Par Aris de Hesselin
Dans cette rubrique, nous publions les
points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement
ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire
progresser la pensée centriste.
Aris de Hesselin est un avocat
international, centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation
humaniste. Ses propos sont les siens et non ceux du CREC.
John McCain |
La mort John McCain a été honorée par l’ensemble du monde
politique américain, à l’exception de Donald Trump que le sénateur américain de
l’Arizona abhorrait et dont il avait précisé qu’il ne voulait pas de sa
présence lors de ses obsèques.
Car McCain était un vrai gentleman de la politique, un homme
de principes et de valeurs qui ne supportaient l’hôte actuel de la Maison
blanche pour sa bêtise, ses mensonges, son inaptitude à diriger un pays et son
populisme ravageur.
Il était également un héros de la guerre du Vietnam au cours
de laquelle il avait été fait prisonnier (ce qui avait fait dire à Trump qu’un
héros ne se faisait jamais attrapé par l’ennemi, lui qui, par lâcheté, avait
tout fait pour ne pas se battre!).
Il est souvent présenté comme un centriste.
Or, s’il est une personnalité qui a toujours encouragé le
dialogue entre les deux grands partis américains, le Parti républicain et le
Parti démocrate, il fut toujours un ardent républicain toute sa vie et plutôt
un conservateur bon teint.
Il a toujours combattu les progrès sociaux mis en place par
les démocrates (comme la loi sur l’assurance santé de Barack Obama) et n’a pas
hésité à prendre des positions très à droite.
Surtout, lorsqu’il a été le candidat républicain à l’élection
présidentielle de 2008, face au même Obama, il a décidé de prendre comme colistière,
l’ancienne gouverneure de l’Alaska, la populiste démagogue et totalement incompétente
Sarah Palin pour faire plaisir à l’aile ultraconservatrice du parti et séduire
les électeurs extrémistes.
Pour nombre de politologues, d’ailleurs, le choix de Sarah
Palin a ouvert la voie, en 2016, à la nomination de Trump comme candidat
républicain puis à sa victoire.
Il est à noter que Palin, égérie du mouvement d’extrême-droite
du Tea Party, a été une des plus grandes supportrices de Trump…
Bien sûr, McCain a, plus tard, regretté son choix qu’il a
toujours refusé d’expliquer, ne parlant plus jamais de Palin qui n’est pas
invitée à ses obsèques.
Cette «erreur» est tout de même à mettre en parallèle avec sa
dernière campagne sénatoriale où, concurrencé par des membres du Tea Party, il
n’a pas hésité à radicaliser son discours et à prendre des positions très peu
centristes.
Dès lors, il n’est guère possible de le voir comme un homme
du Centre mais plutôt comme un politique qui pouvait, sur certains sujets et
dossiers, travailler avec les démocrates pour trouver des solutions.
A une époque, que ce soit au Parti républicain ou au Parti
démocrate, ils étaient nombreux comme lui à chercher, quand cela était
possible, des compromis dans la modération.
Aujourd’hui, avec sa disparition, on n’en compte plus qu’une
toute petite poignée chez les républicains et un peu du côté démocrate.
En cela, sa mort semble être une nouvelle étape dans une
radicalisation de la vie politique américaine qui, certes, n’est pas une
première mais qui annonce des batailles partisanes bien dommageables pour les
Etats-Unis.
Aris de Hesselin
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