mercredi 12 septembre 2018

Actualités du Centre. MoDem: l’impérieuse nécessité d’exister ou le mal-être de Bayrou

François Bayrou
A nouveau, François Bayrou confie son mal-être, considérant que lui et son parti, le Mouvement démocrate, ne sont pas assez respectés par Emmanuel Macron et son parti, La république en marche.
Et de menacer encore une fois de ne plus être ceux qui suivront les yeux fermés l’action de l’exécutif et celui du parti hégémonique de la majorité présidentielle.
Quel est donc l’objet du courroux et de l’indignation du maire de Pau et de ses troupes cette fois?
De ne pas avoir été associé au choix par LREM du prochain président de l’Assemblée nationale.
Et de confier ses états d’âme au Figaro:
«Ce n'est pas une affaire de parti politique, même s'il faudrait de la considération réciproque, mais une grande inquiétude chez nos adhérents sur une certaine pratique gouvernementale. Pour eux, le sens de l'élection d'Emmanuel Macron, c'était un engagement de rupture avec les pratiques anciennes et l'invention de pratiques politiques nouvelles. C'est le “en même temps” qu'on voit encore très bien dans certains secteurs comme l'éducation, mais qu'on ne ressent plus du tout dans d'autres. Si les adhérents MoDem ont le sentiment d'être mis de côté comme mouvement, ça créera une émotion très grande».
Concomitamment, ses lieutenants relayaient cette charge.
Ainsi, Marc Fesneau, président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale, expliquait, toujours dans Le Figaro, qu’«Il faut être capable d'écouter la majorité dans sa diversité comme son opposition»
Et le député des Hauts de Seine, Jean-Louis Bourlanges, se fendait d’un communiqué de presse (!) pour expliquer que «la majorité apparaît pour ce qu’elle est : un trompe-l’œil», que «le Modem n'est pas seulement un partenaire de second rang mais qu'il n'est même pas considéré comme un partenaire tout court» et qu’«à l'occasion de l'élection du président de l’Assemblée nationale ,nous franchissons une nouvelle étape: après la marginalisation gouvernementale et la mise à l’écart législative, le Modem est aujourd'hui prié de reconnaître sa pure et simple inexistence politique.»
Et de poser la question: « Combien de temps encore, accepterons-nous d’accréditer la fiction que la majorité est autre chose qu’un parti unique?»
Si l’on comprend bien, le Mouvement démocrate, son président et quelques uns de ses proches se sont offusqués qu’un parti décide de son côté qui sera son candidat à la présidence de l’Assemblée nationale depuis que François de Rugy est devenu ministre de l’écologie.
Et même s’il se trouve que ce candidat à toutes les chances de devenir l’heureux élu puisque ce parti, LREM, a la majorité absolue dans cette assemblée et qu’il soit le partenaire du MoDem dans la majorité présidentielle, on ne voit pas où est la légitimité de cette plainte et, en creux, de cette demande d’être associé à ce choix.
Car, de son côté, la formation de Bayrou aurait pu désigner un candidat (ce qu’il fera peut-être) et n’avait pas à demander une autorisation à qui que ce soit pour le faire.
Si elle est indépendante et pas un simple appendice de LREM, elle n’a pas a réclamé d’être associée au choix et à ne pas présenter un candidat au perchoir.
En réalité, le MoDem est, une fois de plus, devant cette impérieuse nécessité d’exister à tout prix dans une majorité où il compte pour du beurre et qu’il le sait depuis le début.
Il ne doit pas oublier que tous ses députés sans exception aucune ont été élus grâce au bon vouloir d’Emmanuel Macron et qu’avant l’élection de ce dernier, il en avait zéro!
Et que s’il a un poids politique, c’est uniquement grâce au même Macron qui n’avait aucune obligation de récompenser Bayrou pour son soutien.
François Bayrou a voulu faire croire que Macron avait été élu grâce à lui, ce que les sondages de l’époque ne disent absolument pas ainsi que les résultats du premier tour.
De plus, le président du MoDem ne pouvait pas prendre une autre décision que de soutenir Macron sauf à torpiller sa carrière politique (à l’époque, les électeurs du MoDem auraient voté pour la très grande majorité d’entre eux, de toute façon, pour l’actuel président de la république même s’ils sont aujourd’hui plus dubitatifs à son propos).
Mais Bayrou a fait fructifier habilement cette fiction de son apport indispensable pour la victoire de Macron qui a été reprise par ses troupes puis par les médias, notamment ceux les plus opposés au pouvoir actuel afin de relativiser celle-ci.
Alors, dès qu’il peut – et la période semble propice à le faire alors que l’exécutif connait un moment plus délicat avec une presse qui s’en donne à cœur joie –, Bayrou fait part de ses états d’âme et menace de ruer dans les brancards.
Il veut, tout à la fois, éviter d’être associé aux déboires de Macron et de ses troupes, tout en trouvant une tribune facile pour rappeler son existence et sa différence.
Cependant, il sait que s’il créait une crise, il en serait une des premières victimes parce que, encore une fois, ce n’est pas Bayrou qui est venu à la rescousse de Macron, mais Macron qui a sauvé la carrière politique de Bayrou comme l’avait fait en 2014 Alain Juppé quand il l’avait fait élire maire de Pau.
Néanmoins, cette stratégie pourrait être perdante.
Ainsi, en étant le râleur de service, Bayrou risque de ne plus être un recours crédible pour Macron afin de relancer son quinquennat si cela s’avérait nécessaire.
A être trop impatient, il pourrait laisser passer son tour.


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