François Bayrou & Emmanuel Macron |
Pour
François Bayrou, Emmanuel Macron n’est plus centriste ou central – ou en tout
cas, il l’est mais en creux.
Sa
nouvelle façon de désigner l’action de Président de la république est de le
déclarer non-partisan, adepte du «en même temps» qui signifierait cette absence
partisane comme il l’a dit dans deux interviews consécutives au Parisien et à Sud
Ouest.
Mais
il fait un contresens.
Comme
toute personnalité politique quelle qu’elle soit, Emmanuel Macron est partisan,
il défend une ligne politique, des valeurs, des principes et une philosophie
politique.
En
revanche, en se situant au centre, comme centriste ou central, en faisant du «en
même temps» son principe d’action et du «et de gauche, et de droite» couplé ou «ni
de gauche, ni de droite» son positionnement, il affirme qu’il n’est pas
clientélisme.
En
cela, il pratique le Centrisme qui, face aux clientélismes de gauche et de
droite, les transcende avec son principe du «juste équilibre» dont le «en même
temps» est le pendant.
François
Bayrou n’est pas censé ignorer cela.
Alors,
son appellation de «non partisan» qu’il accole à Emmanuel Macron recouvre trois
choses.
D’abord,
Bayrou, dans sa posture gaullienne et dans son appel constant ces dernières
années à une «union nationale», à l’unité des forces démocratiques, veut faire
passer l’idée que la fonction présidentielle n’est pas partisane.
Or
si elle est «non partisane» pour un certain nombre de domaines et de
prérogatives du chef de l’Etat, elle ne l’a jamais été et ne le sera jamais
dans le domaine de l’action politique puisque sous la V° République, il est élu
par le suffrage universel, sur un programme partisan dont il possède les
pouvoirs pour le mettre en place.
Ensuite,
comme nous l’avons vu plus haut, le Centre est, pour François Bayrou, une sorte
de point d’appui pour ratisser large et unir le plus grand nombre dans le cadre
d’un rassemblement du style «unité nationale».
Or,
le Centre et le Centrisme n’ont pas vocation à se diluer dans une union qui
noie son identité, sa personnalité et ses idées.
Même
si le Centrisme veut servir tout le monde «en même temps» par le «juste
équilibre», il n’est pas une nébuleuse à laquelle tous pourraient s’agréger
tellement il serait malléable et modelable.
Enfin,
le président du Mouvement démocrate, et c’est de bonne guerre, tente de déminer
les attaques venues de la Droite et de la Gauche et, beaucoup, des médias, qui
présentent sans cesse Macron comme un président de droite et le président des
riches.
En
voulant faire de lui un «non partisan», il explique qu’il ne recherche que l’intérêt
général.
Or,
là aussi, Bayrou se trompe puisqu’il devrait savoir que la mise en route des
réformes impliquait de d’abord «libérer» l’économie avant de «protéger» le
social pour reprendre la distinction faite par le Premier ministre, Edouard
Philippe dans une interview au quotidien Le Monde.
Dès
lors, on est bien dans la phase de la libération (même si des mesures de
protection ont été prises) et on sera dans la phase de protection après, selon
le calendrier proposé par Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle.
Alexandre
Vatimbella
Directeur
du CREC
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