Après les propos d’Alain Juppé sur la création d’«un grand
mouvement central» allant des réformistes progressistes de droite à ceux de
gauche en passant par ceux du Centre pour les prochaines élections européennes
et sa précision qu’il n’était toutefois pas «en marche», c’est-à-dire dans un
ralliement à Macron, le MoDem et l’UDI ont saisi la balle au bond.
Du côté du Mouvement démocrate, après que François Bayrou
ait qualifié les déclarations du maire de Bordeaux, d’«acte décisif de la
recomposition politique», c’est au tour du délégué général du parti centriste,
Yann Werhling d’affirmer la nécessité d’un «axe central», pas seulement pour
les élections européennes mais «un grand centre pro-européen».
Car, comme il l’a expliqué, «L’Europe est un clivage au
moins aussi pertinent sinon plus que le clivage droite-gauche».
Ces propos ne sont pas une surprise et sont évidemment dans
la droite ligne de la volonté de constituer une grande force centrale dont le
Mouvement démocrate serait le cœur.
Toujours est-il c’est que «face à la clarté mortifère des
extrêmes » et à leur volonté de « repli national », Werhling veut réunir « tous
ceux qui sont connus pour avoir un discours clair sur les questions
européennes ».
« Quand demain un Français mettra son bulletin dans l’urne, a-t-il
poursuivi, il faudra qu’il soit clair que, d’un côté, il y aura à voter pour
ceux qui veulent qu’on aille de l’avant dans la construction européenne et de
l’autre, il y aura un bulletin de vote qui sera pour dire 'on arrête'. »
Du côté de l’UDI, dans une interview à France 2, Jean-Christophe
Lagarde a déclaré, «Je souhaite qu‘un axe central puisse effectivement se
constituer avec cette droite progressiste et le Centre que nous représentons
pour faire en sorte qu‘on puisse faire valoir nos valeurs sans les laisser
dénaturer».
Néanmoins, on voit bien les différences qui existent entre
ces propos et ceux des responsables du MoDem.
Le président de l’UDI semble limiter l’axe central à la
réunion entre une droite modérée et le centre-droit («aux Républicains qui sont déjà partis et ceux qui s'apprêtent à partir,
je dis: nous avons vocation à travailler ensemble») alors que le MoDem veut
vraiment cette force centrale allant des progressistes de droite à ceux de
gauche..
Lagarde, en réalité, plaide à nouveau pour ce grand parti
libéral de droite et du centre où l’UDI aurait le rôle moteur parce que dans un
vrai axe central, la confédération centriste n’aurait qu’un rôle mineur.
Pour autant, c’est une sorte de marche arrière par rapport à
ce qu’il prônait voici quelques semaines encore, c’est-à-dire d’un
rassemblement allant du centre-gauche au centre-droit et incluant la droite et
la gauche modérées.