Mais, au moment où celui-ci va
connaître sa énième réforme, n’aurait-on pas du aller plus loin et définir plus
largement ce que devrait être un service public médiatique de l’information, de
la culture et du divertissement ainsi que ses missions prioritaires.
Et celui-ci ne devrait-il pas être
intégré, sous une même autorité ministérielle dans un grand service public de
la transmission du savoir (c’est-à-dire ce que sont actuellement les
départements ministériels de l’Education et de la Culture) et de l’information
citoyenne?
Explications.
Un vrai citoyen, c’est-à-dire une
personne qui peut réellement exercer ses droits de citoyen doit être bien formé
et informé.
Sans ce savoir et sans cette
information, il n’y a aucune possibilité pour un individu de pouvoir choisir ce
qui est bien pour lui et la communauté dans laquelle il vit.
Et ce savoir et cette information
doivent d’abord servir l’intérêt de l’individu pour son existence, son projet
de vie, la réalisation de lui-même.
Libre au secteur privé de donner un
savoir et une information partisane et/ou délivrée sans les standards de la
qualité à la fois dans le fond et la forme.
Mais le service public a une toute
autre vocation sinon il n’a aucune légitimité à exister.
Vous pouvez tourner la question dans
tous les sens, il n’y a pas d’autre alternative.
Dès lors, un service public médiatique
chargé de délivrer, de manière la plus objective, la plus complète et avec la
meilleur qualité possible, de l’information, de la culture et du divertissement
est une nécessité à côté de toutes les initiatives privées qui font que la
liberté d’expression et donc la liberté tout court peut exister et garantir
l’existence d’une démocratie républicaine.
Ainsi, ce service public médiatique
doit absolument s’inscrire dans un dessein beaucoup plus large, doit avoir une
tout autre ambition pour être vraiment efficace et utile, ce qui n’est pas le
cas aujourd’hui avec le service public de l’audiovisuel, ceci étant la
résultante tout autant d’une résistance de ceux qui y travaillent (pour des
motifs variés mais jamais légitimes en regard de la mission qu’ils doivent
remplir), de ceux qui gèrent (notamment l’Etat) mais aussi de l’histoire de cet
audiovisuel public français qui – à l’opposé de la BBC au Royaume Uni – a été conçu
dès l’origine d’abord comme un outil au service du pouvoir en place et une
manière de verrouiller les nouveaux moyens de communication d’alors (télévision
et radio) à son profit.
S’y est ajouté, depuis la libération
des ondes dans les années 1980, la multiplication des chaînes et des stations
privées puis l’arrivée du numérique, l’entrée dans la concurrence (notamment
pour pouvoir le financer avec de la publicité et faire faire des économies pour
le budget de l’Etat ce qui nécessite des taux d’audience importants souvent au
détriment de tous les autres critères dont ceux de l’utilité et de la qualité) qui
ne pouvait que pervertir un modèle déjà largement incapable de répondre aux
missions qui justifient son existence.
On peut regretter que, comme toutes les
autres réformes de l’audiovisuel public précédentes, on n’ait pas posé les
termes du débat de cette manière pour celle qui vient d’être dévoilée.
On est plus dans des ajustements, des
rationalités et des économies que dans une vaste réflexion sur ce que doit être
un citoyen informé et cultivé dans la démocratie républicaine du XXI° siècle.
Même si Françoise Nyssen en dévoilant
un des volets de la réforme voulue par Emmanuel Macron a parlé justement de la
mission éducative du service public qui doit être renforcé ainsi que de la
reconquête du public jeune et une information de proximité pour les médias
locaux et régionaux.
Sans oublier cet objectif fort pour des
programmes de qualité, rappelé par la ministre de la Culture, le renoncement à
la course effrénée à l’audience dans une compétition avec les chaînes privées
qui n’ont d’autres objectifs que de faire des profits et non de rechercher la
qualité (mais cette annonce est récurrente à chaque réforme et jamais suivie
d’effet).
Non pas, évidemment, qu’il ne faille
pas produire des émissions, des documentaires, des fictions et des
divertissements qui plaisent à ceux à qui ils sont destinés mais cela ne passe
pas par une information spectacle et une sorte de moins-disant culturel car ce
n’est pas la mission d’un service public de l’audiovisuel.
Ici, aussi, on ne peut être que
satisfait de l’annonce de la mise en place d’une «plateforme éducative» et d’un
média social cutlurel ainsi que celle concernant l’entité franceinfo qui devra
mettra l’accent sur la lutte contre les fausses informations (les désormais
fameuses «fake news») ainsi que sur l’éducation aux médias.
Encore faut-il que la philosophie qui
traverse tout le travail du secteur public soit vraiment sous-tendue par cette
mission citoyenne qui n’est malheureusement que trop souvent un alibi voire un
paravent pour agir comme le privé ou pour développer une ligne politique
partisane.
Mais il faudra bien avoir, et le plus
tôt possible, cette réflexion globale sur un service public médiatique et une ambition
d’une toute autre nature si l’on veut que cette démocratie républicaine fonctionne
réellement et pour tous.
Comme le veulent les centristes.
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