Emmanuel Macron |
L’élection d’Emmanuel Macron portait en elle une volonté de
transformation du pays qui devait, à un moment ou un autre, si elle était mise
en œuvre comme c’est le cas actuellement, provoquer une confrontation entre les
progressistes réformistes libéraux (aux côtés de Macron) et les conservateurs
clientélistes dont certains sont populistes et d’autres archaïques, entre un
axe central et des partis de gauche et de droite qui se sont encore plus
radicalisés depuis leur double-défaite à la présidentielle puis aux législatives,
comme c’est souvent le cas après un revers électoral.
Bien sûr, les premières salves avaient été tirées dès le
lendemain de la victoire d’Emmanuel Macron par des partis comme le Front
national ou des personnalités comme Jean-Luc Mélenchon ou Laurent Wauquiez, peu
respectueux du choix démocratique qui venait de s’exprimer.
A chaque réforme, à chaque mesure, à chaque discours, le
front du refus est monté au créneau avec cette évidente mais toujours étonnante
alliance objective entre les clientélismes de droite et de gauche qui se fait à
chaque fois que le Centre est au pouvoir.
L’épisode actuel vient de la concomitance entre plusieurs
réformes (SNCF, institutions, entrée à l’université, etc.), plusieurs annonces
de réformes à venir, de propos indignes de responsables politiques et syndicaux
et de l’action souvent violente de petits groupes extrémistes qui ne représentent
souvent qu’eux-mêmes (dans l’occupation des facs, à Notre-dame-des-Landes), le
tout couplé avec une certain désinformation venant d’un peu partout et malheureusement
aussi de certains médias.
C’est dans ce cadre qu’il faut replacer l’intervention du
Président de la république sur TF1 aujourd’hui puis celle de dimanche sur
BFMTV.
Emmanuel Macron a senti le besoin de parler aux Français
pour leur rappeler que tout ce qu’il fait maintenant, il l’avait promis pendant
sa campagne (que donc personne ne peut se sentir trahi ou surpris) et qu’il
avait toujours affirmé que s’il était élu c’était pour réformer la France pour
qu’elle soit capable de relever les défis du XXI° siècle.
Sur TF1, il a ainsi déclaré, «je fais ce que j'ai dit, on n’était
peut-être plus habitué».
Il a ajouté: «on a mis en place des réformes attendues
depuis des années comme la simplification du droit du travail».
Cette parole était nécessaire, non pas tellement en terme
électoraliste, mais du point de vue politique.
Car, au-delà même du respect de la démocratie et des choix
des électeurs (qui est de plus en plus bafoué de manière extrêmement rapide
dans la plupart des démocraties républicaines), Macron doit rappeler aux
Français – tout au moins à certains d’entre eux – que la réforme n’est pas optionnelle,
elle est indispensable et qu’ils l’ont choisie librement et en toute connaissance
de cause.
De plus, à notre ère de la «fake news» et de l’information
en continue, il devait également remettre à sa place nombre d’informations et
de critiques véhiculées dans les médias et sur les réseaux sociaux, notamment
sur le fait qu’il serait le président des riches.
Or, comme tout centriste qui se respecte, il a rappelé cette
évidence, on ne peut que redistribuer la richesse que l’on a créée: «Il n'y a
pas de politique de justice possible si on ne produit pas d'abord, c'est le
fameux en même temps».
Et que l’on s’en félicite ou qu’on le regrette, ce sont bien
des entrepreneurs individuels qui la crée majoritairement et qu’il faut les inciter
à le faire (et en inciter encore beaucoup d’autres à les suivre).
Et, qu’on le regrette ou qu’on s’en félicite, le moteur pour
la plupart de ces entrepreneurs est la réussite sociale et matérielle, pas la
beauté du geste qui ne concerne qu’une très petite minorité d’entre eux.
Quoiqu’il en soit, aujourd’hui, les camps sont bien
délimités et les attaques parfois ordurières venues des extrêmes populistes,
montrent que la bataille a été engagée et sera rude, ce dont personne ne
doutait vu les blocages du pays depuis des décennies.
Les progressistes réformistes doivent donc tenir bon, non
pas pour défendre une quelconque idéologie, non pas pour défendre leurs
intérêts mais ceux de la France.
De leur capacité à tenir bon découlera ou pas la grande
réforme qui ne sera peut-être pas la révolution annoncée par Emmanuel Macron
mais, en tout cas, une transformation en profondeur, base d’un dynamisme
retrouvé permettant une vie meilleure.
Oui, comme l’a bien expliqué le Président de la république
sur TF1, «le monde va à toute allure» et son crédo centriste «libérer,
protéger, unir» est bien le bon pour que la France «redevienne un pays de
progrès pour tous».
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
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