Il fut un temps où les Etats-Unis furent, non seulement, un
allié sans réserve de l’Union européenne mais, surtout, un de leur plus fort
soutiens et, encore plus, le pays qui milita le plus pour sa création, certains
de ses adversaires affirmant même que l’union est une créature des Américains.
Si l’on ne peut préjuger de la politique future étasunienne
et du réel sentiment du peuple américain, force est de constater qu’à la tête
de la première puissance du monde et du premier allié – jusqu’à présent – de
l’Union européenne, se trouve un personnage qui hait celle-ci mais aussi les
Européens avec constance et application.
Ses diatribes contre l’Allemagne, ses insultes vis-à-vis de
sa dirigeante Angela Merkel et contre la première ministre britannique, Theresa
May, son soutien à tous les populistes de l’UE qui veulent remettre en cause
son existence, son «conseil» à Emmanuel Macron de la quitter (en lui faisant
miroiter un accord commercial entre la France et les Etats-Unis), sans oublier
la guerre commerciale qu’il vient de lancer avant tout contre les produits
européens font patrie d’une longue liste d’attaques contre l’Europe unie que
l’on ne saurait épuiser en un éditorial.
Un comportement qui est une aubaine pour le deuxième ennemi
de l’UE: Vladimir Poutine.
L’autocrate, en l’espèce, ne fait que suivre la
traditionnelle politique étrangère de la Russie depuis des siècles et qui n’a
jamais accepté que les Européens récemment s’unissent, elle qui a des visées
hégémoniques sur le continent qu’elle considère, depuis la guerre froide, à
l’instar du continent américain pour les Etats-Unis, depuis la doctrine Monroe,
comme sa zone d’influence «naturelle» et, surtout, un territoire à contrôler
pour sa sécurité.
On pourrait faire une liste encore plus longue des agressions
de Poutine contre l’Union européenne (et ses alliés) avec, entre autres,
l’envahissement de l’Ukraine et l’annexion de la Crimée sans oublier toutes les
cyber-attaques contre ses institutions et ses élections démocratiques.
La nouveauté, c’est bien entendu, que la détestation de
l’Union européenne réalise désormais une alliance objective entre les
Etats-Unis et la Russie (soi-disant les deux grands ennemis de la planète…),
une nouvelle donne pour les Européens.
Ecrire cela est bizarre, voire surréaliste, mais bien réel.
Même si la présidence de Trump, il faut l’espérer, ne sera
qu’un épiphénomène à jeter dans les poubelles de l’Histoire, cette alliance
objective est un sérieux avertissement pour ces Européens.
Ainsi, du jour au lendemain, ils peuvent être confrontés à
l’hostilité de deux grandes puissances militaires qui s’unissent pour les
diviser et détruire leur union, ce qui montre, par ailleurs,, que cette
dernière, loin d’être un mirage de puissance, est bien une entité
internationale qui compte malgré toutes les lézardes qui menacent sont existence.
Cela devrait, au moment où Trump et Poutine se rencontrent
aujourd’hui à Helsinki (pays membre de l’Union européenne…), provoquer une
réaction des Européens et une relance forte de l’Union avec tous ceux qui
veulent avancer vers une plus grande intégration qui, ne l’oublions jamais,
n’est pas une lubie de quelques rêveurs, mais une obligation si l’Europe veut
encore avoir son mot à dire sur le monde et, surtout, sur son propre avenir qui
ne peut se décider à Washington, Beijing ou Moscou.
Les Européens sont au pied du mur.
Certes, il est haut, mais pas infranchissable comme l’ont
répété tous les leaders centristes qui ont participé à la construction d’une
des plus grandes aventures de rapprochement de peuples qui, hier, s’entretuaient.
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