale puis après la chute du Mur de Berlin et le massacre
de la place Tienanmen.
Mais la mémoire des peuples est chose bien fragile
malheureusement, tout comme leur sagesse et, pire, leur propres intérêts.
Du coup, les ennuis périphériques à la démocratie (comme les
errements et les fautes dus au fonctionnent frauduleux des modèles économiques
et financiers capitalistes par des organisations et des individus souvent
véreux) et une lassitude incompréhensible à vivre libre, ont ravivé les
mouvements anti-démocratiques, extrémistes et populistes qui ont retrouvé
l’oreille de peuples qui n’est souvent pas capable d’analyser une situation
dans la durée, d’autant que les médias ne jouent pas ce rôle fondamental
d’information en la matière, se focalisant sur l’instant et l’événement sans recul,
sans explication, sans vision historique du moyen et long terme.
Enfin, il est important de rappeler que la démocratie
libérale ne tire pas sa légitimité du peuple et encore moins de son acceptation
par ce même peuple et ce même si, étymologiquement démocratie signifie le
pouvoir du peuple (du grec dêmos, peuple, et kratos,
pouvoir).
Non, de par sa nature libérale (qui est consubstantielle à
sa caractéristique d’institutions faisant que ses gouvernants sont élus par le
peuple), elle est le régime de la liberté pour tous et pour chacun,
c'est-à-dire qu’elle s’impose comme le système légitime dès lors qu’un seul
membre de la communauté la revendique à son profit.
D’ailleurs, même si aucun d’entre eux ne le demande, elle
s’impose tout de même pour l’intérêt bien compris des générations à venir.
Pour autant, si le peuple ne peut révoquer la démocratie,
pour son bon fonctionnement, il doit la pratiquer pour qu’elle soit un
processus constamment en marche et en amélioration pour se rapprocher de son
idéal.
Car, contrairement à ce que pourront prétendre certains, il
n’est pas question de véritable démocratie sans le peuple.
Cependant, ce n’est qu’un peuple éclairé et responsable qui
peut pratiquer la démocratie de manière satisfaisante.
D’où la nécessité du savoir et de l’information afin de
permettre au citoyen de, tout à la fois, rechercher son intérêt et respecter
celui de l’autre.
La démocratie libérale n’est pas autre chose.
Espérons donc que les comportements actuels qui détruisent,
de l’intérieur, les démocraties ne soient que passagers.
Néanmoins, si tel n’était pas le cas, cela ne remettrait pas
en cause cette évidence que personne n’a pu, jusqu’à présent, contredire avec
des arguments définitifs: la démocratie républicaine libérale est le meilleur
système.
Et que ça vaut le coup de se battre pour elle, pour cet
idéal, pour cet espoir.
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