Le Parlement en Congrès à Versailles le 9 juillet |
Après le discours du Président de
la république, le 10 juillet à Versailles, les orateurs des divers groupes au
Parlement ont pris la parole.
Voici les extraits des
interventions des représentants des groupes centristes.
Richard Ferrand (député / LREM)
Depuis un an, nous n’avons rien
cédé, ni à la tentation de l’immobilisme ni à celle du renoncement. Le travail
accompli le démontre, nous sommes en marche (…). La majorité à l’Assemblée
nationale peut être fière d’elle. D’aucuns ne donnaient pas cher de cette
majorité quasi paritaire, composé de membres issus de la gauche, du centre ou
de la droite, et plus en prise avec le réel qu’avec les pratiques politiques.
Ma fierté est que nous restons dans notre vie institutionnelle les gardiens du
réel, que nous portons auprès de l’exécutif, avec une totale loyauté, les
préoccupations et critiques de nos concitoyens. (…)
Dès la première année, la feuille
de route de la majorité présidentielle a été scrupuleusement respectée. Et que
chacun en soit convaincu : notre volonté prioritaire d’efficacité s’arrime
aux valeurs de progrès, de justice et de solidarité. Nous irons plus loin, car
le contrôle de l’exécution des lois et l’évaluation des politiques publiques
sont indissociables de notre conception du mandat parlementaire, dont nous
voulons la mutation profonde.
La société du travail que nous
appelons de nos vœux consiste à actionner tous les leviers pour redonner à
chacun toutes ses chances. Se libérer des carcans et des blocages qui freinent
l’activité, c’est renouer avec le mouvement, l’inventivité et le progrès collectif.
(…)
Par nos choix économiques et
sociaux, nous avons affirmé notre confiance dans la capacité des Françaises et
des Français à développer l’activité et à renforcer les solidarités, en
redonnant à chacun les moyens de maîtriser son destin.
(…) En libérant le travail pour redonner l’envie
d’entreprendre, en favorisant l’émancipation par l’éducation et la formation,
et en mettant le travail au cœur de notre société, nous donnons de l’espoir et
des perspectives aux parents comme aux enfants d’aujourd’hui. (…)
(…) La meilleure, la plus juste,
la plus efficace des protections sociales, c’est de faire baisser le chômage et
de protéger, dans la dignité, nos compatriotes les plus fragiles. Une bonne
politique sociale est celle qui rouvre les portes de la société à ceux qui
souffrent de l’absence d’emploi, de la maladie ou du handicap, pas celle qui se
contente d’améliorer les conditions de survie par les seuls minima sociaux. Une
bonne politique sociale consiste à prévenir les inégalités et pas seulement à
les corriger, à s’attaquer à leurs racines et pas seulement à leurs effets
dévastateurs. C’est ainsi que nous lutterons contre la pauvreté.
Toutes les transformations que
nous menons exigent que soient combattues les inégalités territoriales, que
notre démocratie soit modernisée et que le lien entre les citoyens et la nation
soit consolidé. (…)
Dans notre République laïque,
notre société est traversée par des débats éthiques et philosophiques dont le
Parlement aura à se saisir pour les faire vivre, pour les éclairer et pour
décider.
Il n’est jamais bon que
l’avènement du droit soit à la traîne des évolutions sociétales. Les grands
débats sont l’hygiène et l’oxygène de la démocratie. (…)
Pour construire en Europe, pour
peser sur le cours du monde et pour relever les défis planétaires, la France
doit être forte. Sa force, elle la tire de citoyens éclairés, formés, audacieux
et créatifs, d’associations nombreuses et fortes, d’entreprises conquérantes.
Les complexités du monde nous sont connues, et nous devons nous en saisir, sans
que cela n’effraie ni ne bloque l’action. C’est notre honneur de regarder les
réalités en face, des désordres mondiaux aux questionnements philosophiques,
des enjeux économiques et sociaux aux nécessités écologiques. C’est
l’enchevêtrement de ces complexités qui fonde l’action politique et lui confère
sa dignité. Notre charge comme notre raison d’être nous conduisent à continuer
d’explorer les terres inconnues du progrès et à défricher de nouvelles
espérances : voilà les chantiers des marcheurs, députés de l’an II.
Marc Fesneau (député / MoDem)
(…) Depuis un an, la majorité parlementaire
et le Gouvernement sont à la tâche. Trop, diront certains ; mais devant
l’urgence de la situation, personne, et certainement pas les citoyens français,
n’aurait pu comprendre que nous nous complaisions, au pouvoir, dans le confort
de ceux qui croient avoir le temps devant eux quand l’urgence est finalement
partout. Urgence économique, urgence du chômage, urgence territoriale, urgence
sanitaire, urgence éducative, urgence budgétaire, urgence migratoire, urgence
écologique et climatique, urgence sécuritaire, urgence européenne : toutes
ces urgences sont le fruit d’années d’inaction, de stérilisation par le débat
caricatural entre les blocs, d’incapacité à expliquer, de facilité du
laisser-aller et du laisser-faire. (…)
Nous devons tirer leçon des
échecs de nos prédécesseurs et défendre une exigence simple mais absolument
nécessaire : rester fidèle à la promesse de 2017, rester lucide sur les
écueils rencontrés et rester invariablement à l’écoute des Français, quand bien
même ce qu’ils auraient à nous dire ne sonnerait pas toujours agréablement à
nos oreilles. Cette exigence de réussite pour notre pays nous oblige donc,
collectivement, à continuer les transformations engagées par le Gouvernement.
Nous avons souvent entendu des
responsables politiques ou des commentateurs dire – pour l’exprimer
rapidement – qu’après le « libérer » il convenait d’engager
rapidement le « protéger ». Mais je suis finalement sceptique
vis-à-vis de l’idée qu’il y aurait d’un côté la nécessité de libérer notre
économie pour retrouver le chemin de la croissance et d’un autre celle de
protéger pour assurer la cohésion du pays. Je n’ai jamais cru à une frontière,
voire à une incompatibilité entre ces deux objectifs. L’un et l’autre se
nourrissent et se combinent, et c’est cet équilibre-là qu’il nous faut tenir
dans la durée.
Pour nous, le travail est l’un
des éléments essentiels de l’intégration sociale. Il est un droit fondamental
et l’on sait à quel point la déstructuration de l’idéal et de la cohésion
française est liée au chômage de masse.
Quelle famille, quel enfant, quel
jeune, quelle structure sociale peut résister au chômage et, plus encore, au
chômage de longue durée ? Quelle société n’est pas minée durablement par
cette absence d’espoir et de perspectives ? Et combien de territoires
vivent, à juste titre, la désindustrialisation ou les crises agricoles comme le
signe de leur profond et irréversible déclassement?(…)
Et, de même, il n’est pas de
société qui ne puisse continuer de se développer et de prospérer durablement
sans l’accès à la connaissance et à l’éducation, l’accès à la culture, la
solidarité intergénérationnelle, l’intégration réelle ; sans la capacité
de tendre la main à celles et à ceux qui connaissent des accidents de parcours,
à qui la vie n’a pas toujours souri, à celles et à ceux qui ne viennent ni des
beaux quartiers, ni des territoires les plus prospères ou qui n’ont pas eu la
chance de connaître un foyer ou un environnement stables.
Enfin, il n’est pas de société
durablement prospère sans le sentiment de la justice et des moyens donnés à
chacun de trouver sa place et de gravir les échelons, en préservant les
fondements de ce qu’est l’histoire française – la solidarité,
l’universalité, l’effort équitablement partagé, la récompense de l’effort
consenti, l’État providence actualisé –, sans faire du passé table rase,
mais sans s’interdire de s’interroger sur l’efficacité réelle des dispositifs. (…)
Montrer le projet global, montrer
et démontrer en quoi nos réformes vont changer la vie de chacune et chacun
d’entre nous, donner chair à notre projet, parler au cœur des Français, c’est
tout le défi que nous avons devant nous.
Dans le monde tel qu’il est, la
raison et la rationalité ne suffisent pas. Dans le monde où nous vivons,
parfois si technique et si technocratique, nous avons besoin de plus
d’empathie. Cette empathie et cette pédagogie doivent s’opposer à la démagogie
des temps. (…)
Coudre et recoudre la tunique
unitaire déchirée ; tisser et retisser le lien social et politique, en
installant la liberté entre les hommes ; inventer et réinventer la règle
et le consentement, l’unité d’un peuple, la solidarité, le droit, la juste
représentation, une démocratie équitable, adaptée aux temps et aux mœurs :
telle est l’ambition que nous devons nourrir, avec l’humilité de ceux qui
savent que tout ne découle pas seulement d’eux mais qu’ils doivent, avec détermination,
prendre leur part.
Hervé Marseille (sénateur / UDI)
Le quinquennat qui s’est ouvert
l’année dernière ressemble aux planisphères du XVIII° siècle. Sur ces cartes du
monde, que chacun a en tête, on voit les contours des continents, mais, à
l’intérieur, tout est quasiment terre inconnue.
Le pourtour des continents, c’est le
programme du candidat Emmanuel Macron. Un an seulement après son élection, ce
programme a largement commencé à être mis en œuvre. C’est la première chose que
nous pouvons porter au crédit du Président: il tient ses promesses. Cela n’a
pas toujours été le cas.
La deuxième chose que nous mettons à
son crédit est la nature même des promesses tenues. Depuis un an, des réformes
importantes, et longtemps reportées, ont été engagées. Le groupe de l’Union centriste
les a soutenues.
Tel est le cas des ordonnances, qui
ont assoupli le code du travail pour donner aux entreprises les marges de
manœuvre dont elles ont aujourd’hui besoin.
De même, nous avons voté la réforme de
l’accès à l’université car, sur ce sujet, le Gouvernement ne s’est pas borné à
prendre des mesures techniques. Il a eu l’audace de poser les jalons d’un
changement plus profond.
Enfin, le nouveau pacte ferroviaire
constitue aussi une réforme substantielle. (…)
Un an après l’élection d’Emmanuel
Macron à la présidence de la République, il y a donc un bilan. Nous ne pouvions
pas en dire autant à la fin du quinquennat précédent.
Par-delà même le bilan législatif du
chef de l’État, il y a un troisième élément que nous mettons à son crédit. Avec
lui, nous avons gagné en incarnation internationale. La France retrouve une
place. Elle suscite de nouveau l’écoute et le respect de nos partenaires
étrangers, ainsi que l’intérêt et la confiance des investisseurs. Et l’embellie
de la conjoncture économique nous permet enfin de rentrer dans les critères
budgétaires européens. Le quinquennat a donc plutôt bien commencé.
Si bien et si vite, d’ailleurs, qu’il
semble déjà s’essouffler. «Et maintenant?» sommes-nous tentés de demander.
Après un an d’exercice du pouvoir, l’exécutif semble avoir brûlé une bonne
partie de ses vaisseaux. C’est là que nous entrons dans la terre inconnue. (…)
Les signes d’un essoufflement prématuré
du quinquennat sont nombreux, trop nombreux pour être passés par pertes et
profits.
Nous partageons la volonté du
Gouvernement d’améliorer les conditions des plus démunis, en luttant d’abord
contre le chômage. Oui, on ne réduira la précarité et les inégalités qu’en
relançant l’économie, en augmentant le taux d’emploi et en améliorant
l’efficacité du système éducatif. Cette stratégie a pourtant des limites. La restriction
du périmètre de l’ISF, l’instauration de la flat tax, la suppression de l’exit tax, la baisse de l’impôt sur les sociétés, l’augmentation
de la CSG sur les retraites, voire la baisse des aides au logement sont autant
de mesures qui ont pu nourrir l’inquiétude sociale. (…)
Même d’un point de vue législatif, la
dérive est perceptible. Après les textes intéressants que j’ai mentionnés, nous
arrivent des propositions de loi creuses, par exemple sur la manipulation de
l’information – les fake
news –, le téléphone portable à l’école ou encore les annonces
décevantes et retardées sur l’audiovisuel.
Faut-il s’étonner de cet essoufflement?
Non, parce que la machine est en surchauffe car le Gouvernement s’est attaqué à
trop de sujets simultanément. (…)
Mais aussi parce que tout semble
remonter au sommet de l’État. Or, quand tout remonte, il y a thrombose. C’est
d’ailleurs la seule ligne de force qui se dégage de l’ensemble de l’action
gouvernementale, celle du renforcement de la concentration. Quand on touche au
paritarisme, quand on restreint les moyens des collectivités locales et quand
on diminue la représentation parlementaire, que fait-on, si ce n’est
recentraliser le pouvoir? (…)
Et
si l’action gouvernementale marque un peu le pas, c’est sans doute aussi parce
que les Français n’ont pas totalement discerné les objectifs à atteindre. Il
faut une ambition : le Président vient d’en redéfinir les contours.
Certes, en matière d’éducation, sujet
fondamental s’il en est, surtout lorsque l’on parle de s’attaquer aux racines
de la pauvreté, le projet gouvernemental se dessine: donner à chacun les mêmes
chances au départ, c’est-à-dire en maternelle et en primaire, pour pouvoir
orienter et sélectionner dans le supérieur.
Mais ailleurs, où est le cap? Vendre
la France à Versailles et Davos ne fait pas une politique économique,
privatiser le groupe ADP ne fait pas une politique industrielle, supprimer la
taxe d’habitation ne fait pas une politique fiscale, et bénéficier de la
croissance ne fait pas une politique de redressement des comptes publics.
Sur ce dernier point, nous restons sur
notre faim.
Visiblement, la ligne budgétaire de
l’exécutif n’est pas celle de la maîtrise des dépenses, puisque celles-ci
augmentent. On ne parle plus de la dette. Elle n’a pourtant pas disparu par
enchantement: elle est toujours là, limitant nos marges de manœuvre et obérant
la crédibilité de l’action publique.
Le projet de réforme constitutionnelle
est emblématique: réduire le nombre de parlementaires n’est pas une fin en soi.
L’important, c’est qu’ils aient demain plus de moyens de contrôle. Raccourcir
de quelques jours un des segments de la fabrique de la loi est une bonne chose
si, derrière, le rythme de publication des décrets d’application suit.
La bonne nouvelle, c’est que la
démarche qui fait défaut à l’action de l’exécutif peut venir du Parlement.
L’Assemblée nationale et le Sénat n’ont bien sûr pas vocation à être des
chambres d’enregistrement. Elles sont là pour inspirer, accompagner et
contrôler l’action de l’exécutif. C’est la carte que nous jouerons lors de la
prochaine discussion des textes constitutionnels.
Dès lors que nos propositions sont
conciliables avec son ambition, nous faisons le pari que le Gouvernement est
ouvert à la discussion. Nos lignes directrices sont simple : respect des
droits du Parlement et des équilibres institutionnels, si nécessaires dans une
Europe où les populismes progressent; respect de la représentation des
territoires si malmenés; respect de la primauté de la volonté du politique sur
le gouvernement des juges. On ne peut envisager que, demain, toute action
publique soit soumise au bon vouloir de juges chargés de hiérarchiser entre les
multiples incantations imprécises de notre texte fondateur.
Sans le Parlement, nous ne réformerons
pas la France, pas plus que nous ne relancerons l’Europe.
Plus que jamais, compte tenu de la
situation allemande, le sort de l’Union dépend de celui de la France. Ce
quinquennat est peut-être celui de la dernière chance, à la fois pour notre
pays et pour l’Union européenne. Tout laisse à penser que, si nous échouons
aujourd’hui, la France pourrait demain connaître le sort de l’Italie, et
l’Europe, voler en éclat.
Depuis le traité de Rome, jamais la
construction européenne n’a été autant menacée. La pérennité même de l’Europe
d’après le Brexit est remise en cause par la montée des peurs identitaires.
Réussir signifie donc aussi faire sortir l’Europe de l’impasse.
(…) Le Président Emmanuel Macron a
fait campagne sur le thème de «l’Europe qui protège» – la formule nous
convient. Une Europe qui protège, c’est une Europe qui coordonne ses politiques
migratoires. A ce titre, même si l’accord du 29 juin est encore un
compromis fragile et flou, il est encourageant. Il prouve que l’Europe a encore
de la ressource, mais il en faudra plus pour qu’elle devienne l’Europe qui
protège.
Une Europe qui protège, c’est aussi
une Europe dotée d’un modèle assumé, d’un budget accru, d’une fiscalité
harmonisée et d’une armée qui lui soit propre – cette Europe que Simone Veil
appelait de ses vœux. Même si un bel hommage vient de lui être rendu au
Panthéon, la meilleure façon d’honorer la mémoire de Simone Veil est de relancer
la construction européenne. (…)
Jean-Christophe Lagarde (député / UDI).
(…) Même si nous n’appartenons pas à
(la) majorité, nous souhaitons sincèrement (sa) réussite puisqu’elle suppose
celle de la France. C’est pourquoi la ligne directrice du groupe UDI, Agir et
indépendants consiste à soutenir (le gouvernement) lorsqu’(il est) sur la bonne
voie et à s’opposer lorsqu’(il) déraille. A nos yeux, après le tremblement de
terre politique de 2017, c’est ainsi que nous pouvons être utiles à notre pays
et respecter la volonté des Français de voir les responsables politiques
changer d’attitude, en finir avec les affrontements stériles et les oppositions
feintes.
En somme, nous pensons que les
Français attendent de nous que nous jouions la politique en vrai et que nous
jugions votre action au cas par cas, comme ils le font eux-mêmes chaque jour.
Nous savons bien que cela n’entre pas dans les cases du business médiatique
dans lequel chacun est censé jouer un rôle convenu d’avance de soutien aveugle
ou d’opposant à tout. Mais peu nous importe, car le débat démocratique doit,
selon nous, élever le degré de conscience civique des citoyens, et non pas
répondre aux objurgations des réseaux sociaux ni aux injonctions d’une
information si permanente qu’elle confond l’accessoire élevé au rang
d’événement et l’essentiel ravalé au niveau de l’anecdote.
Les clivages d’hier ne sont plus ceux
d’aujourd’hui tant ils ont été bouleversés par la mondialisation. Désormais,
notre débat politique est scindé en deux. D’un côté, il y a ceux qui voient
avec effroi le monde nouveau, le vrai, dans lequel la globalisation rend tous
les pays chaque jour plus dépendants les uns des autres, réduisant
inexorablement les marges de manœuvre nationales. Ceux-là veulent faire croire
que notre pays serait plus fort en se repliant sur lui-même, en se
recroquevillant sur son passé, en s’isolant du mouvement général de la planète
avec l’illusion de s’en protéger. De l’autre côté, et c’est un point qui nous
est commun, monsieur le Premier ministre, il y a ceux qui, comme nous,
comprennent que face à cette évolution du monde, il nous faut choisir de
transformer profondément notre organisation économique et sociale mais aussi
politique, afin de conserver suffisamment de forces pour demeurer libres de nos
choix et de nos modes de vie.
C’est à travers ce prisme que nous
pourrions souscrire aux nombreuses déclarations du Président de la République
qui prônent la transformation et l’émancipation.
Sur le plan international, tout
d’abord, nous saluons l’énergie déployée par l’exécutif pour rendre à la France
sa place et son rôle dans ce monde devenu multipolaire où s’affrontent quelques
grandes puissances continentales au détriment de tous les autres petits États.
C’est là que réside le défi majeur de l’Europe, le seul échelon qui, à
condition de faire preuve d’une plus grande unité, est en mesure de défendre
efficacement les intérêts nationaux des pays qui la composent pour peser face aux
grands pays du monde et même face à ces énormes multinationales nées des
nouvelles technologies et dont la puissance dépasse celle de nombreux États.
Une Europe plus fédérée est notre seule chance de peser dans les relations
internationales pour y protéger nos intérêts, nos modes de vie, et notre vision
de l’organisation sociale.
Aussi, si nous soutenons l’engagement
européen du Président de la République, nous vous invitons à aller plus loin en
proposant de transférer au niveau européen des compétences pour lesquelles les
politiques nationales montrent chaque jour leur inefficacité. (…) Les
prochaines élections européennes seront à cet égard une occasion unique pour
nos concitoyens de dire s’ils veulent faire de l’Europe un véritable bouclier face
aux dangers et aux enjeux du monde.
En politique intérieure, les sujets
sont nombreux et complexes, et le temps de parole qui nous est imparti ne me
permettra pas de tous les aborder sereinement.
En résumé, je dirais que s’achève une
première période au cours de laquelle se sont enchaînées des réformes
nécessaires, utiles et trop longtemps reportées, telles que la refonte du code
du travail, la baisse de l’impôt sur les sociétés, la baisse des charges
sociales, le prélèvement unique et forfaitaire sur les revenus du capital,
l’amputation d’un impôt sur la fortune contre-productif, la transformation de
la SNCF, la reconfiguration de l’enseignement primaire, la tentative déterminée
de réduction de notre déficit, creusé de manière irresponsable depuis des
années. (…)
Ces réformes obéissent à une logique:
libérer les capacités de production de notre pays pour rétablir la
compétitivité et créer de l’emploi. Nous partageons cette logique résumée dans
l’expression «premiers de cordée», chère au chef de l’État. (…)
Au premier tour de l’élection
présidentielle, le Président de la République a été choisi par la France
mondialisée, celle qui s’en sort bien, qui sait tirer profit des changements du
monde, celle qui, finalement, n’a pas besoin de la politique et qui n’attend
d’elle que de ne pas être entravée. Mais j’alerte, cette France-là est minoritaire.
Et c’est parce que (cette) politique donne l’impression de ne servir que cette
France-là que les Français sont passés en un an de l’espoir au doute.
Quels que soient ses talents et sa
détermination, le chef de l’État ne peut pas créer une véritable communauté de
destin dès lors que ceux qui vivent dans les banlieues et les territoires
ruraux ne peuvent prétendre au même avenir que ceux qui ont les moyens de vivre
au cœur des métropoles.
(…) Les fractures sont multiples, se
croisent, s’accumulent et s’accentuent. (…) Elles peuvent toutes être
atténuées, si ce n’est, résorbées par la volonté des pouvoirs publics. (…)
(…) Ce qui nous rassemble aujourd’hui,
c’est d’abord notre engagement indéfectible pour notre pays et nos concitoyens.
Notre vision de l’avenir doit partir du réel. (…)
Le Président de la République vient de
décrire le cap qu’il a fixé. Face aux décisions à prendre collectivement, je
rappelle ce que déclarait Pierre Mendès France devant les députés le 3 juin
1953, lui dont le courage et l’abnégation constituent toujours des références:
«Gouverner c’est choisir, si difficiles que soient les choix.»
Oui, nous sommes face à des choix difficiles qui
renvoient à notre responsabilité d’élus de la nation. Ne nous dérobons pas! Le
chef de l’État l’a rappelé en filigrane: les défis que nous avons à relever
s’inscrivent dans une époque complexe, traversée de mutations intenses et
profondes, de dangers inédits qui mettent en tension notre cohésion. Nous
avions cru être à l’abri des turpitudes du monde, mais le principe de réalité
nous a rattrapés, parfois au prix du tragique, hélas. Ce que nous prenions pour
des certitudes est ébranlé, et je pense d’abord aux acquis de la construction
européenne, que les populismes menacent de leur idéologie simpliste.
(…) Il est urgent de remettre au cœur
de nos actions la philosophie de Jean Monnet, à savoir que l’Europe ne coalise
pas des États, mais vise à unir des hommes.
Peut-être nous sommes-nous trop
éloignés de l’idéal européen. Peut-être avons-nous aussi perdu au passage le
consentement éclairé de nos concitoyens, en étirant le lien de confiance.
Pourtant, n’oublions pas que l’Europe ne sera jamais la source de nos maux;
elle est, au contraire, le creuset du progrès.
Comme l’a rappelé le Président de la
République, les crises auxquelles nous sommes confrontés – crise migratoire,
lutte contre le terrorisme, nécessité de la relance économique, lutte contre le
chômage et pour le progrès social, lutte contre le réchauffement climatique –
ne trouveront à tout le moins de réponse pérenne qu’au niveau européen.
(Nous nous) retrouvons bien sûr dans
cette approche, tout comme dans cette volonté de réformer, en dépassant les
vieux clivages. Nous sommes fiers de faire vivre depuis longtemps la synthèse
des principes inhérents à la République, à savoir l’humanisme, la liberté, la
solidarité – qui n’est pas antagoniste à la précédente – ou encore la laïcité,
en somme d’établir un pont entre l’ancien et le nouveau monde!
En ces temps incertains, qui voient la
République et ses valeurs contestées par certains membres du corps social,
certes de façon très minoritaire, nous serons intransigeants sur la défense de
nos principes. Oui, il faut nommer et attaquer à la racine ce mal qui veut
s’instiller pour fissurer l’unité et l’indivisibilité de la République, à savoir
la haine de l’autre, de la différence, de l’altérité et de l’universel, une
haine qui nourrit l’obscurantisme et le fanatisme religieux et fait le lit du
terrorisme. Comme le disait Édouard Herriot, «combattons la haine imbécile,
l’immonde haine, qui n’a jamais rien su créer». Faisons de la laïcité le
premier rempart aux divisions de la nation.
La
meilleure réponse à y apporter, c’est de faire vivre nos principes
républicains, à commencer par l’égalité réelle entre tous les citoyens. Nous
savons combien cette tâche est complexe, mais le Gouvernement s’y est attaqué,
d’abord dans l’éducation, pour permettre à nos enfants de devenir des citoyens
éclairés, responsables et autonomes; ensuite, au nom de l’égalité des chances,
en matière d’accès à l’emploi, quelle que soit l’origine de chacun; dans la
lutte contre la pauvreté et la précarité; en matière de prévention et de
répression de toutes les formes de discrimination, notamment des inégalités
entre les femmes et les hommes; ou encore dans la lutte contre les fractures
territoriales, afin que plus aucun territoire, urbain ou rural, métropole ou ville
moyenne, ne se sente abandonné par l’État et écarté de la marche du progrès,
qu’il soit économique, social, culturel ou numérique.
Rendre l’égalité effective pour
répondre à la haine, voilà notre devoir en tant qu’élus. Nous savons que
beaucoup a déjà été fait, et je tiens à le saluer. Bien sûr, il reste de
nombreux chantiers. En l’occurrence, il ne s’agit pas de faire de la réforme
une politique incantatoire, qui retomberait comme un soufflé.
Soyons donc lucides: notre démocratie
traverse depuis longtemps une crise de représentativité; le lien entre citoyens
et élus s’est dangereusement distendu; l’abstention n’a jamais été aussi
élevée. La réforme institutionnelle à venir ne peut être abstraite de ce
contexte, et nous devons restaurer la confiance. Or celle-ci ne se décrète pas.
La réforme de nos institutions est certes nécessaire pour moderniser le
fonctionnement de notre démocratie, mais elle ne constitue pas une finalité en
soi: elle n’est qu’un outil, au service de nos concitoyens. Il importe donc de
rendre la décision politique plus efficace, plus transparente et mieux
comprise. C’est pourquoi il est essentiel que les territoires, qui, dans leur
diversité, font la France, soient justement représentés, pour que leur voix
soit entendue.
C’est au Parlement qu’il revient
d’incarner le creuset où ces voix se mêlent, débattent et délibèrent.
C’est aussi au Parlement de porter ces voix, dans son
dialogue institutionnel avec le pouvoir exécutif, qu’il s’agisse de faire la
loi ou de contrôler l’action du Gouvernement. (…).
Notre pays dispose de nombreux atouts,
et nous devrions donc regarder l’avenir avec confiance. Tordons le cou aux
clichés, surmontons nos inerties et unissons nos volontés d’agir! (…) Comme le
disait encore Herriot, «dans une démocratie, il n’y a d’équilibre stable que
par le mouvement».
François Patriat (sénateur / LREM)
(…) Ce chemin (proposé par le Président
de la république), a été choisi par le peuple qui, en votant pour le projet de
transformation que nous portions, avait signifié sa confiance et son espérance,
sa confiance dans la capacité de notre pays à affronter les immenses défis qui
se dressent devant lui, son espérance en un avenir dans lequel la France
continuera de compter en Europe et à l’international. Un avenir où la France
sera de nouveau citée avec respect et en exemple.
Depuis un an, nous, parlementaires de
la majorité présidentielle, sommes les garants de ce projet. Mais dans nos
territoires, nous devons aussi en être les promoteurs acharnés face à des
opposants virulents, ceux qui espèrent prospérer sur les peurs, les oppositions
stériles, les postures hypocrites et opportunistes.
(…) L’action politique demande du
courage. Elle demande du courage et de la constance. Il faut du courage pour
dire la vérité à nos concitoyens. Il faut du courage pour oser engager les
réformes nécessaires au redressement de notre pays, à son dynamisme économique,
à son attractivité. Ce courage, nous l’avons eu face à l’adversité nihiliste,
alors que les nombreux appels à tenir bon arrivent du terrain, et vous les
entendez comme moi chaque jour. Mais il faut de la constance aussi. Le temps de
l’action législative est long; le temps de l’action administrative l’est encore
plus.
En un an, nous avons beaucoup
travaillé. Il y a les réformes en profondeur qui étaient nécessaires: celle du
code du travail, celle de la SNCF, celle de la sécurité intérieure et celle de
la lutte contre le terrorisme (…).
Le projet politique que nous défendons
(…) est un projet politique à long terme. C’est le projet d’un quinquennat. Ce
n’est pas le projet d’une année.
Ceux qui doutent ou qui critiquent
sont ceux qui n’ont pas encore compris la pertinence et la portée du projet
présidentiel.
Les annonces du Président de la République
confirment notre démarche: celle du «en même temps», celle du «protéger», qui
s’inscrira toujours à côté du «libérer».
Non, il n’y a pas lieu d’y voir, comme
certains le font si souvent, encore une politique qui ne profiterait qu’à
certains, une politique qui délaisserait des territoires. Non, Il n’y a pas
lieu de caricaturer et de mentir aux Français.
Oui, le projet gouvernemental est un
projet de justice et d’équité sociale. Oui, les réformes passées et à venir
sont des réformes profitables à tous, en particulier aux classes populaires,
aux plus défavorisés et aux classes moyennes. Oui, nous sommes fiers de ce
projet. Face aux conservatismes et à l’immobilisme, nous continuerons à œuvrer
pour son succès.
La véritable échéance, (…) elle est
dans quatre ans. Dans quatre ans, quand les opportunités économiques seront de
retour, quand le pays sera (…) réparé, quand notre jeunesse pourra se saisir
pleinement de ses chances, quand les comptes publics tendront vers l’équilibre,
quand plus personne ne sera laissé pour compte, alors, à ce moment-là, nous
pourrons être jugés, mais pas avant.
(…) La réforme constitutionnelle (…) (est) un rendez-vous
à ne pas manquer. Les dernières élections, d’abord présidentielle, puis
législatives, ont renvoyé une partie de la classe politique à ses luttes
internes dont elle semble ne jamais vouloir sortir – c’est même à se demander
si elle n’y délecte pas. Et plus encore, le nombre d’abstentionnistes n’est pas
à négliger.
Une première étape a été franchie avec
l’adoption des lois pour restaurer la confiance dans la vie politique.
La deuxième étape qui s’ouvre doit
renforcer l’indépendance de l’institution judiciaire. Elle doit ouvrir les
institutions aux citoyens et aux enjeux contemporains. Elle reconnaîtra tous
nos territoires dans leurs spécificités, sans préjudice de l’unité de la
République. Elle renforcera l’efficacité de la procédure parlementaire.
(…) Après des années de fausses
réformes, parfois contradictoires, il s’agit pour nos territoires, non d’un
énième grand soir institutionnel, mais d’une série d’adaptations pragmatiques
qui permettront de corriger les éléments d’aberration qui remontent du terrain
et qui ont été jusque-là négligées.
C’est le droit à la différenciation,
c’est le droit à la dérogation qui achèvent le droit à l’expérimentation.
(…) Un dernier mot enfin sur une autre
responsabilité collective, qui consiste à garantir l’unité de la République
derrière des principes permettant à tous de vivre ensemble et à chacun de s’exprimer
dans un cadre apaisé.
Il y a des principes républicains sur
lesquels nous ne pouvons pas transiger. Le principe de laïcité en fait partie. (…)
La crise migratoire européenne que
nous connaissons est sans précédent et questionne au plus profond de nous nos
valeurs, notre attitude, nos anciennes certitudes. Face à la détresse de ces
femmes et de ces hommes, nous ne pouvons rester insensibles. L’action du chef
de l’État et du Gouvernement, résolus à trouver une solution européenne à cette
crise, sans céder aux populismes, doit être saluée. Des avancées ont été
obtenues. Nous devons poursuivre pour être à la hauteur des exigences de
l’humanité. (…)
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