François Bayrou |
A nouveau, François Bayrou confie son mal-être, considérant
que lui et son parti, le Mouvement démocrate, ne sont pas assez respectés par
Emmanuel Macron et son parti, La république en marche.
Et de menacer encore une fois de ne plus être ceux qui
suivront les yeux fermés l’action de l’exécutif et celui du parti hégémonique
de la majorité présidentielle.
Quel est donc l’objet du courroux et de l’indignation du
maire de Pau et de ses troupes cette fois?
De ne pas avoir été associé au choix par LREM du prochain
président de l’Assemblée nationale.
Et de confier ses états d’âme au Figaro:
«Ce n'est pas une affaire de parti politique, même s'il
faudrait de la considération réciproque, mais une grande inquiétude chez nos
adhérents sur une certaine pratique gouvernementale. Pour eux, le sens de
l'élection d'Emmanuel Macron, c'était un engagement de rupture avec les
pratiques anciennes et l'invention de pratiques politiques nouvelles. C'est le
“en même temps” qu'on voit encore très bien dans certains secteurs comme
l'éducation, mais qu'on ne ressent plus du tout dans d'autres. Si les adhérents
MoDem ont le sentiment d'être mis de côté comme mouvement, ça créera une
émotion très grande».
Concomitamment, ses lieutenants relayaient cette charge.
Ainsi, Marc Fesneau, président du groupe MoDem à l’Assemblée
nationale, expliquait, toujours dans Le Figaro, qu’«Il faut être capable
d'écouter la majorité dans sa diversité comme son opposition»
Et le député des Hauts de Seine, Jean-Louis Bourlanges, se
fendait d’un communiqué de presse (!) pour expliquer que «la majorité apparaît
pour ce qu’elle est : un trompe-l’œil», que «le Modem n'est pas seulement un
partenaire de second rang mais qu'il n'est même pas considéré comme un
partenaire tout court» et qu’«à l'occasion de l'élection du président de l’Assemblée
nationale ,nous franchissons une nouvelle étape: après la marginalisation
gouvernementale et la mise à l’écart législative, le Modem est aujourd'hui prié
de reconnaître sa pure et simple inexistence politique.»
Et de poser la question: « Combien de temps encore,
accepterons-nous d’accréditer la fiction que la majorité est autre chose qu’un
parti unique?»
Si l’on comprend bien, le Mouvement démocrate, son président
et quelques uns de ses proches se sont offusqués qu’un parti décide de son côté
qui sera son candidat à la présidence de l’Assemblée nationale depuis que
François de Rugy est devenu ministre de l’écologie.
Et même s’il se trouve que ce candidat à toutes les chances
de devenir l’heureux élu puisque ce parti, LREM, a la majorité absolue dans
cette assemblée et qu’il soit le partenaire du MoDem dans la majorité
présidentielle, on ne voit pas où est la légitimité de cette plainte et, en
creux, de cette demande d’être associé à ce choix.
Car, de son côté, la formation de Bayrou aurait pu désigner
un candidat (ce qu’il fera peut-être) et n’avait pas à demander une autorisation
à qui que ce soit pour le faire.
Si elle est indépendante et pas un simple appendice de LREM,
elle n’a pas a réclamé d’être associée au choix et à ne pas présenter un
candidat au perchoir.
En réalité, le MoDem est, une fois de plus, devant cette
impérieuse nécessité d’exister à tout prix dans une majorité où il compte pour
du beurre et qu’il le sait depuis le début.
Il ne doit pas oublier que tous ses députés sans exception
aucune ont été élus grâce au bon vouloir d’Emmanuel Macron et qu’avant l’élection
de ce dernier, il en avait zéro!
Et que s’il a un poids politique, c’est uniquement grâce au
même Macron qui n’avait aucune obligation de récompenser Bayrou pour son
soutien.
François Bayrou a voulu faire croire que Macron avait été
élu grâce à lui, ce que les sondages de l’époque ne disent absolument pas ainsi
que les résultats du premier tour.
De plus, le président du MoDem ne pouvait pas prendre une
autre décision que de soutenir Macron sauf à torpiller sa carrière politique (à
l’époque, les électeurs du MoDem auraient voté pour la très grande majorité d’entre
eux, de toute façon, pour l’actuel président de la république même s’ils sont
aujourd’hui plus dubitatifs à son propos).
Mais Bayrou a fait fructifier habilement cette fiction de
son apport indispensable pour la victoire de Macron qui a été reprise par ses
troupes puis par les médias, notamment ceux les plus opposés au pouvoir actuel
afin de relativiser celle-ci.
Alors, dès qu’il peut – et la période semble propice à le
faire alors que l’exécutif connait un moment plus délicat avec une presse qui s’en
donne à cœur joie –, Bayrou fait part de ses états d’âme et menace de ruer dans
les brancards.
Il veut, tout à la fois, éviter d’être associé aux déboires
de Macron et de ses troupes, tout en trouvant une tribune facile pour rappeler
son existence et sa différence.
Cependant, il sait que s’il créait une crise, il en serait
une des premières victimes parce que, encore une fois, ce n’est pas Bayrou qui
est venu à la rescousse de Macron, mais Macron qui a sauvé la carrière
politique de Bayrou comme l’avait fait en 2014 Alain Juppé quand il l’avait fait
élire maire de Pau.
Néanmoins, cette stratégie pourrait être perdante.
Ainsi, en étant le râleur de service, Bayrou risque de ne
plus être un recours crédible pour Macron afin de relancer son quinquennat si
cela s’avérait nécessaire.
A être trop impatient, il pourrait laisser passer son tour.
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