De l’élection d’Emmanuel Macron à la première année de
pouvoir de Donald Trump en passant par la mise en route effective du brexit et
les volontés d’indépendance de la Catalogne, l’année a été très contrastée pour
les idées et les valeurs centristes dans le monde au cours de l’année qui s’achève.
► La Macromania saisit le monde
Nous Français, nous n’allons pas bouder notre plaisir: en
cette année 2017, le phénomène international «Emmanuel Macron» s’est hissé
(presque) à la hauteur du phénomène «Barack Obama» en 2009 et a joué en
contrepoint positif des phénomènes anxiogènes et répulsifs «Donald Trump» et «Vladimir
Poutine».
Voici la France fêtée d’une certaine façon pour avoir élu un
jeune président de trente-neuf ans, ouvert et progressiste, humaniste et
européen alors qu’ailleurs les peuples se refermaient sur eux-mêmes le plus
souvent en cédant aux sirènes du populisme, de la démagogie et du communautarisme.
Une France fêtée, tout comme le furent les Etats-Unis lors
de cette euphorie qui les porta pour mettre au pouvoir suprême le premier noir.
Comme quoi l’Histoire n’est vraiment pas un mouvement
linéaire vers l’émancipation dans la responsabilité et la rationalité…
Toujours est-il que, nous, Français, nous devons en profiter
car ce ne sera pas le cas tous les ans!
Alors que nos précédents présidents depuis de Gaulle
n’avaient guère suscité un intérêt aussi grand (à part peut-être François
Mitterrand, surtout à cause de ses nominations de ministres communistes…),
Emmanuel Macron est l’objet de louanges, de critiques ou de questionnements
mais peu de gens restent indifférents à sa personne, à son itinéraire et, c’est
le plus intéressant, à son projet.
Bien entendu, c’est par rapport aux relations
internationales, à la mondialisation et à la construction européenne que
celui-ci est le plus décortiqué à l’étranger.
Néanmoins, la philosophie qui y préside étant très proche de
ses intentions pour les Français, on peut affirmer que c’est bien ce qu’il veut
faire et comment il veut le faire qui est au cœur de la curiosité à son
encontre de par le monde.
Il est trop tôt pour se projeter dans le futur et savoir si
cet intérêt ne sera qu’un feu de paille ou s’il durera un quinquennat, voire
deux et qu’il surpassera alors celui porté à Obama dont le deuxième mandat fut
très en-deçà du premier de ce point de vue.
Mais Macron porte un espoir qui peut se révéler essentiel
s’il parvient à le transformer en actions et en résultats pour la société
libérale démocratique et républicaine, celle qui trouve se racines dans les
révolutions française, américaine et britannique.
Et pas seulement dans les pays occidentaux rongés par le
populisme et la démagogie mais dans les pays sous le joug d’autocrates et de
dictateurs où les populations voient tous les jours leurs droits et leurs
libertés rognées, de la Russie à l’Iran, de la Syrie à la Chine, de la Corée du
Nord au Venezuela et, peut-être, bientôt, de la Pologne à la Hongrie en passant
par l’Autriche…
► Union européenne, la promesse
centriste Macron
Avec le brexit, avec le score historique du parti
d’extrême-droite AfD aux dernières législatives en Allemagne (92 députés), avec
la crise grecque qui n’est pas encore dernière nous, avec les mesures
anti-démocratiques prises par la Pologne et la Hongrie, avec les velléités
sécessionnistes d’une partie du peuple catalan, avec l’entrée en force de
l’extrême-droite dans le gouvernement autrichien, avec les gouvernements
populistes en République tchèque et en Slovaquie, l’Union européenne n’est pas
au mieux et les pro-européens ont de quoi broyer du noir, surtout les
centristes, toujours à la pointe du combat en matière de construction et d’intégration
européennes.
Pourtant, une lueur dans la nuit s’est allumée avec
l’élection d’Emmanuel Macron, dans un pays qui semblait devenir de plus en plus
eurosceptique.
Car le nouveau président de la république n’est pas
seulement un centriste (ou centro-compatible) pro-européen convaincu mais il a
basé une grande partie de sa campagne électorale sur l’Europe et le besoin de
renforcer la construction européenne dans un sens fédéraliste.
Et malgré cela diront certains ou plutôt grâce à cela, il a
été élu à l’Elysée.
Voilà un premier exploit!
Et les sondages montrent que les Français tiennent à l’UE et
souhaitent sa montée en puissance.
En outre, dans tous les pays du Vieux continent, les
défenseurs d’une Europe unie reprennent du poil de la bête.
Beaucoup veulent leur «Macron», c’est-à-dire une
personnalité politique jeune, humaniste, progressiste et capable de relancer la
machine européenne alors que l’on a commémoré (plutôt en catimini), les 60 ans
du Traité de Rome, celui qui a créé la Communauté européenne ancêtre de l’Union
européenne.
► Etats-Unis, la gueule de bois
centriste
Après la défaite improbable de leur héraut, Hillary Clinton,
les centristes américains avaient peur d’une présidence Trump et ils avaient
entièrement raison.
Le populiste démagogue proche des thèses d’extrême-droite ne
les a pas déçus de ce point de vue…
De mesures extrémistes en dérapages, de mensonges en
insultent, de provocations en incompétences, le successeur de Barack Obama a
pleinement démontré qu’il était un incapable notoire et impropre à exercer la
charge suprême de la première puissance mondiale.
Et il n’arrive même pas à la cheville de Ronald Reagan, c’est
dire sa qualité…
Plus grave, dans l’ombre, plusieurs idéologues qu’il a
nommés à la tête d’administrations et d’agences publiques sont en train de
défaire des législations essentielles au fonctionnement de la démocratie
républicaine.
Du coup, au-delà de son incompétence, il est un grave danger
pour la démocratie, pour la stabilité du monde.
Et il a été accompagné dans ses frasques et dans ses menées,
tout du long, par un Parti républicain indigne de son passé et de ses glorieux
grands hommes tels Abraham Lincoln, Theodore Roosevelt, Ike Eisenhower.
► Royaume Uni, un brexit très
extrémiste
Que ce soit au Labor (Parti travailliste) ou chez les Tories
(Parti conservateur) et, bien entendu au Lib Dems (Liberal democrats), les
opposants à la sortie du Royaume Uni de l’Union européenne sont essentiellement
centristes, ce qui n’est évidemment pas une surprise.
Face à une droite radicale et nationaliste en train de
saborder son pays, face à une gauche pas moins radicale mais anti-européenne par
tradition idéologique, seul les centristes font front et s’activent pour
empêcher le brexit.
Il semble difficile qu’ils y parviennent mais, tel Tony
Blair, l’ancien premier ministre travailliste, ou Nick Clegg, l’ancien
vice-premier ministre libéral démocrate, ils prennent date et se posent en des
sortes de lanceurs d’alerte vis-à-vis de leur peuple qu’ils estiment avoir été
trompés par une propagande grossière des pro-brexit qui ont propagés nombre de
fausses informations et dont le pays va devoir payer le prix fort.
► Allemagne, le demi-échec du
recentrage d’Angela Merkel
Pour certains membres de la CDU (et surtout de la branche
droitière de celle-ci, la CSU bavaroise), le demi-échec de la chancelière
allemande Angela Merkel lors des élections législatives de septembre serait du
à son recentrage qui aurait permis une montée en puissance unique en son genre
de l’extrême-droite (avec le parti AfD dont certains membres revendiquent une
proximité avec le nazisme) qui a raflé 92 sièges au Bundestag et 10% des voix.
Mais rien ne permet de dire qu’un virage à droite de la même
Merkel aurait empêché les thèses populistes, démagogiques, xénophobes et
racistes de l’AfD de séduire une partie de la population.
Quant au Centre allemand, si l’on a pu croire à la
résurgence d’un parti centriste avec le renouveau politique puis électoral du
FDP (parti libéral) qui depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale avait joué
le rôle de l’allié indispensable à la CDU (droite) ou au SPD (gauche), on a du
déchanter après les législatives pour s’apercevoir que c’est encore à la CDU qu’il
est le mieux représenté avec les positionnements démocrates chrétiens de cette
dernière.
Le FDP est ainsi plus proche d’une idéologie néolibérale et
de thèses eurosceptiques.
► Espagne, la montée puissance des
centristes de Ciudadanos
Les centristes ne sont pas au pouvoir en Espagne mais ils
ont fait l’actualité politique au cours de l’année 2017 lors des élections
régionales catalanes.
Grâce à ses postions
anti-indépendantistes, Ciudadanos est devenu le premier parti en Catalogne
avec 25,37 % des voix (+7,47%) et 37 députés (+12)
Sa leader, Ines Arrimadas a joué
un grand rôle dans cette victoire mais elle n’a pu empêcher que les Catalans
votent pour une majorité de députés indépendantistes (mais qui n’ont pas
atteint 50% des voix).
Le parti centriste est, en outre,
le premier parti «constitutionnaliste» (anti-indépendantiste) à avoir jamais
gagné les élections régionales catalanes.
Cette victoire vient après son rôle clé en 2016 dans la
constitution d’un gouvernement à Madrid.
A défaut d’avoir remporté les élections législatives et même
d’avoir réalisé le score espéré par son leader, Alberto Rivera, Ciudadanos avait
débloqué la situation née des élections générales alors qu’aucun gouvernement
ne pouvait être constitué à l’issue de deux scrutins consécutifs.
En décidant de soutenir un gouvernement de droite dirigé par
Mariano Rajoy, les centristes avaient provoqué la décision des socialistes d’être
dans l’abstention et non l’opposition frontale au nouveau pouvoir.
Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC
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