Au vu de leur exceptionnelle année 2017, l’objectif du
Centre et du Centrisme est celui de la confirmation pour 2018.
Et ce ne sera pas aussi facile que certains le pensent.
Concernant le Président de la république et son
gouvernement, il ne faudra pas dévier de la ligne politique mais aussi et
surtout continuer à réformer et moderniser le pays d’autant que les Français,
toujours frileux en la matière, attendent cette réforme et cette modernisation
globales tout en critiquant certaines réformes ou certaines modernisations
particulières.
Mais cela est propre au comportement de l’humain et aux
collisions inévitables entre la reconnaissance de devoir absolument changer une
société bloquée et sclérosée tout en s’opposant aux changements nécessaires qui
le touche personnellement.
Cette équation existera toujours mais elle peut être
dépassée si l’individu s’aperçoit que la réforme et la modernisation ont un
effet globalement positif sur sa vie et celle de ses proches, aujourd’hui ou
demain.
Ce qui va être un atout pour Emmanuel Macron et sa majorité
en la matière, c’est l’absence d’élections en 2018.
Une plage qui peut être utilisée sans se préoccuper du très
court terme et d’une visée électoraliste immédiate.
C’est d’ailleurs à une année 2018 encore chargée en réformes
qu’il faut s’attendre selon les dires de l’Elysée et de Matignon.
Mais, à partir de 2019, les rendez-vous électoraux s’enchaîneront
avec les européennes (en mai 2019), les municipales (2020), les départementales
et les régionales (2021) et, enfin, la présidentielle et les législatives
(2022).
Et c’est à ce moment que l’on s’apercevra en grandeur nature
et non en sondages d’opinion, si l’action du pouvoir et si ses résultats seront
validés ou non par les Français.
Pour ce qui est des résultats, Emmanuel Macron semble
pouvoir profiter d’une conjoncture économique et sociale particulièrement
favorable avec les derniers chiffres du chômage (-0,8% sur un mois, -2,4% sur
un trimestre, la plus forte baisse depuis longtemps pour les chômeurs n’ayant
exercé aucune activité et un taux de 9,4% en 2018) et de la croissance (qui
devrait être aux alentours de 1,9% cette année et proche de ce pourcentage en
2018).
Voilà qui pourrait rendre son action plus facile sauf
problèmes internationaux graves (et là, il ne faut rien écarté).
Concernant la majorité présidentielle, La république en
marche va devoir continuer à se structurer pour se donner une existence
originale tout en demeurant le principal soutien de l’exécutif.
Pour le Mouvement démocrate de François Bayrou, l’équation
est un peu plus compliquée.
Aussi peu habitués à exercer le pouvoir que les députés de
LREM, ceux du MoDem doivent également se forger une personnalité propre ainsi
qu’un positionnement à l’intérieur de la majorité tout en ayant cette
originalité qui leur permettra d’être autre chose que de simples météorites de
la politique ayant profité de l’élection de Macron.
L’équation sera plus difficile qu’on le croit.
Pour ce qui est de l’Alliance centriste, sa faiblesse
structurelle et politique ne devrait pas lui permettre de jouer un rôle autre
qu’anecdotique dans la majorité, à moins d’un coup de pouce de l’Elysée mais
qui ne semble pas à l’ordre du jour.
Ce qui attend les autres centristes, ceux qui étaient à l’UDI,
l’avenir est très incertain pour 2018.
Ceux qui sont restés dans une UDI qui n’a plus aucune
légitimité à exister, devront prendre la décision soit de créer une nouvelle
formation politique cohérente, soit de s’en aller rejoindre les différents
partis qui peuvent les accueillir (LREM, MoDem, Agir, Les centristes, FED,
Mouvement radical).
Ceux qui, venant du Parti radical, ont fondé avec leurs
alter ego du Parti radical de gauche, le Mouvement radical social-libéral,
devront donner un sens à cette réunification en continuant la fusion entre les
deux structures mais aussi en aplanissant les différences idéologiques qui
existent encore et qui ne pourront être cachées indéfiniment au risque d’un
fiasco de cette nouvelle formation politique.
Ceux qui vont suivre Hervé Morin sont sans doute ceux qui
savent le moins où ils vont puisque le président de la région Normandie a dit
tout et n’importe quoi sur son avenir et celui de son parti, Les centristes.
Ses dernières déclarations semblent montrer qu’il a fait son
deuil d’un «grand parti de droite libérale» qu’il appelait de ses vœux et qu’il
veuille désormais engager un débat dans la mouvance du centre-droit et de la
droite modéré pour la refonder autour d’un corpus d’idées.
Mais il en a manqué cruellement ces dernières années, d’où
sa situation actuelle.
Reste que tous ces centristes dont on vient de parler ainsi
que de la poignée encore encartée à LR, vont devoir également se demander quel
est exactement leur positionnement politique face à Emmanuel Macron.
Il ne sera pas possible de tenir encore longtemps le fait d’être,
à la fois, pour et contre, en dedans et en dehors.
Bien sûr, le soutien critique peut exister mais seulement s’il
y a une vraie démarche politique
Et celle-ci est absente pour l’instant.
Du coup le positionnement en question s’apparente plus à de
l’opportunisme et un attentisme peu courageux qui permet de dire, si Macron
réussit, «on est avec lui», et s’il échoue, «on est contre lui»…
In fine, les centristes qui ont connu – sauf pour ceux de l’UDI
– une année incroyable et jubilatoire par rapport à ce que l’avenir semblait
leur réserver, vont devoir montrer qu’ils ne sont pas au pouvoir par hasard et
qu’il le mérite.
On l’a dit, ce sera un vrai challenge.
Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC