Le macronisme est un centrisme |
Soi-disant, ils travaillent à trouver une définition et un
corpus, affirment-ils un peu partout.
Mais les macronistes qui prétendent vouloir définir le
macronisme et qui estiment qu’il faut faire un travail théorique sur le sujet
qui, selon eux, n’aurait pas été fait jusqu’à présent(on doute que Macron ne
s’y soit pas attelé avant de se présenter à la présidentielle…) ont surtout une
peur: que l’on qualifie réellement ce dernier de manière «officielle».
Ce n’est pas la peur qu’il soit de droite comme le
prétendent les médias de gauche ou de gauche comme l’expliquent les médias de
droite.
Non pas parce que ce macronisme est en réalité
essentiellement centriste et qu’ils ont peur qu’on le qualifie ainsi (nous ne
reviendrons pas ici sur les preuves de cet ancrage au Centre et comme pivot de
l’axe central, il suffit de lire les informations et les études de ce site à ce
sujet pour les y trouver).
Mais parce que le qualifier ouvertement de droite, de gauche
ou du Centre par ceux qui en sont les représentants, serait en fait lui faire
perdre une part importante de son attrait et, sans doute, beaucoup de ses soutiens.
Macron a toujours affirmé avec intelligence et brillance qu’il
était ailleurs comme son «en même temps», son «ni gauche, ni droite», son «et
de droite, et de gauche» et son «progressisme» et autres expressions et termes
de son univers politique.
Cela a bien fonctionné pour son élection, c’est le moins que
l’on puisse dire.
Et il ne s’est jamais qualifié de centriste qui est souvent
un terme péjoratif pour les gens de gauche et de droite.
D’autant que beaucoup de gens qui ont rejoint Macron, l’ont
fait sur cet «ailleurs», qu’ils soient de gauche ou de droite.
Ici, il faut partir d’une comparaison légitime entre Barack
Obama et Emmanuel Macron (et entre l’obamisme et le macronisme»).
Obama ne s’est jamais qualifié de centriste et toute sa
campagne présidentielle de 2008 était basé sur le «changement», sans plus de
précision («The change we can believe in», le changement en lequel nous pouvons
croire) et qui faisait du candidat le vecteur de la volonté du changement de
chacun de ses partisans, c’est-à-dire qu’il était celui qui incarnait un
changement dans lequel se sont accumulés dans une contradiction et un paradoxe
évidents tous les souhaits et les désirs de ceux qui ont voté pour lui mais
aussi de ceux qui ne l’avaient pas fait.
Un changement auquel était accolé cette formule
volontariste, «Yes, we can!» (oui nous le pouvons), le volontarisme étant une
autre similitude entre Macron et Obama.
Mais cela ne voulait pas dire qu’Obama ne savait pas quelle
politique il voulait mener, tout comme Macron.
Ni que cette politique du président américain et du
président français ne puissent être qualifiées.
En l’occurrence, l’une et l’autre sont centristes.
Mais la force de l’image de leur personne et de l’attrait de
leur projet viennent en grande partie de ce qu’ils ont voulu que l’on croit
d’eux: les représentants d’une nouvelle façon de faire de la politique, sorte
de génération spontanée qui, tout d’un coup, ringardisé la «vieille politique».
Bien évidemment, une autre comparaison doit être faite même
s’il ne s’agit plus ici de deux politiques centristes.
Le gaullisme, ainsi, a toujours été présenté par les
soutiens au Général de Gaulle comme une pensée atypique qui n’était ni de
gauche, ni de droite, la preuve, ceux qui le suivaient étaient soit de gauche
(un peu en réalité), soit de droite (beaucoup en réalité).
De plus, le gaullisme se présentait comme le fossoyeur de
ces «politiciens» sectaires et idéologues en train de détruire la France.
Mais, qualifier le gaullisme de pensée de droite – ce qu’il
était essentiellement – l’aurait dévalorisé alors qu’il voulait être au-dessus
de l’esprit partisan, être en réalité, la nouvelle idéologie française, celle
qui domine toutes les autres et qui offre aux citoyens une sorte de modèle
syncrétiste pour une alliance harmonieuse improbable avec une chose de plus, la
présence d’un chef charismatique qui serait le liant incontournable et qui serait
le phare du pays qui le ferait rayonner dans le monde.
Ici, c’est exactement la même chose pour le macronisme.
D’autant que les références, directes ou déguisées, à de
Gaulle et au gaullisme ont été foisons de la part d’Emmanuel Macron et des
macronistes.
On attend bien sûr les résultats du travail de La république
en marche et des initiateurs de la recherche en paternité et maternité qu’ils
ont lancé, voire en affirmation qu’il s’agit là d’une génération spontanée,
sans héritage aucun.
Mais il sera difficile d’empêcher une caractérisation du
macronisme sur l’échelle gauche-droite dont on rappelle pour la énième fois qu’elle
n’est, quand elle est utilisée correctement et objectivement, qu’un outil tout
à fait utile et légitime pour qualifier une pensée politique et non une arme
pour la disqualifier et ce, pour informer les citoyens et qu’ils puissent voter
en toute connaissance de cause.
Et si les macronistes ne le font pas eux-mêmes, ils courent
le risque d’être enfermés dans une case qu’ils n’auront pas choisi, le pire
pour ceux qui ne voulaient surtout pas être logés dans un lieu politique
précis.
De toute façon, comme le gaullisme, comme l’obamisme, ce seront
les politistes puis les historiens qui auront le dernier mot.
Alexandre Vatimbella
Directeur du Crec
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