Le feuilleton Les constructifs
tournent à la mauvaise comédie de boulevard avec les portes qui claquent mal,
les phrases assassines qui n’assassinent rien, les quiproquos ridicules et les
farces lamentables.
Sans oublier les bêtises
proférées sans le faire exprès par les acteurs de ce mauvais vaudeville.
Tous ont en sorti, de
Jean-Christophe Lagarde à Thierry Solère en passant par Hervé Morin ou Franck
Riester.
Mais, comme souvent en pareille
occasion, Philippe Vigier se surpasse afin d’obtenir la palme en la matière.
Toujours aussi capable de défendre
aujourd’hui ce qu’il attaquait hier et inversement, de dire tout et son contraire
et de ne plus savoir très bien où il est.
Exemple, dans le quotidien Le
Monde qui se prend soudainement d’une certaine affection pour l’UDI
(puisqu’elle est contre Macron…), l’ancien président du groupe à l’Assemblée
nationale de la formation présidée par Jean-Christophe Lagarde, se met à rêver
de d’une confédération des centres ainsi que le rapporte le quotidien en ces
termes:
«M. Lagarde, qui rêve
de créer une fédération du centre et de la droite, les a pressés d’agir. ‘S’ils
ne le font pas rapidement, on va le faire à leur place. L’UDI peut incarner le
centre et la droite modérée’, menace le président de l’UDI, rejoint par M. Vigier.
Ce dernier réfléchit tout haut à une ‘confédération des centres’, qui pourrait
rassembler, selon lui, ‘des membres de l’UDI, du MoDem, des radicaux ou des LR
constructifs en rupture de ban’. ‘Je veux réunir tous les centristes qui ne
sont pas en marche’, résume-t-il».
Seul problème: il oublie qu’il
est déjà membre d’une confédération des centres qui s’appelle… l’UDI!
Pour sa défense, c’est vrai que
l’UDI est de plus en plus une coquille vide (elle ne devrait bientôt ne plus
rassembler que la FED de Lagarde et Les centristes de Morin) et un cartel
d’élus en quête d’une place sur l’échiquier politique à monnayer auprès de LR
(et l’UMP auparavant).
Mais les propos de Philippe
Vigier visent surtout à dézinguer Les constructifs de LR qui ne seraient pas
assez anti-Macron à son goût:
«Les Constructifs de
LR, c’est les LREM, les Républicains en marche!»
Et selon lui, les lignes
politiques entre ceux-ci et l’UDI sont «diamétralement opposées» car «d’un
côté, il y a les ultra-macronistes, qui sont les LR sans domicile fixe et en
lévitation. De l’autre, il y a les UDI. Nous, on tient bon et on défend nos
convictions, sans bouger au gré du vent. Solère et Riester sont
ultra-minoritaires. Ils sont alignés sur Macron, ce qui pose un problème
existentiel.»
Bigre, voilà un homme
politique qui se dit centriste qui estime que cela lui pose un «problème
existentiel» que ses «alliés» de droite soient trop… centristesl
Tout ceci est assez comique mais
s’explique assez facilement.
D’une part, le seul espace
politique qui peut permettre à l’UDI d’exister au-delà de son délabrement
actuel est une opposition de droite à Macron puisque la confédération centriste
(si, si monsieur Vigier, c’en est une!) n’a pas voulu rejoindre la majorité
présidentielle.
Dès lors, tout en prétendant être
d’accord globalement avec le nouveau chef de l’Etat, tout est bon pour le
critiquer et critiquer ceux qui le suivent ou sont d’accord avec lui.
D’autre part, il ne faut pas oublier
que Vigier est un proche d’Hervé Morin et qu’il fait partie de la même
formation politique que lui, Les centristes, membre de la confédération
centriste (si, si monsieur Vigier) qu’est l’UDI.
Or, Morin plaide pour la
constitution d’un parti de droite libérale avec des LR qui y sont encore membres
comme Valérie Pécresse, Marc-Philippe Daubresse, Florence Portelli ou Maël de Calan
et non avec Les constructifs.
Philippe Vigier s’est fait
recadrer par Jean-Christophe Lagarde qui a parlé d’«analyse très personnelle»
et certains de ses collègues de l’UDI comme celui-ci qui estime que le député
d'Eure-et-Loir n’a toujours pas digéré d’avoir été écarté de la coprésidence
du groupe Les constructifs à l’Assemblée nationale alors qu’il était le président
du groupe UDI.
Quoiqu’il en soit, l’UDI et Les
constructifs continuent leur chemin de croix afin de trouver réellement à quoi
ils servent actuellement.
Car si Lagarde estime de manière assez bizarre que la «cohérence»
entre les membres UDI et LR de Les constructifs «c'est la liberté» qui se
manifeste par «des valeurs communes» mais qui «s'incarnent dans des votes différents»
(sic!), ni Macron, ni LR n’ont besoin aujourd’hui d’eux pour gouverner ou s’opposer.
Et c’est sans doute cela votre vrai problème existentiel,
monsieur Vigier.
Centristement votre
Le Centriste