Rien n’est acté avant que le rideau ne
soit définitivement tombé.
Surtout au théâtre et… en politique
souvent comparée à celui-ci.
Alors que de Gaulle pensait avoir
laissé passer son tour, il est revenu en 1958 pour gouverner la France jusqu’en
1969.
Bayrou, qui admire le général, tout au
moins son parcours, peut-il faire un comeback aussi tonitruant, lui qui a
laissé échapper une chance historique en 2017 de devenir président puis que
Macron – qui lui a piqué cette chance – ne l’a pas nommé premier ministre.
Les conditions ne sont sans doute pas
encore réunies pour Matignon mais pourrait l’être.
Quant à l’Elysée, cela semble plus
compromis mais pas définitivement chimérique.
Une analyse qu’évidemment le leader du
Mouvement démocrate a sans doute faite et qui dicte son positionnement
politique et l’état de ses relations avec le Président de la république (qui
lui aussi a du la faire…).
D’abord, Matignon.
La première partie du quinquennat est
définitivement libérale comme l’avait d’ailleurs annoncé Emmanuel Macron afin
de mettre en place les réformes indispensables pour permettre à la France de
s’adapter au monde qui l’entoure, à devenir une championne de la mondialisation
et du multilatéralisme, à être attractive aux yeux des capitaux étrangers.
La nomination d’Edouard Philippe à
Matignon en est une des conséquences.
Mais la partie sociale devra bien
survenir, notamment si Macron veut se faire réélire pour un deuxième mandat –
et il est fort probable que ce soit son intention.
Là, Bayrou peut être l’homme de la
situation pour devenir le premier des ministres, lui qui affirme porter un
projet social mais qui demeure, dans le même temps, un soutien indéfectible du
président dans toutes ses interventions (à part peut-être sur la réforme des
institutions).
Pour Macron, la nomination de Bayrou
aurait du sens tant politique qu’électoral.
Non pas que Bayrou ait toujours une
popularité au zénith dans les sondages mais parce qu’il est vu comme un
centriste social, héritier de ce catholicisme social développé par la
démocratie-chrétienne avec, en France après 1945, le MRP (Mouvement républicain
populaire) puis le CDS (Centre des démocrates sociaux), dernier parti dont il
fut membre et qu’il transforma en Force démocrate avant de prendre la tête de
l’UDF puis de créer le MoDem.
Il est difficile de prévoir quand cette
nomination hypothétique pourrait avoir lieu mais il faut encore au moins un peu
plus d’un an au Président de la république pour mener à bien ses réformes
d’adaptation et de modernisation (ce qui n’empêche évidemment pas que des
réformes sociales soient également adoptées concomitamment).
Dès lors, Bayrou pourrait devenir
premier ministre fin 2020, soit un an et demi avant les élections d’avril 2022.
Ensuite l’Elysée.
François Bayrou aura 71 ans en 2022, un
âge avancé mais pas rédhibitoire aux yeux des électeurs pour être président (si
Juppé avait été élu, nous aurions un président de 72 ans).
Au-delà de l’âge, c’est plutôt
l’opportunité qui est peu crédible aujourd’hui.
En effet, si Emmanuel Macron réussit,
il sera réélu sans problème, s’il échoue, on voit mal un homme qui l’a soutenu,
qui défend les mêmes idées, qui fait partie du même courant politique que lui
pouvoir l’emporter.
Pour autant, si, dans le cas de figure
d’une réussite de ce quinquennat, Macron décidait de ne pas se représenter pour
quelque motif que ce soit (on ne parlera pas ici du mandat actuel qui pourrait
être écourté pour un motif quelconque mais qui donnerait, évidemment, une chance
au président du Mouvement démocrate), Bayrou pourrait alors saisir sa chance,
surtout s’il a été nommé premier ministre et qu’il a réussi la séquence sociale
de la présidence Macron.
Bien entendu, il doit s’attendre,
toujours dans ce cas de figure, à avoir de nombreux concurrent venant de LREM
et du Centre en général.
Mais si l’expérience macronienne est
positive pour les Français, on peut envisager qu’un candidat de l’axe central
(réunissant les progressistes réformistes libéraux de droite, de gauche et du
centre) soit le favori en 2022 et qu’en l’absence de Macron, Bayrou soit son
héritier après que ce dernier ait clamé partout que le président était le sien!
In fine, on peut dire que Bayrou a
encore une chance non-négligeable de devenir premier ministre alors que celle
de devenir président de la république est beaucoup plus aléatoire, voire
improbable mais pas impossible.
Pour un homme qui n’a abandonné aucune
de ses ambitions, le challenge demeure donc encore excitant.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
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