La victoire d’Emmanuel Macron a provoqué une grande perte de
repères dans la sphère du centre-droit.
Pendant que certains de ses leaders se ralliaient avant et
après la présidentielle et/ou les législatives à Macron, d’autres jouaient une
partition où les couacs sont plus nombreux que les lignes claires où se
dessineraient un positionnement et une stratégie cohérentes.
C’est le cas, entre autres, de Jean-Christophe Lagarde
(UDI), d’Hervé Morin (Les centristes), de Laurent Hénart (Mouvement radical) ou
encore de Jean-Pierre Raffarin (LR).
Tous, sans exception, – et leurs partis respectifs (sauf LR
évidemment) – sont dans ce que l’on peut appeler une «opposition constructive»
ou un «soutien critique», sans que l’on sache si c’est le premier terme qui est
le plus approprié à leurs comportements ou le second.
Ainsi, chaque déclaration positive sur l’action du
gouvernement ou du président de la république est suivie quasi-automatiquement
d’une critique plus ou moins virulente.
De quoi perturber leurs sympathisants et d’offrir un tableau
peu engageant où ce pilotage à vue fait penser à un vide de la pensée politique
mais aussi à de l’opportunisme.
Il faut dire que les partis et les hommes que l’on a évoqués
ci-dessus ont vécu une «annus horibilis» en 2017 où, faute de pouvoir présenter
un candidat à la présidentielle, ils se sont rabattus sur le plus compatible à
leurs yeux, Alain Juppé, avant de devoir, plus ou moins contraints, soutenir
François Fillon même après la révélation des affaires le concernant et alors
qu’il défendait un programme qui n’avait rien de centriste.
De quoi provoquer des confusions et des contradictions qui
sont particulièrement fortes actuellement.
Ainsi, Jean-Christophe Lagarde (président de l’UDI) a
décidé, pour monter le soutient critique ou l’opposition constructive, de
soutenir deux candidats de la majorité présidentielle lors de prochaines
élections législatives partielles.
Mais, dans le même temps, il a soutenu deux candidats LR et
s’apprêtent à en soutenir un troisième qui est proche de Laurent Wauquiez avec
qui il affirme ne plus vouloir s’allier.
Ainsi, Hervé Morin (président de Les centristes), affirme
approuver l’action du gouvernement dans de nombreux domaines mais pointe
immédiatement ses lacunes avec des accents très à droite, tout en mettant en
garde le président de la république contre un ralliement de Jean-Christophe
Lagarde qui ne le ferait que par opportunisme.
Ainsi Laurent Hénart (coprésident du Mouvement radical) qui
voulait soutenir Emmanuel Macron lors de la présidentielle avant de faire un
suivisme total de ses amis d’alors de l’UDI en se rangeant derrière François
Fillon et qui aujourd’hui, en créant le Mouvement radical social-libéral avec
Silvia Pinel du Parti radical de gauche, adopte une attitude critique vis-à-vis
du pouvoir actuel alors que son positionnement est sans aucun doute le même que
celui de la majorité présidentielle.
Ainsi de Jean-Pierre Raffarin (LR) qui n’arrête pas de se
plaindre du virage à droite toute de LR et des dangereux positionnements de
Laurent Wauquiez, son nouveau président, tout en restant dans le parti mais en
menaçant de le quitter et en adressant des satisfecit au président de la
république.
On pourrait multiplier les exemples, propos et actes à
l’appui.
On comprend bien la confusion qui provoque les contradictions
pour des personnalités et des partis qui ont soutenu la Droite depuis dix à
vingt ans sans discontinuer et qui ont vécu un véritable séisme lors de la
dernière présidentielle et des législatives qui ont suivi.
Néanmoins, on comprend moins leur incapacité à prendre
clairement position par rapport aux valeurs et aux principes qu’ils affirment
défendre.
Car, dans ce cas, sans forcément se rallier à la majorité
présidentielle, il est évident qu’ils devraient couper tout lien avec le LR de
Wauquiez et qu’ils devraient être dans un soutien d’un pouvoir essentiellement
centriste.
A moins que ces personnalités ou ces partis ne s’estiment
plus, eux-mêmes, centristes.
Mais alors, il faut le dire pour la clarté du débat
politique et l’honnêteté qu’ils doivent à leurs sympathisants, voire à leurs
militants.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC
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