mercredi 28 février 2018

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. La dictature personnelle est revenue en Chine

Ça y est, il n’y a plus aucune réserve, la dictature personnelle est revenue en Chine.
Il y avait déjà celle, collective, du Parti communiste mais, celui-ci échaudé par le régime maoïste et son culte de la personnalité avec, à la clé, ses dizaines de millions de morts, ainsi que par sa faillite totale, tant économique que sociale et sociétale, avait voulu empêcher le retour d’un «guide de la révolution» ou d’un «leader maximo».
Et bien, Xi Jinping est en train de faire sauter ce dernier verrou qui ne permettait pas à un premier secrétaire du PC (et, par ailleurs, président de la république…) de faire plus de deux mandats de cinq ans.
Quand la réforme sera adoptée dans quelques semaines, il va donc pouvoir demeurer le chef indéfiniment, mourir dans son lit de dictateur, avoir son mausolée et y être embaumé.
Cette réforme est bien entendu une complète régression, non pas démocratique tant ce terme n’avait plus lieu d’être en Chine depuis la répression de la place Tian'anmen en 1989 – l’année même où le Mur de Berlin s’effondrait –, mais dans le barrage à toutes les aventures personnelles dont ce genre de régime peut malheureusement accoucher.
Rappelons que Xi Jinping a, non seulement, fait une chasse aux dissidents et aux démocrates, les accusant le plus souvent de corruption pour tenter de tromper l’Occident (en URSS on les mettait de la même manière dans les asiles de fous), qu’il a éliminé tous ses opposants en interne (pour lesquels on ne versera que peu de larmes tant ils lui ressemblent) mais qu’il a aussi fait inscrire sa «pensée» dans la Constitution, ce qui en fait un guide à l’égal de Mao, lui qui avait mis son père, Xi Zhongxun, en prison lors des purges en 1962…
Certains, et ils sont nombreux, penseront qu’une dictature en Chine est bonne pour le reste du monde.
Voilà un pays réputé instable quand il n’est pas gouverné par une main de fer et qui sera beaucoup plus prédictible, affirment-ils.
Sans oublier que l’on pourra faire encore plus de commerce avec lui.
Même le centriste Emmanuel Macron s’est fendu de compliments envers son homologue chinois pour sa lutte contre la pollution et a évité de parler des droits de l’homme lors de sa visite en Chine.
Mais, comme pour tous les grands dictateurs de la planète, de Hitler à Mao, de Staline à Mussolini, de la famille Kim à la famille Al-Assad, des ayatollahs iraniens à l’empereur Bokassa, Xi n’est pas cet homme lisse qui ne veut que le bien de son pays.
Il est un redoutable faucon qui, sous l’appellation mensongère de «rêve chinois» – qui n’est qu’une façon de nommer la volonté hégémonique du Parti communiste chinois tant à l’intérieur qu’à l’extérieur –, veut imposer d’une main de fer sa vision du monde à toute l’Humanité.
En exaltant le passé glorieux de la Chine et le rôle d’avant-garde des communistes, monsieur Xi est un danger pour la paix et pour les équilibres internationaux ainsi que pour l’économie mondiale (où sont les réformes indispensables de la finance chinoise et la lutte contre le déficit public abyssal, où sont l’application des règles d’une juste et saine concurrence?).
Les leaders du monde libre, au lieu de lui faire des courbettes comme ils le firent en leur temps aux tristes sires Hitler, Staline et Mao, devraient rappeler avec fermeté les valeurs et les principes de la démocratie républicaine mais aussi les règles d’une mondialisation humaniste.
Avant que demain il ne soit trop tard, comme ce fut le cas si souvent dans l’Histoire.


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