dimanche 30 septembre 2018

L’Humeur du Centriste. Critiquer le «en même temps», c’est s’en prendre à la démocratie

Dans la haine et le ressentiment, les adversaires d’Emmanuel Macron s’en prennent quotidiennement au «en même temps» qui serait la marque de fabrique du candidat puis du président de la république.
Or nous avons souvent dit ici qu’il n’avait rien inventé et que cette locution est éminemment centriste, surtout et plus fondamentalement, elle est exprime ce que doit être une vraie démocratie républicaine.
«En même temps», c’est donner le plus que l’on peut à tous en servant tout le monde dans un juste équilibre démocratique et républicain, c’est permettre à l’économie de fonctionner efficacement tout en assurant la solidarité nécessaire pour tous ceux qui sont laissés à un moment ou un autre sur le bord du chemin par sa dureté, c’est garantir la liberté de chacun en assurant sa sécurité, c’est faire en sorte que l’égalité fonctionne avec cette même liberté.
Oui, le «en même temps», c’est tout cela et plus encore.
«En même temps», c’est cette obligation de trouver des compromis et des consensus (et non des compromissions et des unanimismes) pour que la démocratie républicaine fonctionne correctement, pour qu’elle avance, pour que l’inclusion soit une réalité, pour que l’exclusion soit un accident.
C'est le un dans sa différence ontologique et c'est le tous dans la ressemblance égalitaire.
Alors, évidemment, personne ne prétend que Macron fait du «en même temps» tout le temps, ni même qu’il parvienne à ses fins ou même qu’il n’instrumentalise pas parfois cette locution.
Et le problème n’est pas là.
En attaquant sans relâche ce «en même temps», en essayant de le ridiculiser, on s’en prend directement à la démocratie qui n’a guère besoin de cela par les temps qui courent pour être fragilisée.
Ceux qui s’adonnent à ce petit jeu politicien doivent savoir que la démocratie républicaine et non Emmanuel Macron risquent d’en payer le prix parce que le contraire du «en même temps», c’est le tout exclusif, c’est le refus du partage, c’est la victoire d’un camp sur un autre et le conflit perpétuel.

Centristement votre.

Le Centriste


samedi 29 septembre 2018

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Oui, il y a des idéologies que la démocratie doit combattre

Ni Wei ou Lin, ni Mohamed ou Yasmine, ni Jacob ou Tal, ni Jean ou Marie, ni Mamadou ou Amina, ni Aarav ou Priya, ni Hiroki ou Yuka, ni tel ou tel être humain, ne sont ontologiquement anti-démocrates.
Que ceux-ci soient blancs, noirs, jaunes, rouges, marrons ou mélangés ne les prédispose pas à porter en eux les gènes du totalitarisme.
Qu’ils habitent l’Europe, l’Afrique, l’Asie, l’Amérique ou l’Australie n’implique aucunement qu’ils naissent admirateurs de chefs autocrates ou qu’ils nourrissent des pensées totalitaires.
Aucun(e) n’est un(e) ennemi(e) de la démocratie a priori.
Mais les idéologies auxquelles ils ou elles peuvent être exposés puis souscrire, qu’ils ou elles peuvent soutenir, qu’ils ou elles peuvent faire leur, elles, peuvent l’être.
Pire, ces idéologies (présentées comme des certitudes évidentes dans la société, à l’école, dans la famille, dans des lieux de culte, etc.) peuvent leur être inculquées de force dès leur plus jeune âge, les amenant à les croire «naturelles» et les considérer comme des «vérités».
Ainsi de certaines religions, de certaines doctrines politiques, de certaines philosophies de vie.
Avant d’aller plus loin, définissons ce qu’est une idéologie.
Une idéologie est un système d'idées plus ou moins générales et un ensemble de représentations qui constituent un corps de doctrine philosophique, politique ou métaphysique qui propose une grille comportementale pour un individu ou un collectif sur tous les plans de l’existence ou certains d’entre eux (culturel, sociétal, politique, économique, religieux, etc.).
Ce système d’idées est plus ou moins fermé et l’ensemble de représentations qu’il véhicule plus ou moins prédéfini.
Ici, je veux donc parler des idéologies totalitaires, de celles qui prétendent enfermer les individus dans un carcan contraignant où sont niées les libertés de chacun au nom d’un idéal qui doit dépasser l’humain (un dieu, un chef, une idée, un collectif).
En ce sens, Mao, Mussolini, Hitler, Mahomet, Lénine, Hobbes, Rousseau, Marx, Schmitt, Gobineau, Farrakhan et quelques autres (dont certains théologiens chrétiens qui détournèrent et pervertirent le message de Jésus comme le firent également certains bouddhistes à propos des paroles de Siddhartha Gautama) sont les inventeurs et les propagateurs d’idéologies totalitaires et anti-démocratiques qui, pour certains, leur ont permis d’asservir à leurs intérêts ceux qui les ont suivis de gré ou de force et de combattre ceux qui refusaient de croire et d’obéir (sans oublier leurs rejetons indignes qui ont parfois surpassés leurs maîtres comme Staline, Pol Pot, Khomeiny, Franco, el-Banna, Kim Jong-Il et la liste est vraiment longue…).
Et ces idéologies qui affirment pour toute sorte de raisons fallacieuses que les humains (ou de certains d’entre eux) n’ont pas le droit d’exercer leur libre-arbitre, doivent être combattues sans faiblesse et sans relâche par la démocratie et ceux qui la soutiennent.
Plus, ces idéologies ne peuvent être acceptées par un régime démocratique au nom d’une liberté et d’une égalité qu’elles nient et dont elles se proposent de faire un sort.
«Pas de liberté pour les ennemis de la liberté» disait l’exalté Saint-Just.
Et s’il ne faut évidemment pas couper la tête à ceux qui combattent la démocratie, il ne faut pas leur permettre d’utiliser les outils de celle-ci pour l’abattre ainsi que leur interdire de pouvoir faire du prosélytisme grâce à leur propagande.
Certains estiment que la démocratie montre sa faiblesse quand elle interdit le débat avec les ennemis de la liberté alors que c’est tout le contraire.
Une démocratie forte est celle qui empêche les ennemis de la liberté de se servir de celle-ci pour la détruire.
Prétendre que le nazisme et ses idées peuvent être promues par leurs admirateurs au nom d’une liberté qu’ils veulent détruire est un non-sens car la démocratie et ses valeurs ne sont pas négociables en tant qu’elles offrent le meilleur (ou moins mauvais) système de gouvernement des humains par les humains pour les humains en respectant tous les humains et chaque humain dans sa dignité de personne libre et égale.
A ce propos, je n’oublie jamais cette histoire véridique venue des Etats-Unis, première et plus longue démocratie de l’Histoire.
Des nazis qui avaient prononcés des paroles antisémites ignobles et vantés Adolf Hitler, furent traduits devant la justice.
Au nom de la liberté de parole contenue dans le premier amendement de la Constitution américaine, des avocats juifs se proposèrent de les défendre.
Lorsqu’ils furent acquittés, ces mêmes avocats, interrogés par une chaine de télévision, déclarèrent sur les marches du tribunal que, bien entendu, ils ne soutenaient pas ces personnages mais que la démocratie avait gagné.
Puis sortirent les nazis en question qui, hilares, devant les mêmes caméras dirent, à propos de ces avocats: «on les a bien eus ces connards!».
Tout est dit.


vendredi 28 septembre 2018

Actualités du Centre. Pour Macron, les réformes rendent impopulaire

Emmanuel Macron
Emmanuel Macron, lors d’une interview à New York sur Bloomberg TV est revenu sur sa cote de popularité qui a nettement baissé et les réformes qu’il a mis en route.
Selon lui, «Les sondages, ce n'est pas une grande surprise pour moi. Vous réformez, certains ne sont pas d'accord et ne voient pas les bénéfices de ces réformes. Car il faut du temps pour obtenir des résultats».
Et d’ajouter: «Je ne suis pas guidé par les sondages. Je suis guidé par des résultats à long terme, pour mon pays et mes concitoyens. Je suis guidé par une mission, je ne suis pas guidé par les sondages.»
Le président de la république a estimé qu’«évidemment, le meilleur moyen d'avoir de bons sondages, c'est de donner de l'argent aux gens, c'est sûr. Mais ce n'est pas ce que je propose aux gens, ce n'est pas ma perspective».
Puis il a affirmé que les réformes continueront:
«Je dois réformer mon pays en profondeur. Donc l'an dernier, on a fait la réforme du marché du travail, la réforme de la SNCF, et on lance de nouvelles réformes : assurance chômage, retraite, énergie. On va garder exactement le même rythme, on va se dépêcher de réformer le pays»
Quant à sa bataille pour l’Europe et la manière de combattre les populismes, il a déclaré qu’ «il fallait d’abord reconnaître l’existence des peurs».
Et de poursuivre:
«Je ne crois pas dans une globalisation sans aucune protection pour les gens et les travailleurs. Mais je ne crois pas que l’on puisse répondre aux profonds besoins et désirs de nos peuples en fermant nos frontières et en revenant au nationalisme. Je pense que c’est une grosse erreur. La meilleure preuve pour moi, c’est que ce que proposent Viktor Orban et Matteo Salvini pour leur pays, ce ne sont pas des solutions pour lutter contre l’immigration mais c’est incompatible sans l’existence de l’Union européenne. Ainsi Orban est le meilleur ennemi de Salvini puisqu’il ne vaut pas prendre d’immigrés venant d’Italie! Le nationalisme c’est la guerre généralisée. Mon objectif est d’abord de réformer en France et en Europe pour montrer que ça marche, que c’est mieux pour les peuples, que ça donne des résultats pour faire baisser le chômage et donner plus de sécurité. Ensuite, je veux convaincre les gens que la coopération est la meilleur façon de régler nos problèmes collectifs que ce soit l’immigration, le changement climatique, les avancées numériques, etc. Tous ces challenges sont impossibles à régler par une voie uniquement nationale.»
Il a aussi affirmé qu’il n’était pas déçu par le comportement de l’Allemagne et d’Angela Merkel vis-à-vis de l’Europe en citant quelques avancées réalisées en commun par les deux pays.


Actualités du Centre. «Réveillons l’Europe!», la tribune de sept leaders politiques centristes européens

Christophe Castaner (délégué général de LREM, France), Guy Verhofstadt (ex-Premier ministre, Belgique), Matteo Renzi (sénateur, ancien président du Conseil, Italie), Albert Rivera (président de Ciudadanos, Espagne), Joseph Muscat président du Parti travailliste et Premier ministre, Malte), Alexander Pechtold (chef politique des Démocrates 66, Pays-Bas), Dacian Ciolos(ancien commissaire européen, président du mouvement Roumanie ensemble, ex-Premier ministre, Roumanie), tels sont les cosignataires prestigieux et emblématiques d’une tribune intitulée «Réveillons l’Europe!» qui vient d’être publiée dans plusieurs journaux européens.
Au-delà du texte (le lire ci-dessous), c’est bien la signature de ces différentes personnalités qui est importante.
Voilà réunis, à quelques mois des élections au Parlement européen de mai 2019, sept leaders centristes dans une démarche qui pourrait devenir bientôt ce fameux rassemblement des progressistes voulu et souhaité pour ce scrutin par Emmanuel Macron pour faire face aux populistes nationalistes anti-européens et que Guy Verhofstadt, responsable de l’ADLE (Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe) qui regroupe l’ensemble des partis centristes européens (dont l’UDI, le MoDem et le Mouvement radical) a appelé de ses vœux récemment en répondant favorablement à la proposition du président français.
Quoi qu’il en soit, ce texte est une première victoire pour Emmanuel Macron dans son combat pour une Union européenne approfondie et plus forte.

Texte de la tribune:
En 1918, l’Europe sortait exsangue d’une guerre qui avait saigné ses peuples et ne réglait rien des tensions qui la minaient. En 1939, un nouveau conflit éclatait sur fond de crise et de montée des fascismes. Il fallut des décennies d’efforts et de compromis pour qu’une nouvelle génération puisse enfin proposer aux Européens ce que les dirigeants somnambules de deux guerres leur avaient refusé: une Europe de paix, de prospérité et de liberté.
Un siècle plus tard, alors que notre continent fait de nouveau face à la division et à l’immobilisme, nous refusons d’être une génération endormie. Il faut agir maintenant, ou le projet européen s’essoufflera. Pire: il pourrait être asphyxié par des dirigeants populistes pour qui l’Union est une anomalie de l’Histoire qu’il convient de déconstruire.
A huit mois d’élections qui permettront aux citoyens de 27 pays de choisir l’Europe qu’ils veulent, nous lançons donc un appel: nous proposons de refonder l’Europe pour enfin répondre aux attentes des citoyens et renouer avec la promesse européenne.
L’Europe actuelle paraît trop souvent dépassée par les défis auxquels elle fait face, qu’ils soient écologiques, économiques ou migratoires. Elle est dépassée par les attentes des citoyens qui exigent moins de normes et plus d’action. Elle est dépassée par des engagements qu’elle ne peut plus tenir faute de vision commune et d’un fonctionnement performant.
La promesse européenne n’est pourtant pas perdue: elle sommeille. Les avancées récentes en matière de travail détaché et de défense montrent que l’Europe progresse quand la volonté politique rallie les Européens autour d’un projet clair et ambitieux. Sur la taxation numérique nous sommes au début du processus mais nous savons qu’une solution européenne est la seule possible. Le discours de la Sorbonne du président Macron, prononcé il y a un an, va dans ce sens: il nous appartient maintenant d’en faire une réalité de tous les jours.
Il ne s’agit pas seulement de dépasser pour de bon les clivages qui animent la politique européenne depuis quarante ans et qui ont mené à l’impasse actuelle – ou de rappeler avec force que tous les Orbán, les Le Pen, les Salvini d’Europe ne savent rien faire d’autre qu’incriminer l’Union de tous les maux sans rien proposer de constructif, sans même se mettre d’accord sur une réponse. Nous devons proposer.
C’est pourquoi notre projet de refondation est clair. Plutôt que les menaces de «nettoyage de masse» de M. Salvini, de «se débarrasser de l’islam» de l’AfD ou d’«en finir avec l’Europe» de Mme Le Pen, nous revendiquons fièrement les valeurs fondatrices de paix, de liberté, de prospérité, de solidarité. Plutôt que les appels à museler la justice et les oppositions, nous revendiquons le respect strict de l’Etat de droit et des institutions démocratiques. Plutôt qu’un continent divisé et affaibli maintenu à la merci des autres grandes puissances du monde, nous revendiquons une Europe souveraine qui agit avec force partout où l’action de pays isolés est impuissante : la politique économique et monétaire, la sécurité et la défense, la transition écologique et agricole, la politique sociale, l’immigration et l’intégration, le changement numérique.
C’est également pourquoi notre méthode est claire. Nous sommes résolus à ne rien nous interdire. Nous sommes prêts à réformer les traités si la refondation l’exige. Nous sommes décidés à avancer en dépit des blocages, chacun devant aller à son rythme. Nous voulons une Europe plus forte, ensemble, donc nous resterons ouverts à ceux qui voudront nous rejoindre sur le parcours. Nous sommes résolus à dépasser les structures partisanes existantes si celles-ci agissent comme des obstacles. Nous nous engageons à faire porter cette refondation par des hommes et des femmes représentatifs de leur pays, de l’Ouest comme de l’Est, du Nord comme du Sud, passionnés d’Europe, déterminés à s’investir dans ce projet historique – là où les autres se contentent d’incantations ou de faire de la figuration. Il nous reste ainsi huit mois pour convaincre, dans chacun de nos pays, que l’Europe mérite ce nouveau projet, et que les citoyens méritent cette nouvelle Europe. Huit mois, c’est le temps que nous donnons pour proposer la voie du sursaut européen.