vendredi 10 novembre 2017

Vues du Centre. Macron l’Européen

Par Aris de Hesselin
 
Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Aris de Hesselin est un avocat international, centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation humaniste. Ses propos sont les siens et non ceux du CREC.

Emmanuel Macron
Dans le combat centriste, la construction européenne tient un rôle central afin de bâtir un espace humaniste de paix, de liberté et de prospérité.
En cela, la volonté sans faille d’Emmanuel Macron pour refonder l’Union européenne et lui donner un nouveau souffle est une très bonne nouvelle.
Même si elle n’est pas toujours appréciée à sa juste valeur en France, elle est souvent louée à l’étranger.
Deux nouvelles preuves, et pas des moindres, viennent le confirmer: un long article du philosophe allemand Jürgen Habermas dans le Nouvel Observateur et une longue enquête (avec la couverture à la clé) du magazine américain Time sur «The next leader of Europe» (le prochain leader de l’Europe).
Bien sûr, Habermas n’est pas centriste (il se revendique social-démocrate) mais il reconnait la profondeur et la qualité du discours du président de la république française en particulier à propos de l’Europe:
«Mais ce ne sont pas ces seules propositions qui distinguent cet homme politique, si différent par sa manière d’être et de faire, sa capacité d’initiative et son discours, de ceux auxquels nous avons été accoutumés. Macron présente trois traits caractéristiques sortant des cadres habituels: son courage à façonner une politique; sa conscience aiguë de la nécessité de transformer le projet européen, jusqu’ici porté par les seules élites, et d’en faire un projet porté par les citoyens, fondé sur une auto-législation démocratique des citoyens; et le fait qu’il croit au poids des mots – une force permettant d’articuler une réflexion – et parvient ainsi à convaincre.»
De même, Time précise que Macron pour être ce leader de l’Europe doit parvenir à gouverner les Français (ce qui pour les étrangers et particulièrement les Américains ne va pas de soi) et qu’il y parvient, il pourrait transformer l’Union européenne, voire le monde:
«Cela pourrait prendre des années avant que le monde ne connaisse l’empreinte exacte d'Emmanuel Macron. Si ses idées se révèlent fausses et si son projet économique de libre-marché échoue à apporter à la France la reprise économique qu’il promet, le populisme agressif qui a agité la France plus tôt dans l'année et qui a mené au Brexit, pourrait faire un retour en force. Mais si Macron a finalement raison, la France pourrait devenir une plus grande puissance mondiale qu’elle ne l’a été dans les dernières décennies. (…) Si Macron réussit à transformer son pays, les ambitions qu’il a pour changer le monde – pas seulement la France – pourraient être à sa portée. Le club, après tout, se cherche un leader».
Emmanuel Macron, un leader plus apprécié à l’étranger que dans son pays comme l’était le président américain Obama?
Cela semble être le cas si l’on en croit un sondage récent d’Odoxa pour Le Figaro et franceinfo (*).
Ainsi, si seulement 44% des Français ont une bonne opinion de lui, c’est en revanche 55% des Européens qui l’apprécient (dont 78% des Allemands, 59% des Espagnols et 53% des Britanniques).

Aris de Hesselin

(*) Sondage auprès de 3022 européens interrogés en septembre 2017 sauf pour les Français interrogés le 31 octobre et le 2 novembre 2017


Actualités du Centre. Etats-Unis – victoires électorales du Parti démocrate

L'âne, emblème du Parti démocrate
Un an, pratiquement jour pour jour, après la défaite d’Hillary Clinton face à Donald Trump, le Parti démocrate a remporté plusieurs élections importantes à travers le pays, mardi 7 novembre, notamment celles pour les postes de gouverneurs de Virginie et du New Jersey.
Au-delà de ces victoires qui étaient prévisible pour celle du New Jersey, attendue pour celle de Virginie mais pas aussi imposante, c’est le rejet de la politique de Donald Trump et le soutien à la politique mise en place par Barack Obama, notamment sa réforme de l’assurance-santé que le Parti républicain veut absolument détruire qui ont été au cœur de la campagne et des résultats.
Petit à petit, beaucoup d’Américains se rendent compte, à la fois, de l’incurie du président des Etats-Unis et de l’incapacité de la majorité républicaine au Congrès de gouverner le pays (pas une seule loi importante n’est pas passée depuis la prise de fonction de Trump) mais aussi de la justesse de la politique centriste de Barack Obama.
Ainsi, de sa réforme de l’assurance-santé qui permet à des millions d’Américains de pouvoir être enfin assurés et à d’autres millions d’avoir une assurance efficace et juste.
Mais aussi de la politique économique suivie par l’ancien président démocrate.
Ainsi, si l’économie américaine est florissante actuellement (près de 3% de croissance, un taux historiquement bas de chômage, une hausse continue Wall Street, un boom immobilier, entre autres), ce n’est absolument pas due à l’action de Donald Trump qui tente de s’en attribuer le mérite à longueur de tweets mais bien par celle de Barack Obama entre 2008 (avec la crise provoquée par la politique républicaine suivie sous la présidence de George W Bush) et 2016 (où tous les fondamentaux étaient au vert).
Tout juste peut-on porter au crédit de Trump que son élection n’est pas provoqué une séisme économique et une crise financière comme le prévoyaient de nombreux économistes…
A un an des élections des «mi-terms» qui vont élire une nouvelle Chambre des représentants et un tiers des sénateurs, les démocrates reprennent espoir de pouvoir à nouveau contrôler le Congrès ce qui serait une très mauvaise nouvelle pour le président (à propos d’une procédure de destitution notamment si le scandale de ses liens avec le régime de Poutine grossit comme cela risque d’être le cas).
Même si cela n’est pas encore fait et sera sans doute très difficile, les victoires de mardi ont montré que les banlieues, traditionnellement républicaines (face aux villes traditionnellement démocrates) ont voté pour les candidats démocrates dans une alliance entre les électeurs blancs aisés de la classe moyenne et ceux des minorités ethniques.
Si cela se confirme lors de prochains scrutins, c’est toute la base électorale républicaine qui pourrait s’effondrer dans de nombreux Etats.
Reste maintenant au Parti démocrate à régler ses problèmes internes, à savoir si c’est son aile centriste ou son aile gauchiste qui sera aux commandes.
D’autant que chacune d’entre elles peut revendiquer les bons résultats du 7 novembre…