François Bayrou & Emmanuel Macron |
Pour qui sait lire entre les lignes, les confidences de
Bayrou au Point, magazine particulièrement anti-Macron et La République en
marche, montre qu’il n’a pas encore digéré de ne pas avoir été nommé premier
ministre puis d’avoir été mis dehors du gouvernement et qu’il s’apprête à combattre
l’hégémonie du parti présidentiel au centre de l’échiquier politique.
Toujours empêtré dans l’affaire des assistants parlementaires
européens du Mouvement démocrate, celui qui a du quitter son poste de ministre
de la Justice et de numéro trois du gouvernement à la dent assez dure envers le
président de la république et sa majorité, notamment Edouard Philippe, le
premier ministre, mais aussi le chef de celle-ci à l’Assemblée nationale, Richard
Ferrand, tout en tentant de se poser en rassembleur du Centre alors même que
LREM occupe la place de premier parti centriste du pays.
Prétendant qu’il parle très souvent avec Macron, il estime,
néanmoins, que si «une très grande partie de l'opinion publique fait crédit à Macron,
de sa nouveauté, de sa bonne volonté», ce «climat de bienveillance» n'est
pourtant pas «une preuve d'engagement»
Quant au gouvernement d’Edouard Philippe, il affirme qu’il
fait preuve d’un «amateurisme» et que cela «le préoccupe» car «l'opinion ne
voit pas clairement la direction, le but, que l'on se fixe».
Et d’enfoncer le clou en prétendant sans en apporter de
preuves que c’est la haute administration qui gouverne la France et pas les
ministres:
«C'est un fondement démocratique que d'avoir un gouvernement
de plein exercice. Il doit mêler des expériences différentes, des membres de la
société civile comme des poids lourds politiques, mais il est important que ce
soient eux qui dictent la ligne à l'administration de Bercy ou aux autres grands
corps de l'État. Aujourd'hui, c'est là qu'il y a une difficulté : les hauts
fonctionnaires semblent avoir plus de poids que par le passé».
Or c’est justement le contraire qu’avait promis Emmanuel
Macron!
Tout en ressassant le passé, il déclare pourtant «vouloir
entièrement (se) projeter vers l'avenir, avec un MoDem dans la majorité mais
indépendant».
Et sa tâche est de créer un grand
parti du Centre, comme le veut son concurrent Jean-Christophe Lagarde, le
président de l’UDI mais, surtout, comme l’est LREM.
Ainsi, selon Le Point, il pense
qu’«il est impératif de définir les lignes d’un nouveau parti» car «personne
d’autre que nous ne portera le message de la démocratie humaniste, indispensable
aujourd’hui à la majorité».
Et de poursuivre: «Nous sommes
l’un des plus grands courants de la vie politique française, celui qui a fait
l’Europe. C’est notre intransigeance, celle du MoDem, qui a permis cela».
Et pour ceux qui savent toujours
lire entre les lignes, cela signifie que François Bayrou ne fera plus aucun
cadeau à Emmanuel Macron, si tant est qu’il lui en a fait.
Dès lors, il pourrait bien
devenir pour le président de la république cet allié ingérable que lui prédisaient
certains.