Depuis plusieurs semaines et après un an de pouvoir de la
majorité présidentielle, les partis centristes de l’UDI, de Les centristes et
du Mouvement démocrate ainsi que leurs représentants abreuvent la sphère
politico-médiatique de propos, parfois ambigus, parfois d’une agressivité forte
contre ce que l’on croyait qu’ils défendaient, le plus souvent pour se payer le
Gouvernement et le Président de la république.
Même si les critiques ont toujours existé depuis l’élection
d’Emmanuel Macron de la part de centristes, elles n’avaient jamais eu autant,
en nombre, d’importance et d’intensité.
Est-ce voulu et dans quel but?
Avant de répondre à ces deux interrogations, petit tour
d’horizon.
- Mouvement démocrate
Les descentes de François Bayrou, membre à part entière de
la majorité présidentielle faut-il le rappeler encore une fois, contre un Gouvernement
et un Président de la république qui ne seraient pas assez dans le social sont
désormais une sorte de tarte à la crème même si le leader du MoDem a affirmé
qu’il avait enfin compris le projet d’Emmanuel Macron lors du discours de ce
dernier à Versailles devant le Congrès.
Mais il n’y a pas que lui et le social, un thème que
pratiquement tous les membres du Mouvement démocrate ont utilisé pour critiquer
le pouvoir en place.
Il y a bien sûr la réforme des institutions où le même
Bayrou avait expliqué qu’elle était inacceptable en l’état, que Macron avait
trahi les promesses qu’il lui avait faites lorsqu’il lui avait accordé son
soutien pendant la campagne présidentielle.
On a même vu un député MoDem critiquer l’économie qui ne
serait pas libérale.
- UDI
Un coup le «gentil flic», un coup le «méchant flic», voilà
comment on pourrait caricaturer le comportement de l’UDI et de son président,
Jean-Christophe Lagarde vis-à-vis du pouvoir.
Ainsi, Lagarde a trouvé une sorte de mécanisme qu’il utilise
pratiquement à chaque intervention (un peu comme son ennemi intime, Hervé
Morin, président de Les centristes…), qui est de d’abord louer l’action du
Président de la république avant de tomber à bras raccourcis sur son action,
son comportement et sa personne, tout en prétendant être d’accord avec de
dernier «à 60%» tout en expliquant qu’il n’est «pas membre de la majorité»…
Ses lieutenants utilisent à peu près la même stratégie,
comme par exemple le président du groupe Union centriste au Sénat, Hervé
Marseille.
- Les Centristes
Hervé Morin est atteint de la maladie d’hubris et se croit
capable de se réintroduire dans le jeu national de par ses fonctions régionales
(président de la région Normandie et de l’association sans aucun pouvoir des
présidents de région), les Normands apprécieront.
Alors il n’y va pas avec le dos de la cuillère avec des
attaques personnelles contre le Président de la république et un discours de
l’à peu près voire du mensonge et avec beaucoup de violence verbale qui
ressemble parfois à celui de Trump.
A noter, tout de même, que les autres membres de son parti
demeurent dans une critique nettement moins systématique et outrancière.
Tous ces dérapages, au-delà de leur forme et parfois de leur
ineptie, sont voulus, c’est le premier point.
Personne ne doute un instant que des personnalités
politiques comme Bayrou, comme Lagarde ou comme Morin et leurs acolytes disent
des choses sans en savoir les possibles conséquences même si les coquilles
existent en l’espèce.
Pourquoi?
Sans doute plusieurs raisons:
- Vouloir exister dans un paysage politique où c’est le
Centre qui est au pouvoir mais où La république en marche vampirise le pouvoir
au détriment des formations issues du Centre «historique». Dès lors, la parole
médiatique est souvent la seule façon de se rappeler au bon souvenir des
citoyens, de leur dire qu’on est encore là, que l’on a encore des choses à
dire, d’où l’envie de marquer le moment, de faire le buzz sur le dos du pouvoir
en place pourtant sensé être du même bord.
- Les partis centristes sont composés de personnes parfois
en total désaccord entre elles au sein d’une même formation sur des sujets
importants ce qui cause une cacophonie non-voulue mais représentative des différents
points de vue parfois antinomiques quand ce n’est pas à l’opposé les uns des
autres. Cette cacophonie est aussi la résultante de la recomposition politique
où certains centristes sont plutôt enclins à se fondre dans la nouvelle
majorité présidentielle pendant que d’autres veulent se rapprocher d’une
certaine droite libérale, voire pour quelques uns de Les républicains de
Wauquiez.
- Les ambitions personnelles qui sont l’apanage depuis
longtemps d’un François Bayrou (qui n’a pas abandonné l’idée de devenir Premier
ministre de Macron voire de se présenter en 2022 à la présidentielle), d’un
Jean-Christophe Lagarde qui court après un vrai destin national depuis dix ans,
d’un Hervé Morin, marginalisé mais qui croit toujours en une bonne étoile qui
lui a permis avec stupéfaction d’être ministre de le Défense de Nicolas Sarkozy
(on pourrait dire la même chose de quelques seconds couteaux centristes).
- Avoir le beurre et l’argent du beurre dans un opportunisme
parfois des plus détestables, c’est-à-dire endosser les réformes qui marchent
ou qui sont soutenues par les Français tout en critiquant, de manière
totalement poujadiste (on dit aujourd’hui «populiste») toutes celles que ces
mêmes Français rejettent même si elles sont souvent aussi nécessaires que les
autres et réussies.
Ce comportement des partis centristes et de leurs leaders
peut être dangereux pour le Centre.
Car si Macron et LREM réussissent, ils risquent de payer au
prix fort leurs critiques par une plus grande marginalisation (avec des
électeurs centristes qui feront défection) et s’ils faillissent, il est fort probable
que tous les centristes seront mis dans le même sac de l’échec.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC
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