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Jean-Christophe Lagarde & Hervé Morin |
Cela fait trois ans qu’il attend
cela, depuis que Jean-Christophe Lagarde lui a «volé» la présidence de l’UDI,
parti pour lequel il n’avait, paradoxalement aucune sympathie, puisqu’il avait
été obligé d’y adhérer par la pression «amicale» de ses troupes, lui qui était
alors président du Nouveau centre (devenu depuis Les centristes).
Car, il ne faut pas s’y tromper,
le rapport entre Hervé Morin et Jean-Christophe Lagarde s’appelle de l’exécration
réciproque où tous les coups bas et tous les mensonges sont autorisés et les
deux protagonistes ne se sont pas gênés pour les utiliser à tire-larigot!
Sans rentrer dans les détails de
qui a commencé et qui est responsable, tant les deux hommes ont joué un jeu
mesquin et pathétique au cours de leur relation, l’UDI ne vivait, comme nous l’avons
souvent dit, que parce qu’il n’y avait pas mieux pour les centristes issus de
la majorité présidentielle de Nicolas Sarkozy (Nouveau centre, Parti radical
et, à un degré moindre, Alliance centriste).
Il faut se rappeler qu’après les
défaites présidentielles et législatives de 2012, ces centristes étaient en
totale déshérence.
Jean-Christophe Lagarde avait
alors claqué la porte du Nouveau centre pour s’en aller créer la FED (Force
européenne démocrate) qui fut une des formations, avec le Parti radical, à
créer l’UDI autour de Jean-Louis Borloo qui, lui, avait quitté l’UMP.
Après les défaites
présidentielles et législatives de 2017, tout le monde savait que l’UDI dans sa
forme actuelle n’existait plus et que sa seule fonction, un cartel électoral
qui ne pouvait s’allier «naturellement» (selon ses propres dires) qu’avec la
Droite, n’avait plus aucune utilité.
Lagarde a bien essayé par tous
les moyens de faire illusion en s’autoproclamant chef d’un futur grand parti de
la «droite libérale et du centre-droit» mais il a été bien le seul à se
soutenir dans cette tentative tragi-comique!
De son côté, Morin n’avait qu’une
seule ligne concernant l’UDI, finir le travail d’une décrépitude dont il est
responsable mais dont Lagarde l’est tout autant.
L’épisode de la dernière
présidentielle pourrait résumer à lui seul le fiasco de la confédération
centriste.
Lorsque Lagarde est élu à sa
présidence, une de ses promesses de campagne est qu’il y aura un candidat UDI à
la présidence.
Mais, devant la faiblesse de l’UDI
et les oppositions internes à celle-ci, et pour ne pas prendre un bouillon
(comme Morin en 2012 avec 1% d’intentions de vote dans les sondages), il recule
de manière pitoyable.
C’est alors une première
débandade puisque dans la foulée, l’UDI est incapable de soutenir un même
candidat.
Il y a ceux (majoritaires) qui se
rangent derrière Juppé avec Lagarde, ceux qui vont s’acoquiner avec François Fillon
comme François Zocchetto, ceux qui se rallient à Bruno Lemaire tel Morin et
même ceux qui veulent le retour de Nicolas Sarkozy tel Maurice Leroy.
Et puis Il y a ceux qui s’en vont
carrément pour soutenir Emmanuel Macron comme Jean Arthuis dont la formation, l’Alliance
centriste, est alors exclue de l’UDI par Lagarde.
Avec la défaite de Juppé à la
primaire, c’est sans trop de problème que l’ensemble de ce qui reste de l’UDI s’en
va soutenir François Fillon alors même que celui-ci s’est radicalisé sur une
ligne de droite extrême et dont Lagarde avait estimé qu’il était impossible de
s’y rallier…
Viennent l’affaire des emplois fictifs
de la femme et des enfants de monsieur Fillon mais cela n’a pas gêné l’UDI qui
a continué à soutenir le candidat LR après avoir souhaité malgré tout qu’Alain
Juppé le remplace.
Il faut dire que la formation
centriste ne pouvait rien espérer d’un ralliement à Macron qui n’en avait pas
(ou plus) besoin et que pour avoir quelques députés en cas de défaite qui s’annonçait,
il lui fallait faire alliance avec LR.
Ce qui s’appelle bien cartel
électoral, opportunisme et absence totale de courage politique.
Toujours est-il qu’Hervé Morin,
dont les propos oscillent entre des insultes à Laurent Wauquiez et des
paraphrases de ce que dit le nouveau président de LR, sait, après la présidentielle,
que le moment tant attendu de se payer Lagarde est enfin venu.
Sauf que ses troupes rechignent
dans un premier temps à aller au clash et à quitter la confédération centriste.
Ce sera donc, depuis mai, des salves
ininterrompues de critiques, de menaces et de mises en garde qu’il adressera à
l’UDI sans jamais citer le nom de Lagarde!
De son côté, le président de l’UDI
montrera toute son incapacité à donner une quelconque identité, une quelconque
âme à son parti.
Et c’est, avec le départ le 8
décembre du Parti radical de Laurent Hénart – qui faisait une sorte de tampon
entre la FED de Lagarde et Les centristes de Morin -- que les choses basculent définitivement.
Comment, en effet, bâtir un «grand
parti» avec deux petits groupuscules qui ne pèsent plus rien dans la vie
politique?
Comment surtout envisager un face
à face direct entre Morin et Lagarde, les deux seuls leaders encore présents
dans l’UDI?
Reste à savoir où ira Morin qui
veut construire un «vaste mouvement de centre-droit» et ce que fera Lagarde.
Si tant est que cela intéresse
quelqu’un.
Quand à savoir qui a gagné la
bataille de l’UDI, on répondra que tuer un parti par son incompétence ou par sa
haine (et par l’hubris que tous deux partagent) revient in fine à la même chose
et les deux larrons sont autant responsable l’un que l’autre de la situation
actuelle ce qui ne surprendra que ceux qui veulent être surpris.
Pas si sûr que cette dernière
association leur fasse grand plaisir…
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC