L’expression «avoir un enfant» ne désigne pas le fait de
posséder bientôt un petit être humain mais bien de le mettre au monde et
d’avoir la responsabilité, en lui donnant la vie, de le protéger et de
l’accompagner dans son existence pour faire de lui une personne qui pourra se
réaliser du mieux possible, dans la meilleure harmonie et le meilleur équilibre
possible.
Cette mission, la plus belle de toute, s’inscrit dans ce
qu’est la nature humaine et dans ce que l’on appelle les droits de l’enfant.
Ces derniers qui se sont développés notamment par
l’élaboration de la Convention internationale des droits de l’enfant adoptée le
20 novembre 1989, ressortent de cette «aide et de cette assistance spéciales»
dont doit bénéficier l’enfance afin de permettre «l’épanouissement harmonieux»
de «la personnalité» de tous les enfants.
Tout cela concoure à développer un humanisme qui est bien
sûr et en outre à la base de la pensée centriste et défendue par tous les
centristes.
Tout autre est le «droit à l’enfant» qui s’est développé ces
dernières décennies parallèlement et qui est né de la revendication des couples
à pouvoir avoir un enfant quel que soit leur condition au nom d’une volonté
toute puissante où l’intérêt de l’enfant n’apparait nul part.
Cette demande émanait d’abord de couples hétérosexuels qui
ne pouvaient enfanter naturellement et qui devaient passer, soit par
l’adoption, soit par des techniques nouvelles regroupées sous le terme de PMA
(procréation médicalement assistée).
Plus récemment, ce droit à l’enfant a été réclamé par les
couples homosexuels et la loi votée en 2013 permet, dorénavant, l’adoption
d’enfants par ceux-ci même si aucune étude n’a démontré l’absence de problèmes
psychologiques pour un enfant d’avoir deux parents du même sexe.
Il semble que bientôt la PMA sera ouverte également aux
couples homosexuels français, ce qu’Emmanuel Macron avait promis lors de sa
campagne électorale.
Faut-il s’en émouvoir si l’on considère que cette mesure
sera une nouvelle avancée du droit à l’enfant mais pas du droit de l’enfant?
Oui, si l’on estime que le «droit à l’enfant» peut être
comparé à une demande consumériste où l’enfant est plus un objet de désir qu’un
sujet qui s’appartient.
Oui, si l'on estime qu'il n'y a aucune justification à ce que la vie d'un être humain (l'enfant) entre dans la problématique d'une personne ou d'un couple qui est injustement pénalisé par la nature par son infertilité ou son orientation sexuelle, dans une vision où cette vie servirait en quelque sort à «réparer» cette injustice.
Ici l’avoir vient chambouler l’être en le réduisant à peu de chose.
Bien entendu, dans le cas d’un couple hétérosexuel qui
décide d’avoir un enfant, il est impossible de savoir quelles sont ses
motivations profondes.
S’agit-il de mettre en pratique son «droit à l’enfant» ou de
vouloir donner la vie à un être humain pour la plus belle aventure qu’est d’être
parent afin de l’accompagner dans son existence?
Et, dans le sens inverse, le droit à l’enfant réclamé par
les couples infertiles ou homosexuels ne peur être réduit uniquement à une
demande égoïste et égocentrique.
Sans oublier, qu’un couple homosexuel peut être de bien
meilleurs parents qu’un couple hétérosexuel.
Pour autant, on se saurait passer sous silence une des
motivations premières qui a guidé les associations homosexuelles à réclamer ce
droit à l’enfant: avoir les mêmes droits que les hétérosexuels.
Ici, rien qui ne met en avant l’enfant prioritairement,
juste une volonté d’une égalité, en l’occurrence fabriquée et non naturelle ou
naturellement légitime.
Il faut bien comprendre que le point de vue humaniste ne
peut se contenter de l’argument égalitariste alors même qu’il s’agit de la vie
d’un être humain.
In fine, d’ailleurs, ce n’est pas le fait qu’un couple
homosexuel ait un enfant par adoption ou PMA qui est le cœur du débat et même
du problème (si cela ne perturbe pas l’enfant) mais l’existence même de cette
revendication à pouvoir avoir un droit sur la conception d’un être humain au
seul motif d’une égalité fabriquée qui s’auto-justifie elle-même.
Sans doute que l’on peut trouver des arguments convaincants
pour ce qui est de l’adoption, un enfant étant toujours mieux dans un milieu
familial stable et harmonieux que dans une institution quelconque.
En revanche, ils le sont nettement moins pour un enfant
virtuel, puisque celui-ci n’existe pas avant la mise en route de la méthode de
procréation.
Ici, il ne s’agit pas d’offrir mieux à un enfant qui est
déjà né mais de mettre en route un projet où l’enfant risque de n’être qu’un
objet de désir.
Ce qui est pour tous ceux qui mettent l’enfant d’abord, une
régression humaniste évidente.
D’autant qu’après l’autorisation de la PMA pour les couples
homosexuels, on sait que la prochaine revendication des associations qui les
représentent et les défendent sera la GPA, la gestation pour autrui où le «droit
à l’enfant» entre inexorablement dans l’univers marchand, comme cela a été
constaté dans tous les pays qui l’autorisent.
Et là, pour tous les humanistes, la ligne rouge sera
franchie que cela concerne les couples hétérosexuels ou homosexuels.
Enfin et surtout, tout humaniste doit s’appuyer sur l’intérêt
de l’enfant, sur cette personne qui, non seulement, ne peut pas se défendre
toute seule – encore plus l’enfant à naître – mais représente le fondement même
de l’Humanité et de son devenir.
Quand on ne respecte pas un enfant, on ne respecte rien.