La victoire sans conteste (près de 75% des voix) de Laurent
Wauquiez lors du scrutin pour désigner le nouveau président de LR acte
définitivement le tournant de droite radicale de cette dernière formation même
si seulement un peu plus de 40% de ses militants encartés a voté, ce qui
constitue malgré tout, selon les observateurs, un bon score de participation au
vu de son délabrement actuel.
La prise en main par l’aile la plus radicale et proche du FN
de LR permet, enfin, la clarification qu’attendaient les centristes qui avaient
cru à l’UMP (sensée réunir droitiste et centriste sur un pied d’égalité) ainsi
que les promesses faites lors de sa transformation en LR.
Plus de doute, ceux qui sont à la tête de LR sont ceux qui
insultent à périodes répétées le Centre et les centristes.
Il y a donc désormais, deux courants principaux à droite qui
s’incarnent dans deux partis bien identifiables.
Le premier est centro-compatible (Agir) et l’autre est
FN-compatible (LR).
Alors même que Wauquiez n’a pas encore pris ses fonctions, déjà
quelques dérapages bien calculés vont dans ce sens comme celui de la future
numéro deux du parti, Virginie Calmels, qui a déclaré que LR refusait
l’alliance avec Marine Le Pen «pour le moment»…
Comme prévu ave ce genre de propos, elle a rectifié le tir
peu après mais avouant seulement une «maladresse» (sic!).
Et l’on sait que ce genre de «maladresses» sont des messages
subliminaux adressés à qui de droit.
Mais qui se plaindra au Centre de cette clarification à part
les opportunistes qui étaient prêts à accepter toutes les dérives droitières de
LR pourvu que les investitures et les strapontins soient au bout du voyage à
Canossa…
Car, tout autant que les centristes ne peuvent s’allier à un
Benoit Hamon à gauche, comment pouvaient-il nous faire croire qu’il était
possible de le faire avec un Laurent Wauquiez à droite?
D’autant que ce dernier n’a pas arrêté au cours de sa
carrière politique de trahir et d’insulter le Centre.
Une de ses dernières sorties a été de prétendre de manière
crapuleuse: «Je n'ai jamais été centriste
mais j'ai succédé au centriste
Jacques Barrot» après avoir juré le contraire au même Barrot.
On a la dignité et la classe qu’on mérite…
Du côté de la direction de l’UDI, on se réveille enfin avec
un Jean-Christophe Lagarde qui affirme que Wauquiez «ne peut pas tenir en même
temps un discours destiné à séduire l’extrême-droite et vouloir attirer les
centristes. Ce n’est pas compatible, et même pas crédible. Nous ne pouvons pas
travailler avec quelqu’un capable de dire tout et son contraire juste pour être
élu.»
Même son de cloche du côté d’Hervé Morin qui déclare, de
manière quelque peu grossière mais exacte, que le personnage «peut vous mentir cent fois et vous le savez.
La cent-unième fois, il peut encore vous baiser».
En revanche du côté
du résidu centriste de LR, les propos ne sont malheureusement pas aussi tranchés.
On a ainsi entendu
un Jean-Pierre Raffarin dire que «Nous observons Macron avec bienveillance,
Wauquiez avec vigilance» mais qui, dans la foulée a déclaré vouloir laisser une
chance au nouveau président de LR qui ne serait pas aussi dangereux que cela
selon lui.
Mais tout n’est pas aussi limpide qu’on pourrait l’espérer.
En effet, il faut rappeler que Laurent Wauquiez, déjà
coupable de moult dérapages inacceptables pour les centristes, a été élu
président de la région Auvergne-Rhône-Alpes grâce à une alliance avec, non
seulement, l’UDI mais aussi le Mouvement démocrate.
Et que l’on sache, celle-ci est toujours en vigueur comme l’a
d’ailleurs confirmé un certain Denis Broliquier, président du groupe UDI au
Conseil municipal de Lyon qui trouve – et il n’est pas le seul – qu’il est «trop
tôt» pour prendre une décision de rupture avec Wauquiez.
Or, en écoutant les propos de tous les leaders centristes,
qu’ils soient au MoDem, au Mouvement radical ou à l’UDI (sans parler évidemment
de ceux de LREM), cette alliance régionale doit cesser le plus rapidement
possible pour qu’ils soient crédibles dans leur indignation.
On attend donc que les 31 élus centristes (22 UDI et 9
MoDem) rompent leur alliance avec Wauquiez maintenant.
Sinon, on ne comprendrait pas.