L’édition
2018, refondue et augmentée, de l’ouvrage d’Alexandre Vatimbella, Le Centrisme
Américain, vient de paraître aux Editions du CREC.
Lire
ci-dessous l’introduction et la table des matières:
Introduction
Il existe peu de littérature sur le Centre et le Centrisme
en général, encore moins sur le Centre et le Centrisme aux Etats-Unis que ce
soit en anglais ou en français. Cela est d’autant plus étonnant que les termes
«centre», «centrisme» et «centriste» sont souvent mentionnés dans les médias
écrits ou audiovisuels américains. Ils sont également souvent utilisés par les
politistes et les politologues ainsi que par le personnel politique. Et ce
n’est guère étonnant puisque, depuis toujours ou, tout au moins, depuis
le milieu du XIX° siècle, il y existe un courant centriste reconnu, des
centristes et des politiques centristes assumés dans le paysage politique
étasunien. Sans même parler du modérantisme bipartisan qui est une
caractéristique de la politique américaine depuis l’indépendance du pays.
Ce Centre américain s’incarne souvent dans les termes tels
que «modération», «consensus», «compromis», «bipartisan», tout ce qui est présenté
comme une politique au centre, mais pas seulement car également dans ceux
d’«équilibre», de «juste équilibre humaniste» qui définissent plus précisément
le Centrisme. De même, les termes «centrisme radical» (Radical centrism) ou
«milieu radical» (Radical middle) définissent parfois un centrisme américain au
positionnement plus «européen», même si la distinction entre centrisme
américain et celui du vieux continent prête à discussion (certains politologues
conservateurs, par exemple, qualifient Richard Nixon de «centrist» et Barack
Obama de «radical centrist» alors que le premier est essentiellement un homme
politique de droite et le deuxième un vrai centriste…). Mais la confusion
existe toutefois partout avec cette manie de certains médias autour du monde à
qualifier de centre-droit ce qui n’est que de la droite modérée (ou
non-extrémiste…) et à faire de même à gauche pour la qualification de
centre-gauche.
Avec un régime présidentiel comme celui qui a cours aux
Etats-Unis (même si le but des Pères fondateurs n’était pas forcément de donner
un pouvoir plus important au chef de l’Etat fédéral), l’incarnation d’une
politique s’est faite essentiellement, et dès le premier président élu, par
l’hôte de la Maison blanche. En ce qui concerne le Centre, elle se fait par des
personnalités politiques aussi importantes que les présidents républicains
Abraham Lincoln ou Théodore Roosevelt et démocrates Bill Clinton ou Barack
Obama.
Le choix entre deux centristes pour occuper la Maison
blanche s’est même déjà présenté plusieurs fois au cours de l’histoire
américaine et notamment lors des deux présidentielles avec Barack Obama du côté
du Parti démocrate et John McCain (2008) puis Mitt Romney (2012) du côté du
Parti républicain même si leurs positionnements centristes avaient quelques
différences avec, d’un côté, un progressiste démocrate et de l’autre deux
conservateurs éclairés.
En outre, toute une frange de la société s’estime orpheline
d’un système politique où le «compromis» entre les deux grands partis (démocrate
et républicain) assurait, selon eux, une coopération pour prendre des mesures
«centristes». Depuis des années, des tentatives ont lieu afin de faire revivre
cette époque bénie selon ses initiateurs. On peut ainsi parler de «American
project» et, plus récemment, du «Centrist project» mené par un jeune homme
politique, Nick Troiano, qui se sont dédiés à cette tâche. Le but actuel de ce
dernier n’est pas de former un troisième parti hégémonique mais de créer un
groupe central d’élus au Congrès qui serait indispensable pour obtenir une
majorité et donc gouverner, afin d’obliger les deux grands partis à travailler
ensemble.
Pour certains ce passé est largement enjolivé et fantasmé.
Car, même s’il y a eu des périodes de «compromis», la politique américaine se
caractérise souvent par des oppositions partisanes franches et frontales
particulièrement fortes, parfois très agressives, voire violentes. Reste qu’il
est vrai qu’il a existé, pendant très longtemps, une aile centriste puissante à
la fois au Parti républicain et au Parti démocrate et que, surtout chez les
républicains, elle a quasiment disparue – le déclin a commencé lors de la
présidence Nixon (1969-1974) et s’est accentuée jusqu’à aujourd’hui –, alors
qu’elle s’est maintenue chez les démocrates mais se trouve très contestée
depuis l’opposition entre la centriste Hillary Clinton et le socialiste Bernie
Sanders lors de la dernière primaire présidentielle du parti en 2016 et qui a
aboutit à la candidature de la première nommée mais à l’élection du démagogue
populiste, Donald Trump.
Dès lors, cet ouvrage se justifie par cette absence d’étude
sur le Centrisme américain mais aussi et surtout parce que ce Centrisme est une
réalité politique importante aux Etats-Unis. On peut même dire que la création
d’une démocratie par les Pères fondateurs de la nation américaine et les
rédacteurs de la Constitution se basaient sur une vision centriste de la
politique ainsi que sur la volonté – et l’espoir – que le fonctionnement de la
république se ferait au centre, surtout dans le modérantisme.
TABLE DES MATIERES
Introduction
Chapitre 1
Une volonté centriste dès l’origine
Chapitre 2
Le tropisme centriste
Chapitre 3
La sensibilité centriste aux Etats-Unis
Chapitre 4
L’histoire du Centrisme américain / De Washington à Obama,
les présidents et le Centre
- Le modérantisme des Pères Fondateurs
- Abraham Lincoln, le premier centriste
- Theodore Roosevelt, dans les pas de Lincoln
- Bill Clinton, centriste moderne
- Barack Obama, héritier de Lincoln et Roosevelt
Chapitre 5
Les différents centrismes américains
- 1 Le Centrisme de l’humanisme démocratique
- 2 Le progressisme
- 3 La Troisième voie («Third way»)
- 4 Le Centrisme «post-partisan»
Chapitre 6
Bill Clinton et la «Nouvelle alliance» («New covenant»)
Chapitre 7
Barak Obama et l’«opportunité équitable» («Fair shake»)
Conclusion
La situation paradoxale du Centre depuis le mandat de Barack Obama
Appendices
I - La disparition des «centristes» républicains
II - Et si les républicains avaient enfin réussi à gauchiser les démocrates
III Présidentielle USA 2016. La défaite du Centre et du Centrisme aux Etats-Unis?
IV - Les 45% des Américains qui se disent «independents»,
sont-ils centristes?
V - Il est temps pour un parti centriste aux Etats-Unis
VI - La droite radicale américaine en passe de gagner son
pari de tuer le Centre
Citations sur le Centre et le Centrisme Américain
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