vendredi 31 août 2018

Vues du Centre. John McCain était-il centriste?

Par Aris de Hesselin

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Aris de Hesselin est un avocat international, centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation humaniste. Ses propos sont les siens et non ceux du CREC.

John McCain
La mort John McCain a été honorée par l’ensemble du monde politique américain, à l’exception de Donald Trump que le sénateur américain de l’Arizona abhorrait et dont il avait précisé qu’il ne voulait pas de sa présence lors de ses obsèques.
Car McCain était un vrai gentleman de la politique, un homme de principes et de valeurs qui ne supportaient l’hôte actuel de la Maison blanche pour sa bêtise, ses mensonges, son inaptitude à diriger un pays et son populisme ravageur.
Il était également un héros de la guerre du Vietnam au cours de laquelle il avait été fait prisonnier (ce qui avait fait dire à Trump qu’un héros ne se faisait jamais attrapé par l’ennemi, lui qui, par lâcheté, avait tout fait pour ne pas se battre!).
Il est souvent présenté comme un centriste.
Or, s’il est une personnalité qui a toujours encouragé le dialogue entre les deux grands partis américains, le Parti républicain et le Parti démocrate, il fut toujours un ardent républicain toute sa vie et plutôt un conservateur bon teint.
Il a toujours combattu les progrès sociaux mis en place par les démocrates (comme la loi sur l’assurance santé de Barack Obama) et n’a pas hésité à prendre des positions très à droite.
Surtout, lorsqu’il a été le candidat républicain à l’élection présidentielle de 2008, face au même Obama, il a décidé de prendre comme colistière, l’ancienne gouverneure de l’Alaska, la populiste démagogue et totalement incompétente Sarah Palin pour faire plaisir à l’aile ultraconservatrice du parti et séduire les électeurs extrémistes.
Pour nombre de politologues, d’ailleurs, le choix de Sarah Palin a ouvert la voie, en 2016, à la nomination de Trump comme candidat républicain puis à sa victoire.
Il est à noter que Palin, égérie du mouvement d’extrême-droite du Tea Party, a été une des plus grandes supportrices de Trump…
Bien sûr, McCain a, plus tard, regretté son choix qu’il a toujours refusé d’expliquer, ne parlant plus jamais de Palin qui n’est pas invitée à ses obsèques.
Cette «erreur» est tout de même à mettre en parallèle avec sa dernière campagne sénatoriale où, concurrencé par des membres du Tea Party, il n’a pas hésité à radicaliser son discours et à prendre des positions très peu centristes.
Dès lors, il n’est guère possible de le voir comme un homme du Centre mais plutôt comme un politique qui pouvait, sur certains sujets et dossiers, travailler avec les démocrates pour trouver des solutions.
A une époque, que ce soit au Parti républicain ou au Parti démocrate, ils étaient nombreux comme lui à chercher, quand cela était possible, des compromis dans la modération.
Aujourd’hui, avec sa disparition, on n’en compte plus qu’une toute petite poignée chez les républicains et un peu du côté démocrate.
En cela, sa mort semble être une nouvelle étape dans une radicalisation de la vie politique américaine qui, certes, n’est pas une première mais qui annonce des batailles partisanes bien dommageables pour les Etats-Unis.

Aris de Hesselin


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