Oui, monsieur le président, la Chine est un grand pays, les
Chinois sont un grand peuple et la civilisation chinoise est une des plus
grandes, son apport ayant été d’une importance particulièrement grande pour
l’Humanité.
La Chine est redevenu aujourd’hui une grande puissance, sans
doute la deuxième derrière les Etats-Unis et aspire à devenir la première.
Tout comme elle est la deuxième économie mondiale, en
marche, peut-être, vers la première place dans les vingt ans à venir (si tant
est que ses statistiques soient correctes, ce dont doute beaucoup de
spécialistes du pays).
Oui, la Chine est tout cela mais c’est aussi une dictature
de plus en plus forte avec un dirigeant mégalomane, Xi Jinping, qui veut
recréer à son profit le culte de Mao (et, donc, de celui de l’empereur qui
était le modèle du «grand timonier») qui a restreint les libertés politiques,
qui emprisonne à tour de bras les opposants et ses concurrents de son propre
parti, qui a pris des mesures répressives contre les peuples tibétain et musulman
colonisés, qui ne respecte pas le statut particulier de Hong Kong, qui rêve
d’une armée conquérante afin de faire de l’Asie une grande colonie chinoise,
qui fausse les règles de l’économie mondiale et qui soutient tous les
dictateurs et autocrates du monde.
Un dirigeant qui n’a pas hésité une seule seconde à laisser
mourir en prison le prix Nobel de la paix, Liu Xiaobo, professeur d’université
et défenseur infatigable des droits de l’homme, que son prédécesseur avait
empêché d’aller recevoir sa récompense à Oslo.
Alors, oui, au nom de la realpolitik, du principe de réalité
en matière de relations internationales et de commerce mondial, on ne peut
faire l’impasse de parler avec la Chine et son dirigeant actuel comme on ne
peut faire l’impasse de parler avec celui de la Russie ou celui de la Turquie,
deux hommes que vous avez reçu récemment en grandes pompes monsieur le président.
Mais parler ne veut pas dire accepter ces régimes et ces
personnages dont on rappelle qu’un des objectifs est une lutte à mort et sans
concession contre le régime de la démocratie républicaine qui est, non
seulement, celui que vous défendez, monsieur le président, mais aussi celui qui
vous donne votre légitimité d’être le chef de l’Etat de la France.
Nous, Occidentaux, avons la responsabilité d’avoir permis à
la Chine de redevenir une grande puissance en ayant boosté son économie qui
permettait à nos entreprises mais aussi à nos consommateurs d’avoir des biens à
bas prix, produits dans des conditions exécrables pour les hommes et
l’environnement.
Et nous n’avons rien obtenu en retour, sinon un premier
massacre en 1989 lors de l’occupation de la place Tienanmen par les étudiants
réclamant la démocratie et qui a fait, selon les derniers bilans, au moins dix
mille morts…
Votre premier discours lors de votre actuelle «visite
d’Etat», vous a fait dire que les destins de la France et de la Chine étaient
«liés» et que «L'avenir a besoin de la France, de l'Europe et de la Chine. Nous
sommes la mémoire du monde. Il nous appartient de décider d'en être l'avenir.»
De belles paroles et qui certainement sont justes tant que
vous parlez de la Chine et non de ses dirigeants et de leur politique.
Monsieur le président, n’oubliez pas que nous avons des
valeurs, des principes qui font que nous vivons dans un pays libre et qui ne
peuvent être à la merci simplement de contrats juteux pour nos entreprises et d’une
belle visite de la tombe du premier empereur et de ses soldats de terre cuite.
Ne l’oubliez pas comme l’ont trop souvent oublié vos
prédécesseurs et la plupart de vos collègues dirigeants de pays démocratiques.
Alors vous pourrez être celui que vous voulez devenir: le leader
d’un monde plus libre et plus humaniste, celui qui inspire les peuples et qui
rend sa fierté aux Français.
Celui que défendent les centristes.
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