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Hénart & Pinel lors du congrès de réunification |
Ce sera donc Mouvement radical social-libéral
et non Parti radical.
En se réunifiant, le samedi 9
décembre, les radicaux ont choisi de ne pas reprendre le nom du «plus vieux
parti de France» mais d’être dans la modernité avec les termes «mouvement»,
«social-libéral», tout en gardant celui qui fait qu’ils se réclament d’une même
famille, «radical».
Des retrouvailles célébrées dans
une certaine allégresse mais qui ne manquent pas de poser des questions sur la
solidité de ce nouveau «mouvement» politique et de sa capacité à séduire les
Français, notamment ceux du Centre.
Car si les différences ne sont
pas aussi nombreuses que cela, elles concernent souvent des points importants
comme, par exemple, l’Impôt sur la fortune, détesté du côté des radicaux
valoisiens (de centre-droit) et apprécié du côté des radicaux de gauche (centre-gauche).
De même, devant l’offre politique
actuelle au centre de l’échiquier politique, LREM, MoDem, UDI, Alliance centriste
voire du côté de la droite libérale avec Agir, les radicaux vont avoir du mal à
trouver un espace et à affirmer leurs différences qui feraient que ce seraient
eux et pas les autres que l’électeur choisira.
D’autant que la faiblesse du
radicalisme en France ne vient pas de sa scission en deux courant pendant 45
ans mais bien d’une désaffection progressive des Français pour se parti pilier
de la III° République et qui avait réussi, contre toute attente, à garder une
certaine puissance lors de la IV° République.
Mais la naissance d’un parti
gaulliste puis du PS (avec lequel les radicaux de gauche s’étaient adossés) et
enfin la création de l’UDF (que les radicaux de droite avaient rejoint) autour
de Valéry Giscard d’Estaing avaient montré, après l’épisode Servan-Schreiber,
la difficulté pour le Parti radical d’avoir encore un avenir indépendant.
Et il avait réussi à ne pas
sombrer en offrant sa présidence à Jean-Louis Borloo en 2011, lui qui cherchait
alors un parti pour ses ambitions politiques d’alors.
Mais, en se détachant de l’UMP
auquel il était «associé», le Parti radical n’avait pas trouvé mieux que de se
fondre dans une confédération de centre-droit, l’UDI (créée par Borloo), ce qui
démontrait alors son incapacité à vivre en toute indépendance.
Quant aux Parti radical de
gauche, il n’était plus devenu qu’un appendice du PS avec quelques places
fortes dans le Sud-ouest et qui permettait aux socialistes d’affirmer qu’ils n’étaient
pas seuls et aux radicaux de gauche d’avoir quelques élus et quelques
strapontins ministériels.
Bien entendu, au vu de l’actuel
bouleversement du paysage politique français, la réunification radicale prend
un sens et c’était pour les deux partis radicaux, le moment ou jamais de l’entreprendre.
Reste à savoir si cela suffira, d’autant
qu’il manque chez les radicaux des figures fortes et médiatiquement connus.
Ce n’est pas faire injure de dire
que Laurent Hénart (président du Parti radical) et Sylvia Pinel (présidente du
Parti radical de gauche) qui vont co-présider le nouveau mouvement, n’ont pas l’aura,
ni le charisme d’une Jean-Louis Borloo, d’un Jean-Jacques Servan Schreiber et
encore moins d’un Léon Gambetta, d’un George Clémenceau d’un Edouard Herriot ou
d’un Pierre Mendès France.
C’est sans doute pourquoi une
partie des radicaux espèrent faire venir chez eux l’ancien premier ministre Manuel
Valls, admirateur de Clémenceau et chantre de la laïcité, valeur éminemment radicale.
En attendant, plusieurs membres
des deux partis ont décidé de ne pas suivre le mouvement.
Il s’agit, en général, d’opportunistes
de droite ou de gauche comme Yves Jégo ou Michel Zumkeller, qui avaient trouvé
refuge dans la mouvance radicale mais aussi de militants désorientés.
Pour ces derniers comme pour une
hypothétique «France radicale», le Mouvement radical social-libéral devra faire
preuve de beaucoup de persuasion pour les convaincre qu’il est l’avenir du
radicalisme et, surtout, du pays.
Car si «le radicalisme n’est
soluble dans rien» comme le prétend Laurent Hénart, il est sans doute capable
de disparaître définitivement malgré ses 116 ans d’existence.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC