Emmanuel Macron à la Sorbonne |
Emmanuel Macron veut-il, comme il l’a fait en France,
bouleverser le paysage politique européen à l’occasion des prochaines élections
au Parlement européen qui se tiendront en 2019 en s’appuyant sur cette
recomposition à l’œuvre un peu partout où, face à des radicalismes et des
extrémismes souvent couplés avec le populisme démagogique, un axe central plus
ou moins informel, plus ou moins structuré, s’organise?
Selon plusieurs médias dont Le Figaro qui y consacre sa Une
le 14 décembre ainsi qu’une double-page, le président français veut constituer
une force centrale pro-européenne capable d’insuffler un vent de réforme à
Bruxelles et Strasbourg autour de son agenda pour l’UE dont il a dressé les
grandes lignes lors de ses discours d’Athènes et de la Sorbonne à Paris.
Son idée serait de s’appuyer sur le groupe centriste et
libéral du Parlement européen, l’ADLE (Alliance des démocrates et des libéraux
pour l’Europe dont font partie le MoDem et l’UDI) pour créer un grand
rassemblement central à l’instar de LREM en France mais aussi par l’agrégation
de toutes les forces de la droite libérale à la gauche social-libérale qui
veulent un renforcement de l’UE, voire qui militent pour l’introduction d’une
dose plus forte de fédéralisme.
Les difficultés de cette entreprise sont évidemment nombreuses
(comment trouver des convergences assez fortes chez de multiples formations
politiques représentant vingt-sept Etats) mais la création d’En marche! et son
élection qui ont montré à l’Europe et au monde que l’avancée du populisme
démagogique autour des droite et gauche radicales n’étaient pas inexorable,
jouent en sa faveur pour la développer et la mener éventuellement à son terme,
c’est-à-dire un axe central européen uni.
Pour l’instant, ce sont les consultations et des débuts de
tractations qui ont lieu mais plusieurs personnalités politiques européennes se
montrent d’ores et déjà séduites par le projet comme le président de l’ADLE,
Guy Verhostadt qui a déclaré au Figaro, qu’il était «prêt» à se joindre au
président français.
S’il ne souhaite pas «faire exploser le paysage», il se veut
néanmoins «dans l’espoir de nouer une coalition sur un programme à l’image du
discours de Macron à la Sorbonne».
En outre et même si son initiative est moins structurée
qu’il ne l’a prétendu, le député européen socialiste Gilles Pargneaux «souhaite
réunir les élus venus d’horizon politiques différents (…) autour des thèmes
abordés par Emmanuel Macron dans son discours de la Sorbonne »et mettre en
place un «groupe informel» pour soutenir cette vision européenne comme il l’a
expliqué sur la chaîne France TV info.
Plusieurs membres du Parlement européen se sont déjà dits
intéressés par cette proposition ce qui montre, au-delà de sa possible
concrétisation, que les lignes bougent en faveur du président français.
En réponse, le député Vert luxembourgeois Claude Tumès a
déclaré «Je suis prêt
à participer à toute forme de discussion structurée sur le défi auquel font
face les forces pro-européennes».
De son côté, le député espagnol EnriqueCalver-Chambon estime
qu’«un mouvement est en marche» et s’il est «Impossible de parler d’un groupe
solide, en vitesse de croisière», «l’idée et l’initiative sont là».
Quoiqu’il en soit, les rencontres, les discussions et les
initiatives sont en marche, certaines venant de l’Elysée même, ce qui montre
que la volonté est là.
Et, pour tout dire, le projet de réunir un axe central
pro-européen semble une évidence tant aujourd’hui l’Union européenne a besoin
d’un nouveau souffle et d’une nouvelle dynamique face à l’avenir mais aussi
pour contrer ses multiples ennemis tant intérieurs qu’extérieurs.
Rassembler tout ceux qui veulent une Europe unie démocratique
et républicaine fait évidemment sens et ce n’est que dans l’espace central,
avec les centristes en fer de lance, que l’on peut y parvenir en réunissant
toutes les forces de l’axe central.
N’oublions pas qu’en France, Alain Juppé a proposé cette
configuration pour les prochaines européennes et que Emmanuel Macron y est
favorable tout comme François Bayrou, entre autres.
Et ce qui se passe en France est sans doute duplicable dans
plusieurs pays européens.
Restera ensuite à l’appliquer dans le cadre d’un mouvement
trans-européen.
Et si cela sera plus difficile, l’’entreprise ne semble pas
impossible.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC