Nombre de médias et de politologues, voire de politistes,
ont comparé et comparent Emmanuel Macron à Valéry Giscard d’Estaing et La
République en marche (LREM) à l’Union pour la démocratie français (UDF).
Ces rapprochements sont-ils pertinents?
J’ai déjà affirmé que de présenter Macron comme le nouveau
Giscard méconnaissait les différences profondes entre les deux hommes et leurs
projets.
Si l’on peut dire qu’ils sont tous deux «centraux» plus que
centristes, il faut ajouter immédiatement que l’actuel président de la
république a un projet centriste et mène une politique centriste alors que son
prédécesseur de 1974 à 1981 n’a jamais eu un projet centriste et n’a jamais
mené une politique centriste mais qu’il était un homme de la droite libérale et
modérée tant dans ses idées que dans ses actes.
En outre, au début de son septennat, Giscard avait avec lui
toute la Droite et personne de la Gauche, ce qui n’est pas du tout la
configuration de la majorité présidentielle qui est derrière Macron.
Evidemment, tous les deux ont réunis derrière eux une grande
majorité des centristes mais il faut rappeler que dans l’UDF, il y avait des
hommes et des femmes politiques très à droite alors que l’on ne trouve pas
d’extrémiste, ni de droite, ni de gauche dans LREM.
Ce qui m’amène à la comparaison que l’on fait actuellement
entre ces deux formations qui, pour l’une (UDF) était une confédération de
partis jusqu’en 1998 et la prise de pouvoir de Bayrou et l’autre est un
mouvement (LREM) qui fédère des individus venus de bords différents et peut, à
l’occasion d’élections, diriger une coalition sous ses propres couleurs.
Cette différence est importante parce que le rassemblement
réalisé par Giscard d’Estaing en 1978, c’est-à-dire quatre ans après son
élection, s’était fait autour de partis venus de bords différents et déjà constitués
alors que le rassemblement de Macron a été créé avant sa déclaration de
candidature à la présidentielle afin d’agréger des individus venus de bords
différents et s’est fait autour de lui et sur ses idées, ce qui lui donne une
beaucoup plus grande homogénéité.
Surtout, l’UDF, comme Giscard, n’a jamais été du temps de la
présidence de celui-ci, un parti réellement centriste, ni même, parfois,
central alors que LREM, si elle n’est pas centriste stricto sensu est, en tout
cas et sans contestation possible, centrale, l’ensemble de ses membres étant
positionnés sur l’axe central (regroupant les progressistes réformistes de
droite, de gauche et du centre).
Quant à savoir si LREM va pouvoir agréger tous les
centristes comme on le lit un peu partout depuis que l’UDI a décidé de soutenir
deux candidats de la majorité présidentielle lors de prochaines élections
législatives partielles (une LREM et un MoDem), n’oublions pas que, dans le
même temps, la confédération centriste soutient un député LR invalidé, proche de
Laurent Wauquiez avec lequel Jean-Christophe Lagarde ne voulait plus s’allier,
ce qui relativise grandement ce rapprochement entre LREM et l’UDI, même si, des
deux côtés, on a intérêt à le mettre en avant mais pour des raisons
différentes…
Sans oublier que les radicaux désormais réunis dans le
Mouvement radical social-libéral ne comptent pas, pour l’instant, se fonde dans
la majorité présidentielle.
De même, Les centristes d’Hervé Morin qui ont quitté l’UDI,
lorgnent plus du côté de l’aile «modérée» de LR, celle de Valérie Pécresse et
de Xavier Bertrand, pour former un nouveau parti de droite et de centre-droit.
Et sans oublier non plus la résistance à l’intérieur de
cette même majorité où le MoDem ainsi que les anciens UDI qui ont rejoint LREM
n’ont guère envie de se voir mélanger avec des gens qui ont soutenu François
Fillon en 2017 et qui continuent à frayer avec le président très à droite de LR
d’une manière ou d’une autre.
D’autant que comme on le dit fort justement au MoDem, on ne
peut pas être à la fois dans la majorité présidentielle et en dehors comme
essaye de le jouer l’UDI afin de se ménager toutes les sorties possibles dans
une démarche opportuniste peu honorable et digne!
Bien entendu, pour les partis se réclamant du Centre, une
unification derrière Emmanuel Macron aurait du sens, en tout cas, beaucoup plus
que l’unification sous Valéry Giscard d’Estaing.
Mais, le pire pour le Centre et le Centrisme, ce serait que
celle-ci se fasse sans une clarification préalable et avec un véritable projet
commun.
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