Les élections de mi-mandat qui auront lieu en novembre
prochain pourraient permettre au Parti démocrate de reprendre la majorité des
sièges au Congrès, que ce soit à la Chambre des représentants et au Sénat,
malgré les bons résultats de l’économie américaine et une base républicaine qui
continue de soutenir Donald Trump.
Mais ce dernier qui, selon le Washington Post, a menti plus
de trois mille fois depuis son élection (!), est toujours considéré par la
majorité des Américains comme le pire président que le pays ait jamais eu,
menteur, imprédictible, dangereux et incompétent avec une enquête sur ses liens
avec le pouvoir russe qui devient de plus en plus périlleuse pour son mandat au
fur et à mesure des résultats des investigations menées par le procureur
spécial, Robert Mueller.
Autant étonnant que cela puisse paraitre, ce portrait
particulièrement négatif du président ne garantit pas la victoire des
démocrates mais la rend seulement possible parce que, d’une part, le découpage
inique des circonscriptions avantage les républicains et parce que ces derniers
vont généralement plus voter lors des élections législatives – notamment celles
de mi-mandat – que les démocrates.
De même, personne ne sait exactement ce que vont faire les
déçus de Trump.
Néanmoins, il semble qu’une victoire est possible.
Mais comment faut-il parler aux électeurs?
Telle est la grande interrogation chez les démocrates.
Faut-il promettre tout et n’importe quoi comme Trump avec
une connotation de gauche (comme le fit Bernie Sanders lors de la primaire
démocrate face à Hillary Clinton) ou jouer la carte centriste et la volonté
d’aller de l’avant sans démagogie et populisme?
Le débat fait rage actuellement chez les démocrates ainsi
que dans la presse et chaque camp sort ses sondages et ses victoires
électorales pour démontrer qu’il a raison.
Est-ce que, comme le prétend sérieusement un soutien de
Trump, il faut parler aux émotions des électeurs qui savent bien que les
promesses qui sont faites ne verront jamais le jour (comme la réouverture des
mines de charbon) mais qui aiment qu’on se range de leur côté ou faut-il parler
le langage de la vérité (un centriste démocrate expliquant qu’il n’a pas
l’habitude de parler à ses électeurs pour leur mentir systématiquement)?
La gauche du Parti démocrate voit, en tout cas, une
opportunité historique de positionner le parti très à gauche (ce qui lui a
rarement réussi) en estimant que les électeurs, en «choisissant» Trump (qui a
quand même eu trois millions d’électeurs en moins qu’Hillary Clinton) a montré
la voie en séduisant les classes sociales les plus basses avec son discours
populiste où il a promis tout et n’importe quoi sans réaliser quoi que ce soit
pour les plus démunis.
Et, selon eux, pas besoin d’aller chercher les électeurs
modérés pour gagner, comme le prétendent les centristes, il faut simplement
mobiliser les électeurs démocrates qui ne se rendent pas aux urnes.
Ce message de la gauche du Parti démocrate a pu se faire
entendre grâce à… Trump.
D’une certaine façon, cette gauche intransigeante et
idéologiquement marquée peut dire merci au populiste démagogue qui occupe le
Bureau ovale de la Maison blanche.
Sa victoire a, en effet, boosté ces extrémistes démocrates
(comme l’espéraient depuis vingt ans les républicains qui faisaient tout pour
parvenir à ce résultat en bloquant le système démocratique) et a jeté plus qu’une
ombre sur le projet centriste.
Néanmoins, les leaders de cette gauche, enivrés par quelques
victoires électorales et une mobilisation de leur base, sont incapables de
prouver que leur stratégie est la bonne.
Les seules fois où le Parti démocrate s’est radicalisé, il a
connu les pires défaites de son histoire comme lors de la présidentielle de
1972 où George McGovern fut laminé par Richard Nixon.
Reste que, dans un pays où les inégalités sont de plus en
plus fortes, leur volonté de taxer les riches et d’augmenter les salaires des
plus pauvres trouve évidemment un écho.
Pour autant, certains sondages brandis par les centristes
indiquent que s’ils ont le choix entre une politique qui réduit les inégalités
et une qui augmente les opportunités, une large majorité des électeurs
choisirait la seconde.
Du coup, si les centristes démocrates sont moins audibles,
moins «sexy» et «bankable», ils ont sans doute la meilleure stratégie en
privilégiant les opportunités tout en voulant réduire les inégalités.
En réalité, il est fort possible qu’avec deux messages
concurrents, les démocrates puissent remporter les prochaines élections.
Reste que la question demeurera entière pour la
présidentielle de 2020 où, là, il faudra un discours unique et un candidat
consensuel.
Or, là, les démocrates n’ont, pour l’instant, ni l’un, ni
l’autre…
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
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