Par Aris de Hesselin
Dans cette rubrique, nous publions les
points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement
ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire
progresser la pensée centriste.
Aris de Hesselin est un avocat
international, centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation
humaniste. Ses propos sont les siens et non ceux du CREC.
Emmanuel Macron & Donald Trump |
Emmanuel Macron parle avec tout le monde.
Il l’avait annoncé lors de sa campagne présidentielle.
Parler avec Poutine, Trump, Erdogan, Xi, Modi et quelques
autres personnages peu recommandables ou sulfureux de la scène internationale,
pourquoi pas?
Les relations internationales n’ont jamais été le lieu
privilégié de la morale, de l’honnêteté et elles doivent être guidées, dans le
monde tel qu’il est, par la défense des intérêts du pays que l’on représente.
De ce point de vue, il n’y a rien à reprocher au Président
de la république.
Mais là où les choses se gâtent c’est lorsqu’il fait des
accolades ostensibles au Premier ministre indien, Narendra Modi, le
nationaliste extrémiste responsable ou, à tout le moins, complice de massacres
de musulmans lorsqu’il était à la tête de l’Etat du Gujarat.
C’est aussi le cas lorsqu’il affirme que Donald Trump est
son ami alors même qu’il ne l’a connu que l’année dernière lorsqu’il devint
président et que le populiste démagogue américain s’était fait élire six mois
plus tôt sur un programme détestable.
Il ne pouvait absolument pas ignorer qui il était.
Que les Etats-Unis soit notre allié le plus important, c’est
une évidence de l’Histoire mais cela ne justifie en rien que l’on copine avec
un personnage comme Trump.
Etre «ami» de Donald Trump, c’est comme l’être de Viktor
Orban, le Premier ministre hongrois dont on a cru comprendre que Macron n’avait
aucune sympathie pour ce populiste nationaliste extrémiste, ce qu’est également
le président américain.
Bien sûr, d’un point de vue géostratégique, la Hongrie n’est
pas les Etats-Unis…
Au moment où Emmanuel Macron va entamer sa visite d’Etat aux
Etats-Unis, ce lundi 23 avril, il n’est pas inutile de lui rappeler qu’il est
soi-disant un admirateur de Barack Obama (l’homme le plus détesté par Trump) et
qu’il partage la vision du monde d’Hillary Clinton (la femme la plus détestée
par Trump), deux humanistes centristes et progressistes que le président
américain insulte sans relâche.
Et pour ajouter à cette situation peu reluisante, avant de
se rendre à Washington, Macron a accordé un entretien à… Fox news, la
télévision d’extrême-droite, qui rapporte des «fake news» à longueur de journée
et qui est devenue la voix quasi-officielle de Trump (qui ne prend pas de
décision sans avoir regardé les éditorialistes haineux et radicaux de la chaîne
comme Sean Hannity).
C’est très regrettable et c’est comme s’il avait donné une
interview au magazine Minute, la voix de l’extrême-droite française la plus
radicale!
Nous comprenons bien la stratégie d’Emmanuel Macron face à
un égocentrique narcissique comme Trump, le caresser dans le sens du poil pour
obtenir le plus d’un personnage qui donne raison au dernier qui a parlé et,
surtout, qui lui fait des compliments.
Mais, outre que cette stratégie n’a pas donné beaucoup de
résultats jusqu’à présent, elle ne peut tenir lieu de comportement d’un
président qui se dit humaniste, progressiste et défenseur intransigeant des
valeurs de la démocratie républicaine que Trump foulent aux pieds 24 heures sur
24.
Et si cette «amitié» perdurait, elle jetterait sans conteste
une ombre à la présidence d’Emmanuel Macron.
Aris de Hesselin
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