mercredi 25 octobre 2017

Vues du Centre. L’UDI, en dehors et en dedans, «en même temps»!

Par Jean-François Borrou



Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.

Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un journaliste proche des idées centristes.



La «tribune» publiée par Jean-Christophe Lagarde dans le Huffington Post (qui est devenu un des médias les plus critiques du pouvoir en place), est, à bien des égards, symptomatique d’un parti comme l’UDI qui ne sait plus très bien où il est et qui, pour ne pas tomber dans un trou sans fond, a décidé de jouer sur tous les tableaux puisque, forcément, un de ceux-ci sera gagnant…

Cette posture politicienne reprochée tant de fois aux centristes est remise à l’ordre du jour sans aucune gêne par la confédération centriste et principalement son président.

Ainsi, dans cette tribune, Lagarde nous annonce que le budget est un bon budget mais qu’il ne le votera pas parce qu’il est un… mauvais budget!

On pourrait se moquer de la dialectique primaire utilisée par le président de l’UDI si elle ne montrait sa vision opportuniste de la politique afin de faire exister son parti, donc lui-même qui en est à sa tête.

Alors que Lagarde reproche à Macron d’être de gauche et de droite «en même temps», lui et l’UDI, sont, «en même temps» dedans et dehors…

Pas sûr que les électeurs de l’UDI s’y retrouvent.

Quant aux militants, ceux qui sont restés, beaucoup ne semblent pas troublés outre mesure par les contradictions du discours du parti (ou, en tout cas, de son chef).

Détaillons cette fameuse dialectique dont je viens de parler.

Comme de normal dans ce genre d’exercice, on commence par féliciter celui que l’on va critiquer.

Ainsi, pour Lagarde, «Ce budget est d’abord le plus honnête depuis 15 ans. (…) C’est aussi un budget qui affirme une vraie stratégie économique. (…) Ce budget traduit des orientations intéressantes en matière de rétablissement de l’ascenseur social. (…) Enfin, sur le plan fiscal, la volonté d’afficher une trajectoire lisible, stable et donc prévisible, ce que nous demandons depuis des années, était indispensable et peut contribuer à faire revenir la confiance des entrepreneurs comme des consommateurs.»

Mais alors «Pourquoi donc ne pas voter ce budget qui présente d’évidentes qualités que n’ont jamais eu ses prédécesseurs?» avec des mesures que «nous réclamons depuis quinze ans».

Et là, petite parenthèse, on rappelle que Lagarde est député depuis quinze ans et qu’il a voté les budgets de Nicolas Sarkozy et même certains de Chirac qui donc té encore moins bons ou plus mauvais que celui-ci!

Laissons-lui la parole pour s’expliquer.

Et bien «Parce que ‘en même temps’ ce budget est entaché d’erreurs, voire de fautes, qui auraient pu, qui auraient dû être corrigées.»

Celles-ci sont, in fine, très minimes en réalité et ne concernent essentiellement que les finances locales et l’absence de TVA sociale mais qu’à cela ne tienne.

Car, en définitive, «Nous nous abstenons donc majoritairement sur ce budget qui présentait pourtant des qualités inédites. Car ces 4 erreurs principales auraient pu être évitées si la majorité savait écouter autre chose qu’elle-même, comme elle le prétendait avant les élections. En cela, cette majorité du ‘nouveau monde’ ressemble déjà cruellement à celles de ‘l’ancien monde’. Celles qui ont toutes échoué en croyant toujours avoir raison seules. Car, pour un pouvoir, penser avoir toujours raison est bien le début de la déraison.»

En fait, si l’on comprend Lagarde, c’est surtout parce qu’il n’a pas été écouté qu’il ne votera pas le budget pas parce qu’il est mauvais…

Voilà une manière très «ancienne» de faire de la politique.

Surtout d’être uniquement dans une réaction puérile, indigne des fonctions électives des élus UDI, où l’on ne vote pas quelque chose parce qu’on n’a pas été gentil avec vous.

Mais, in fine, les députés de la confédération centriste veulent surtout être dehors (en ne votant pas le budget qui généralement est l’indication que l’on n’est pas dans la majorité présidentielle) tout en étant dedans (parce que ce budget, quoi qu’ils en disent, est centriste).

On a bien compris qu’ils pourront ainsi affirmer que ce budget est bon s’il donne des résultats et qu’il est mauvais s’il faillit.



Jean-François Borrou