François de Rugy |
Dans une interview au quotidien
Le Monde, François de Rugy, le Président de l’Assemblée nationale et membre de
La république en marche, livre son opinion sur la réforme des institutions
promise par Emmanuel Macron et pour laquelle le Premier ministre, Edouard
Philippe, vient de consulter l’ensemble des forces politiques.
Même s’il émet quelques réserves
sur des mesures qui pourraient être proposées (sans que l’on sache si elles
sont vraiment prévues ou non par le gouvernement…) comme la réglemmentation
drastique du droit d’amendement parlementaire afin d’éviter les blocages que
l’on a vu dans le passé où, grâce à a fonction copier-coller des ordinateurs et
à la photocopieuse, les opposants à un texte peuvent déposer des miliers
d’amendements souvent identiques pour paralyser le travail des députés et des
sénateurs.
Mais il rappelle son souhait de
l’introduction d’une forte dose de proportionnelle (25%) pour les élections
législatives, étant en ce sens en accord avec François Bayrou.
Extraits.
- Il est important d'aller au bout de ce chantier voulu par
le président de la République dont je salue le volontarisme. Cette réforme vise
à répondre à l'exaspération des Français, qui s'est exprimée lors de la
présidentielle. Je suis porteur de cette ambition réformatrice pour avoir un
Parlement plus efficace, car ce sont les dysfonctionnements de la démocratie
qui font le lit des populismes. Les propositions de l'exécutif constituent une
base de discussions. Ce n'est pas un texte à prendre ou à laisser. Si
l'exécutif passe par la voie parlementaire, les mesures pourront évoluer car
elles feront l'objet d'amendements lors de l'examen du texte à l'Assemblée et
au Sénat. Cette pratique est utilisée dans beaucoup de pays, et le Sénat
commence à l'utiliser.
- Dans cette réforme, il y a des sujets qui traînent depuis
des années, comme la réforme du Conseil supérieur de la magistrature ou la
suppression de la Cour de justice de la République. Il y a aussi des
engagements de campagne forts, soutenus par les Français : baisse du nombre de
parlementaires, limitation du cumul des mandats dans le temps et introduction
de la proportionnelle. Il y a enfin, et surtout, des sujets, qui ont trait à
l'efficacité du Parlement, qui nous intéressent particulièrement. Ce sont ces
trois catégories de réforme qu'il faut apporter.
- Je suis favorable à ce qu'il y ait un quart des députés
élus à la proportionnelle. Cela ferait donc cent députés élus selon ce mode de
scrutin sur quatre cents, si l'on tient compte de la réduction du nombre de
parlementaires. Pour déterminer la dose de proportionnelle, les consultations
des uns et des autres permettront d'y voir plus clair. A 10 %, cela ferait
quarante députés élus à la proportionnelle. Je doute que, dans ces conditions,
on ait beaucoup de diversité politique. Mais, entre 10 % et 25 %, il y a matière
à travailler.
-Je n'y suis pas favorable (à la limitation du droit d’amendement).
Cela n'a été proposé ni par l'Assemblée ni par le Sénat. Et cela n'a jamais été
évoqué par le président de la République. Je sais d'expérience que c'est une
fausse solution. L'inflation d'amendements et la possibilité d'obstruction
constituent un vrai problème, mais il existe d'autres outils pour y répondre
que limiter le nombre d'amendements par groupe
- Je souhaite qu'un accord soit trouvé avec le Sénat et
j'agis en ce sens. Nous faisons tout pour aboutir. S'il y a des blocages sur
certains points qui sont connus, comme la diminution du nombre de
parlementaires et la limitation du cumul des mandats dans le temps, ces points
pourraient être soumis, le cas échéant, à un référendum. Mais la voie normale
prioritaire reste la voie parlementaire.
- Le texte et la pratique de la Ve République donnent
des pouvoirs d'action à l'exécutif. Ils génèrent une capacité à agir et à
mettre en œuvre une politique qu'il ne faut pas perdre. Pour autant, le
Parlement doit être davantage respecté dans notre fonctionnement
institutionnel. Sur ce point essentiel, je le dis clairement : les
parlementaires sont prêts à faire des efforts, mais le gouvernement doit en
faire aussi.
- Après toute alternance, il y a une volonté de faire passer
beaucoup de réformes. C'est normal, et ça l'est d'autant plus aujourd'hui que
le président de la République a été élu sur un programme clairement réformateur
qu'il met en œuvre de manière méthodique.
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